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Quel terrible Mané-Thékél venez-vous prononcer!.. Communisme pour base! Partage des terres pour force! Gomment, Monsieur, ne vous êtes-vous pas effrayé vous-même en proférant ces paroles?

Ne tallait-il pas s'arrêter, approfondir, ne pas lâcher la question, avant de vous être convaincu si c'était là une vérité ou un rêve?

Gomme s'il y avait d'autres études, d'autres questions sérieuses au XIXe siècle, que la question communiste, que la question du partage des terres!

Entraîné par votre indignation, vous continuez: «Il leur manque (aux Russes) l'attribut essentiel de l'homme, la faculté morale, le sens du bien et du mal. Le vrai et le juste n'ont aucun sens pour eux; parlez-en, ils restent muets, ils sourient, ils ne savent ce que vous voulez dire». Quels sont donc ces Russes, Monsieur, auxquels vous avez parlé; ou bien quelles sont ces notions du juste et du vrai que les Russes ne puissent pas comprendre? Car dans un temps si profondément révolutio

Les peuples, Monsieur, sont des produits de la nature; l'histoire n'est qu'une continuation progressive du développement animal. Nous n'avançons guère en envisageant la nature au point de vue approbatif ou improbatif; elle ne s'attend ni au prix Month yon, ni à un verdict de culpabilité. Ces catégories étiques ne la saisissent pas; tout cela est trop subjectif pour elle. Il me semble qu'en général les peuples ne sont ni totalement bons, ni foncièrement mauvais; les peuples sont toujours vrais; le peuple-mensonge n'existe pas. La nature ne produit que ce qui est réalisable selon les conditions do

Certains peuples peuvent avoir une existence antéhistorique, d'autres une existence extrahistorique, mais tous, une fois entrés dans le grand courant de l'histoire une et indivisible, appartie

Il n'y a pas d'homme assez aveugle ou assez ingrat pour ne pas comprendre le rôle immense que joue la France dans les destinées du monde européen; mais, permettez-moi, Monsieur, d'avouer qu'il m'est impossible d'admettre avec vous, que la France soit une condition absolue, sine qua non, pour la marche de l'histoire.

La nature ne joue jamais son avoir sur une seule carte. Rome, la ville éternelle, qui avait des titres tout aussi justes à l'hégémonie universelle, pâlit, se décomposa, s'éteignit, et l'humanité inhumaine passa outre.

D'un autre côté, il me serait difficile, sans taxer toute la nature d'absurdité et de démence, d'accepter comme une race maudite, comme un mensonge, comme une juxtaposition d'êtres qui ne sont pas hommes mais qui en ont toute la crapule, une nation qui s'est formée pendant dix siècles, qui a obstinément persisté à sauver sa nationalité, qui s'est soudée en un grand empire, et qui se mêle à l'histoire, beaucoup plus peut-être qu'il ne le faudrait.

Et tout cela m'est d'autant plus incompréhensible que la nation en question n'est nullement statio





Après tout, Monsieur, que reprochez-vous au peuple russe? Quel est le fond de votre accusation?

«Le Russe, dites-vous, ment, vole, ment toujours, vole toujours, et cela i

Je ne m'arrête pas, Monsieur, à la trop grande généralité de cette observation, mais je voudrais pouvoir vous poser cette simple question: qui donc est le trompé, le volé, le dupé? Eh, mon Dieu, c'est le seigneur, c'est l'employé de l'Etat, c'est l'intendant, c'est le juge, c'est l'agent de police, en d'autres termes, les e

Le paysan russe avec son horreur pour la propriété territoriale, comme vous l'avez très bien remarqué, le paysan, dis-je, nonchalant, insouciant par nature, s'est vu, peu à peu et sans bruit, pris dans les filets de la bureaucratie allemande et du pouvoir seigneurial. Il a subi ce joug dégradant, avec une passivité désespérante, j'en conviens, mais il n'a jamais ajouté foi ni aux droits du seigneur, ni à la justice du tribunal, ni à l'équité de l'administration. Depuis bientôt deux siècles, toute son existence n'est qu'une opposition sourde, négative, à l'ordre actuel des choses; il endure l'oppression, il la souffre, mais il ne trempe en rien dans ce qui se fait en dehors des communes rurales.

L'idée du tzar exerce encore un prestige sur les paysans; ce n'est point le tzar Nicolas que le peuple vénère, c'est une idée abstraite, un mythe, c'est une Providence, c'est un vengeur, c'est un représentant de la justice dans l'imagination populaire.

Après le souverain, le clergé seul pourrait avoir une influence morale sur la Russie orthodoxe. Le haut clergé représente uniquement dans le gouvernement la vieille Russie; le clergé ne s'est jamais rasé la barbe; par cela même il est resté du côté populaire. Le peuple a confiance dans les paroles d'un moine. Cependant les moines et le haut clergé, tout voués qu'ils se disent aux intérêts d'outre-tombe, ne se préoccupent guère du peuple. Le «pope» a perdu toute influence à force de cupidité, d'ivrognerie et de iations intimes avec la police. Ici encore, le peuple estime l'idée et non l'homme.

Quant aux sectaires, ceux-là détestent l'idée et l'homme, le tzar et le pope.

En dehors du tzar et du clergé, tous les autres éléments de la société et de l'administration restent complètement étrangers, radicalement hostiles au peuple. Le paysan est mis, littéralement, hors la loi; la justice se garde bien de le protéger, et toute sa participation à l'ordre existant se borne au double impôt qui l'écrase: l'impôt du sang, l'impôt de la sueur. Aussi, pauvre déshérité, comprend-il instinctivement qu'on le gouverne non pour lui mais contre lui, que le problème entier du gouvernement et des seigneurs ne consiste qu'à lui extorquer le plus de travail, et le plus d'argent possible. Comprenant cela, et doué d'un esprit délié, subtil, il les trompe tous et partout. Il n'en saurait être autrement, car s'il leur disait la vérité, cela serait déjà de sa part une sanction, une acceptation de leur pouvoir et s'il ne les volait pas (remarquez bien que l'on accuse le paysan de vol quand il cache une partie du produit de son travail), il reco

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Hégel. Œuvres posthumes.