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Il devint soumis, flatteur. C'était triste de voir ce lutteur audacieux, cet ouvrier infatigable, qui avait su traverser les temps les plus difficiles, sans déserter son poste, transiger avec ses e

Polévoï sentait sa chute, il en souffrait, il devint abattu. Il voulait même sortir de sa fausse position, se justifier, mais il Q'en avait pas la force et il se compromettait ainsi auprès du gouvernement sans rien gagner vis-à-vis du public. Sa nature plus noble que sa conduite ne pouvait supporter longtemps cette lutte. Il mourut bientôt, laissant ses affaires dans un désarroi complet. Toutes ses concessions ne lui ont rien apporté.

Il y eut deux continuateurs de l'œuvre de Polévoï, Sénkofski et Béli

Sénkofski, Polonais russifié, orientaliste et académicien, a été un écrivain plein d'esprit, grand travailleur, sans aucune opinion, à moins d'appeler opinion un profond mépris des hommes et des choses, des convictions et des théories. Sénkofski fut le véritable représentant du pli que l'esprit public avait pris depuis 1825, un vernis brillant mais glacé, un sourire de dédain qui cachait souvent un remords, une soif de jouissance aiguillo

Béli

Sénkofski fonda sa revue comme on fonde une entreprise commerciale. Nous ne partageons pas cependant l'avis de ceux qui voyaient en elle une tendance gouvernementale. Elle fut lue avec avidité dans toute la Russie, ce qui n'est 'jamais arrivé à un journal ou à un livre écrit dans les intérêts du pouvoir.L'Abeille du Nord protégée par la police, n'a fait une exception à cette règle qu'en apparence, c'était la seule feuille politique et non officielle qui fût tolérée, ce qui explique sa vogue; mais dès que les journaux officiels ont eu une rédaction supportable, l’Abeille du Nord a été délaissée par ses lecteurs. Il n'y a pas de gloire, de réputation qui ait pu supporter le contact mortel et avilissant du gouvernement. Tous ceux qui lisent en Russie détestent le pouvoir; tous ceux qui l'aiment ne lisent pas ou ne lisent que des futilités françaises. Pouchkine, la plus grande illustration russe a été délaissé quelque temps pour un compliment qu'il a fail à Nicolas, après le choléra, et pour deux poésies politiques. Gogol, l'idole des lecteurs russes, tomba tout à coup dans le plus profond mépris pour une brochure servile. Polévoï s'éclipsa le jour où il fit alliance avec le gouvernement. On ne pardo

Sénkofski parlait avec mépris du libéralisme et de la science, mais en revanche, il n'avait de respect pour rien. Il s'imaginait être éminemment pratique, parce qu'il prêchait un matérialisme théorique, et, comme tous les théoriciens, il a été dépassé par d'autres théoriciens beaucoup plus abstraits, mais qui avaient des convictions ardentes, ce qui est infiniment plus pratique et plus près de l'action que la practologie.

Ridiculisant tout ce qu'il y a de plus sacré pour l'homme, Sénkofski, sans le vouloir, détruisait dans les esprits le monarchisme. Prêchant le confort, les joies sensuelles, il amenait les hommes à la pensée très simple qu'il est impossible de jouir en pensant continuellement aux gendarmes, aux dénonciations et à la Sibérie, que la peur n'est pas confortable, et qu'il n'y a pas d'homme qui puisse bien dîner s'il ne sait pas où il couchera.





Sénkofski était de son temps; en balayant à l'entrée d'une nouvelle époque, il mêlait des objets de valeur avec la poussière, mais il déblayait le terrain pour un autre temps qu'il ne comprenait pas. Il le sentait lui-même, et, dès que quelque chose de nouveau et d'énergique eut percé dans la littérature, Sénkofski plia ses voiles, et s'effaça bientôt complètement.

Sénkofski avait été entouré d'un cercle de jeunes littérateurs qu'il perdait en corrompant leur goût. Ils introduisirent un genre qui paraissait brillant à la première vue et frelaté à la seconde. Poésie de Pétersbourg, ou mieux encore de Vassileiostrov[10], il n'y avait rien de vivant, de réel dans les images hyst'riques qu'évoquaient les Koukolnik, les Bénédiktoff, les Timoféïeîf etc. De pareilles fleurs ne pouvaient s'épanouir qu'aux pieds du trône impérial et à l'ombre de la forteresse de Pierre et Paul.

A Moscou, la revue qui remplaça le Télégraphe supprimé fut le Télescope; cette revue n'a pas eu autant de longévité que celle qui l'avait précédée, mais sa mort fut des plus glorieuses. Ce fut elle qui inséra la célèbre lettre deTchaadaïeff. La revue fut immédiatement supprimée, le censeur mis à la retraite, le rédacteur en chef exilé a Oust-Syssolsk. La publication de cette lettre fut un événement des plus graves. Ce fut un défi, un signe de réveil; elle rompit la glace après le 14 décembre. Enfin, il vint un homme dont l'âme débordait d'amertume; il trouva une langue terrible pour dire avec une éloquence funèbre, avec un «aime accablant tout ce qui s'était accumulé d'acerbe, en dix a

Sans être d'accord avec Tchaadaïeff, nous comprenons parfaitement la voie qui l'a conduit à ce point de vue noir et désespéré; d autant plus, que jusqu'à présent les faits parlent pour lui et non contre lui. Nous croyons; et lui, il n'a qu'a montrer du doigt; uous espérons, et il lui suffit d'ouvrir un journal pour prouver qu'il raison. La conclusion à laquelle arrive Tchaadaïeff ne peut soutenir aucune critique, et ce n'est point là qu'il faut chercher l'importance de cette publication; c'est par le lyrisme de son indignation austère qui secoue l'âme et la laisse longtemps sous une impression pénible, qu'elle conserve sa signification. On a reproché à l'auteur sa dureté, mais c'est elle qui fait son plus grand mérite. On ne doit pas nous ménager; nous oublions trop vite notre position, nous sommes trop habitués à nous distraire entre les murs d'une prison.

Un cri de douleur et de stupéfaction accueillit cet article il effraya, il blessa même ceux qui en partageaient les sympathies, et pourtant il n'avait fait qu'énoncer ce qui agitait vaguement l'âme de chacun de nous. Qui de nous n'a pas eu ces moments de colère, dans lesquels il haïssait ce pays qui n'a que des tourments pour réponse à toutes les aspirations généreuses de l'homme, qui se hâte de nous réveiller pour nous appliquer la torture? Qui de nous n'a pas désiré de s'arracher à tout jamais de cette prison qui oceupe le quart du globe terrestre; à cet empire monstre où chaque commissaire de police est un souverain et le souverain un commissaire de police couro

10

Une sorte de Quartier Latin, centre d'habitation des hommes de tres et d'artistes, inco