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Il y avait si longtemps qu’ils devaient tenir compte des délais de transmission lorsqu’ils conversaient qu’il se surprenait à regrouper ses pensées, qu’il exprimait ensuite sous forme de paquets tout en craignant de voir la sécurité intervenir pour censurer ses phrases. Mais il disposait ici de plus de libertés. Ils lui en avaient fait la promesse. Il n’avait pas à redouter les censeurs et était autorisé à aborder n’importe quel sujet, dès l’instant où ce n’était pas un plan d’évasion ou des messages secrets en provenance de Reseune.

Jordan savait, pour le Projet. Pour les deux projets : Ari et Rubin.

— J’en suis heureux, vraiment. Et Grant ?

— Il n’a pas de problèmes. Tu le co

Il comprit que cette question ne s’appliquait pas qu’au moment présent.

Tant d’a

Il voyait sa main trembler, sur le plateau de la table. Elle était toujours agitée de soubresauts spasmodiques lorsqu’il la leva vers sa bouche et tenta de se reprendre.

— Disons que Grantc il a subi la tempête sans broncher. Il est aussi stable qu’auparavant. Il va bien. C’est vrai. Je ne sais pas ce que je serais devenu, sans lui. Et pour toi, ça c’est passé comment ?

— Très mal, au début. Mais nous formons une petite équipe bien soudée. Tous peuvent aller et venir sans contrainte, ici. Nul n’ignore quel est mon statut, mais la différence est importantec très importante.

Ô Seigneur ! Sois prudent. Ils pourront utiliser contre toi tout ce que tu dis, tous les désirs que tu exprimes. Surveille tes paroles.

— c nous nous protégeons et nous soutenons mutuellement. Je pense à ce désert, là-dehors. Soit on devient fou et on est expédié ailleurs, soit on se sent séduit par la tranquillité qui règne en ce lieu. À Planys, même la sécurité a un visage humainc Pas vrai, Jim ?

Il s’adressait au garde qui était venu s’asseoir dans l’angle de la pièce ; un homme qui se pencha en arrière sur sa chaise et laissa échapper un petit rire.

Pas un azi. Un CIT.

— Presque toujours, répondit-il.

— Je suis ici chez moi, précisa Jordan. Je considère ce lieu comme mon foyer. Il est indispensable de comprendre la mentalité qui règne ici. Nous recevons les nouvelles et la musique de la station et nous pouvons nous tenir au courant de tous les événements qui se produisent. Mais nos vêtements, nos livres, nos bandes ludiquesc tout cela met beaucoup de temps à arriver jusqu’à nous, et rien ne peut entrer dans la bibliothèque sans un contrôle rigoureux de la sécurité. Alors on s’amuse entre membres du perso

Elle était disponible à Reseune depuis trois ans.

— Bon sang, j’aurais pu t’en apporter une douzaine.

— Toute la population de Planys te sera reco

Il rit, parce que son père riait, Paul riait, Jim-le-garde riait. C’était aussi amusant que déprimant, dans un tel contexte, au cœur de cet isolement. Et il était rassuré de découvrir que Planys n’était pas qu’un lieu d’exil coupé de tout mais aussi un endroit où la vie et l’humour avaient encore leur place.

Ils abordèrent ensuite des sujets théoriques, et en parlèrent au point d’en avoir la voix brisée. Ils allèrent au labo et son père le présenta aux membres de son équipe, toujours avec Jim désormais accompagné par un azi nommé E

Il n’avait pas l’intention de dormir. Son père et Paul non plus. Ils comptaient profiter au maximum du temps qu’il passerait à Planys. Justin rattraperait son retard de sommeil pendant le voyage de retour.





Les gardes furent relevés à 20 heures. Jordan et Paul avaient entre-temps commencé à échanger des idées avec lui, critiquer ses structures, lui dire en quoi il se trompait et lui apprendre plus de choses sur les intégrations sociopsych qu’il ne l’avait fait en consultant tous les ouvrages de référence de Ya

— Ô Seigneur ! s’exclama-t-il aux alentours de 4 heures du matin, pendant une pause. Si nous pouvions nous consulter de façon régulièrec si vous étiez là-bas ou si je venais icic

— Tu t’es aventuré dans une voie que bien des chercheurs ont déjà essayé d’explorer, dit Jordan. Mais tu n’es pas pour autant dans une impasse. J’avoue ne pas savoirc et, au risque de paraître imbu de moi-même, je préciserai qu’il est rare que je dise une chose pareille. J’estime que ça vaut la peine de continuerc ce qui ne signifie pas que tu arriveras à tes fins. Simplement que tes travaux suscitent ma curiosité.

— Tu es mon père. Ya

— Ari était folle aussi, alors.

Du regard, Justin lui reprocha d’avoir prononcé ce nom.

— Quand je l’ai accusée d’avoir faussé les résultats de tes tests d’aptitude, elle m’a dit que c’était ta thèse sur ce thème qui avait été pour elle l’élément décisif. Si j’ai cru à l’époque qu’elle esquivait mes questions, comme à son habitude, je n’avais pas encore compris jusqu’à quel stade tu avais mené tes recherches. T’a-t-elle aidé à préparer tout ceci ?

— Non, que mes premières ébauchesc

Pendant peu de temps, manqua-t-il dire. Jusqu’à sa mort. Jusqu’à son meurtre. Son assassinat. Il frisso

— Tu ne me prenais pas au sérieux.

— C’était remarquable, pour quelqu’un de ton âge. De toute évidence, Ari a vu ce qui m’a échappé. Et Ya

— Ya

— Il m’a envoyé une lettre, un compte rendu interminable sur les recherches que tu as entreprises. S’il déclare que tu es fou, il pense que tu obtiendras des résultats. Tu es déjà parvenu sur les ensembles-profonds à des intégrations qu’il a fait traiter par la sociologie. Les ordinateurs n’ont pu fournir de réponsesc conséquences non déterminées, do

Jordan rapporta la théière vers la table. Il s’assit. Justin s’affaissa dans son fauteuil. Il frisso

— Ariane a participé à l’élaboration des logiciels de sociologie, ajouta Jordan. Moi également. De même qu’Olga Emory, James Carnath et une douzaine d’éminents perso

Il le savait.

— Il n’existe que deux possibilités : soit il n’en résulte rien de préjudiciable à long terme, soit ils n’ont pas trouvé quoi. Ils ont effectué cette étude sur trente générations, et la réponse a toujours été la même : Je ne sais pas. Je ne serais pas éto