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Il sortit sans répondre.

— Amenez l’autre, dit-il à un garde de faction dans le couloir.

Justin agrippa l’accoudoir du fauteuil. Il était en sueur et avait des vertiges ; des flashes de l’appartement d’Ari se superposaient à sa vision de cette pièce, mais il entendait des portes claquer, des gens crier dans le lointain, des bruits de pas qui se rapprochaient. Grant, espérait-il. Il priait le Ciel de voir arriver son ami avant le tech muni d’un pistolet hypodermique.

9

Ils suivaient le trottoir et Ari se comportait toujours en azie. Elle calquait son attitude sur celle de Florian et de Catlin et adressait des signes de tête aux passants, sans ralentir le pas.

Ils n’étaient pas les seuls enfants. Les plus jeunes les saluaient, avec respect. Ils virent un groupe de bambins vêtus de bleu qui se tenaient par la main, derrière une grande fille en rouge.

— Nous arrivons dans la section bleue, déclara Florian quand ils croisèrent un autre chapelet de gosses. C’est ici que résident les tout-petits. À cinq ans, je vivais là.

Ils passèrent entre des bâtiments, toujours plus loin de la route qui traversait la Ville.

Ils avaient vu les Baraquements verts – de l’extérieur, car Catlin pensait qu’ils n’auraient pu y entrer sans devoir justifier leur présence –, le terrain de manœuvre et la zone industrielle. Ils s’étaient avancés jusqu’aux portes de la filature, de la forge et du moulin.

Les pa

Le bâtiment qu’ils atteignirent peu après était démesuré, plus grand que les moulins, et il se dressait à la limite de l’agglomération. Il n’y avait au-delà que des champs et des clôtures qui s’éloignaient jusqu’aux Falaises du Nord et aux tours de précip.

Ils s’arrêtèrent à la bordure de la Ville pour regarder des azis qui désherbaient le sol, assistés par des porcs-renifleurs.

— Est-ce qu’il y a des platythères, par ici ? demanda Ari. En avez-vous déjà vu ?

— Pas moi, répondit Florian. Mais on en trouve là-bas.

Il désigna le point où le fleuve venait effleurer les falaises.

— Il arrivent de cette direction. Ils défoncent les murs de béton, mais ça les arrêtec pour le moment.

Elle suivit la clôture du regard, jusqu’à la Novaya Volga, avant d’étudier l’énorme bâtisse. Elle remarqua de grosses créatures dans un enclos éloigné.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Des vaches. On les parque à l’extérieur pour qu’elles puissent se nourrir. Venez. Il y a plus intéressant.

— C’est dangereux, Florian, déclara Catlin.

— Qu’est-ce qui est dangereux ? voulut savoir Ari.

Il les guida vers une entrée latérale. L’intérieur du bâtiment était plongé dans la pénombre et l’air avait une odeur bizarre, à la fois agréable et désagréable. Autour de la partie centrale en terre battue ils voyaient ce que Florian appelait des mangeoires et des stalles. Une chèvre occupait un de ces boxes.

Ari s’avança pour l’étudier de plus près. Elle avait déjà vu des chèvres et des porcs, mais toujours de très loin car elle ne pouvait sortir de la Maison. L’animal aux poils blancs et marron leva ses yeux bizarres vers Ari, et elle eut l’étrange impression qu’il s’interrogeait à son sujet, qu’il était encore plus vivant et intelligent qu’un AI.

— Venez, murmura Catlin. Venez, on peut nous voir.

Elle les suivit. Florian passa sous une clôture, franchit une porte, traversa un réduit obscur et sortit au-dehors. Le brusque contraste entre la pénombre et la clarté du jour la fit ciller.

Ils avaient devant eux un enclos occupé par un animal dont la vision lui rappela certaines bandes : des bandes de la Terre, des bandes narratives dont l’action se déroulait dans un lointain passé.

— Je vous présente Cheval, dit Florian.

Il grimpa sur la barre inférieure de la barrière et s’accouda à celle du haut.

Ari fit de même et Catlin vint se jucher près d’elle. Elle se contenta de regarder le cheval, le cœur battant.

Il he

— Attendez, dit Florian.

Il sauta de la clôture, retourna à l’intérieur du bâtiment et revint avec un seau. Cheval dressa les oreilles, vint vers lui et étira le cou au-dessus de la barre supérieure pour manger le contenu du récipient.





Ari grimpa plus haut sur la barrière et tendit la main, afin de caresser la robe de l’animal. Son odeur était puissante, et son poil poussiéreux. C’était une bête très forte. Solide et chaude, comme Ollie.

— A-t-il une selle et une bride ? s’enquit-elle.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Florian.

— Ce qui permet de se tenir sur son dos.

L’azi parut déconcerté, pendant que Cheval piaffait, la tête toujours plongée dans le seau.

— Se tenir sur son dos, sera ?

— Va te placer dans un angle.

Florian obéit, et Cheval le suivit. Il se retrouva au ras de la clôture et Ari grimpa sur la barre supérieure puis sauta, pour retomber à califourchon sur le dos de l’animal.

Qui fit un écart. Elle agrippa sa crinière. Il étaitc merveilleux. Vraiment chaud, et puissant.

Puis il fit une sorte de bond, baissa son encolure et releva sa croupe. Ari fut projetée dans les airs, très haut vers le ciel, légère comme une plume, avant de redescendre vers la clôture. Elle tournoyait, quand elle vit le sol monter à sa rencontre.

Bang !

Tête la première. Elle souffrait, mais pas vraiment. Une partie de son être semblait engourdie.

Puis la voix de Catlin :

— Ne la touche pas ! Attention !

— Ça va, dit-elle.

Et elle découvrit un goût de sang et de terre dans sa bouche.

Parler était difficile. Elle avait le souffle coupé et mal au cœur. Elle déplaça un pied et voulut se redresser en s’aidant d’un bras, et ce fut à cet instant qu’elle eut vraiment mal.

— Attention, attention, sera, non !

Le genou de Florian venait se placer devant son visage, et elle en fut heureuse car elle tombait. Elle s’effondra sur la jambe de l’azi, et non tête la première dans la poussière.

— Catlin, va chercher de l’aide ! Trouve Andy ! Vite !

— Je savais pourtant qu’il m’aurait fallu une selle, grommela-t-elle.

Elle craignait de gémir ou de rendre.

Parce que tous ses os devaient être brisés et qu’elle n’avait encore jamais souffert à ce point. Le pire, c’était son épaule et son estomac. Elle avait toujours de la terre dans la bouche et sa lèvre était fendue.

— Aide-moi à me relever, dit-elle à Florian.

Car son dos la torturait, dans cette position.

— Non, sera, s’il vous plaît, ne bougez pas. Votre bras est cassé.

Elle tenta de se redresser pour voir à quoi ressemblait un bras cassé. Mais la douleur empira et elle renonça.

— Qu’a fait Cheval ? demanda-t-elle.

Elle ne pouvait reconstituer ce qui s’était passé.

— Il a levé ses pattes arrière et vous vous êtes envolée. Il ne l’a pas fait exprès, il n’est pas méchant.

Elle entendait des gens courir, mais ne les voyait pas. Florian les lui dissimula jusqu’au moment où ils l’entourèrent et que des voix d’azis, à la fois posées et inquiètes, lui dirent que les meds allaient arriver et qu’elle ne devait pas bouger.

Elle aurait voulu se lever. Il était humiliant de rester couchée par terre au milieu de tous ces gens qui se penchaient vers elle.