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Puis il lui vint à l’esprit que Giraud se mettrait vraiment en colère et que cette partie de son plan se déroulerait comme prévu.

Il ne lui restait qu’à attendre les meds, et à espérer qu’ils ne tarderaient pas trop à arriver.

10

Adossé à la paroi capito

La sécurité poursuivait sa surveillance. Deux gardes étaient de faction derrière une paroi de verre. Seul un médecin pouvait rester auprès d’un détenu qui venait de subir un psychosondage, mais Giraud faisait fi des règlements. Il agissait à sa guise et leur accorder cette faveur ne tirait pas à conséquence.

Bien qu’éveillé, Justin errait encore dans les limbes de la désintoxication, un univers où les sensations et les sons s’amplifiaient au point d’en être insoutenables. Grant conservait avec lui un contact physique et lui murmurait des paroles apaisantes :

— Justin. C’est Grant. Je suis ici. Comment vas-tu ?

— Bien.

Les yeux de son ami s’entrouvrirent.

— Tes idées redevie

Une inspiration, plus profonde que les précédentes.

— Je vais très bien, même s’il me semble toujours être ouvert.

— Je comprends. Mais ils se sont contentés de procéder à ton interrogatoire. Je suis constamment resté près de toi.

— Parfait.

Et ses paupières se fermèrent. Grant ne pouvait rien faire de plus pour lui. Giraud lui avait posé des questions sur la visite rendue à Jordan et leur implication éventuelle dans la disparition d’Ari. Lui affirmer que ses épreuves étaient terminées eût été dangereux. Giraud pouvait décider de revenir. Et l’encourager à parler – quand tout devait être enregistré – serait plus risqué encore à cause des tranks.

— Quels sentiments vous inspire la jeune Ari ? avait demandé Giraud.

Et Justin de répondre :

— De la pitié.

L’attention de Grant fut attirée par des mouvements derrière la paroi de verre et il releva les yeux. Il vit Denys Nye discuter avec les gardes, qui ouvrirent la porte de la cellule pour le laisser entrer.

L’azi le foudroya du regard et serra Justin contre lui, avant de se pencher vers son oreille pour lui murmurer :

— Justin. Ser Denys est venu te voir. Détends-toi. Je suis là, je ne te laisserai pas.

Son ami était conscient. Il ouvrit les yeux.

Denys marchait sans faire de bruit, ce qui était surprenant pour un individu de sa corpulence. Il approcha et s’arrêta, puis se pencha afin de déclarer à mi-voix :

— Ils ont retrouvé Ari. Elle se porte bien.

Justin prit une inspiration, sa poitrine se dilata.

— C’est vrai ? Qu’en penses-tu, Grant ?

L’azi lança un regard de reproche au visiteur.

— Possible.

Puis il serra son compagnon contre lui, afin de lui confirmer sa présence.

— C’est la stricte vérité, affirma Denys. Je regrette. Je suis vraiment désolé. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour compenser ces désagréments.

Grant sentit le pouls s’emballer, sous sa paume.

— Détends-toi, dit-il.

Son cœur imita celui de Justin, pendant qu’il effectuait un tri dans les propos qu’il venait d’entendre et leur cherchait un sens. Puis la colère l’incita à demander :

— Comment espérez-vous pouvoir tenir parole, ser ? L’enfant est en sécurité, mais vous oubliez les autres activités de ces laboratoires. Vous êtes de sacrés imbéciles, pour avoir mis en péril la santé mentale d’un homme dont vous ignorez encore le potentiel. Vous n’avez cessé de le persécuter et de le traiter comme s’il était responsable de tous les maux qui s’abattent sur Reseunec alors qu’il n’a jamais, je dis bien jamaisc fait le moindre mal à qui que ce soit. Ya

— Grant, murmura Justin. Grantc

— Non, fit Denys. Il a raison. Je sais, je sais. Dire que je regrette ne peut suffire, et il est quoi qu’il en soit bien trop tard pour le faire. Vous allez rentrer chez vous. Ari a été retrouvée. Nous avons dû l’hospitaliser car elle a fait une chute, mais elle s’en remettra. Elle est partie seule, elle s’est déguiséec une simple farce, sans le moindre rapport avec vous. Je ne vais pas m’attarder, je sais que ma place n’est pas ici, mais je tenais à vous en informer. J’ai estimé que vous aimeriez le savoir, parce que vous ne lui voulez aucun mal et qu’il serait grand temps de vous traiter avec quelques égards. Je suis sincère. Je trouverai un moyen de nous racheter, j’en fais la promesse. J’ai accepté trop de compromis au nom de cette sacro-sainte sécurité, mais c’est fini. Je m’y engage.

Il prit l’azi par l’épaule.

— Des meds ne tarderont pas à arriver. Ils le transporteront par les tu

— Chez nous, dit Grant. C’est bien cela, Justin ? Tu souhaites rentrer maintenant ?

Son ami hocha la tête.

— Oui, je ne veux pas rester ici.

Il avait articulé avec soin ces paroles. Un soubresaut agita son bras, qui se souleva pour redescendre presque aussitôt. C’était la preuve qu’il recouvrait le contrôle de son être.

— Je vous en fais le serment, répéta Denys. Plus jamais ça.

Puis il sortit, d’une démarche qui traduisait de la colère.

Grant étreignit Justin et effaça la tension de ses muscles, de crainte que son ami ne pût la percevoir. Esprit azi. Silencieux et stable.

— Denys est venu ? demanda Justin.

— Il sort à l’instant. Nous allons rentrer à la maison. Je ne crois pas qu’il ait menti. Ils ont retrouvé Ari et savent que tu n’es pour rien dans cette affaire. Repose-toi, à présent. Prends ton temps. Je ne te laisserai pas seul.

Justin soupira puis resta silencieux.

11

Ce fut en car qu’elle effectua le bref trajet entre l’hôpital et la Maison, et elle supplia oncle Denys de lui permettre de faire à pied le reste du parcours. Une gouttière immobilisait le bras cassé, et sitôt après avoir pris son oncle par l’autre main elle craignit de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout. Ses genoux vacillaient et elle était en sueur sous son corsage, fendu pour qu’elle pût l’enfiler malgré son plâtre. Elle n’aurait pu s’exhiber en public en chemise de nuit et robe de chambre. Mais elle rentrerait chez elle sans aide. Elle en avait la ferme intention.

Elle éprouva malgré tout un profond soulagement, quand elle pénétra dans l’appartement où l’attendaient Nelly, Florian et Catlin. Les azis paraissaient à la fois peinés et heureux de la voir. Même Seely.

Et elle fut elle aussi si contente de les retrouver qu’elle eut envie de pleurer. Mais elle retint ses larmes.

— Je veux me coucher, dit-elle.

Oncle Denys la conduisit vers sa chambre, qu’elle atteignit en mettant à contribution ses dernières forces pendant que Nelly s’affairait devant eux.

Elle avait rabattu le drap, posé Poo-Poo à sa place habituelle et redressé les oreillers. Ari trouva très agréable de pouvoir s’allonger dans son lit.

— Je vais vous aider à retirer vos vêtements, proposa l’azie.

— Non, je veux seulement me reposer un peu.

Oncle Denys jugea cette idée excellente.

— J’ai soif, et je veux avoir Florian et Catlin près de moi, ajouta-t-elle pendant que son oncle les laissait.