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Justin alla pour répondre, mais se ravisa. Jordan comprit et attendit. Des gardes étaient présents et leur conversation devait être enregistrée à l’intention de la sécurité. Et peut-être de l’administration.

C’est pourquoi il s’abstint de dire : Ils ne peuvent pas me laisser réussir. Ils ont trop peur que la notoriété qui en découlerait me permette d’exprimer des objections contre leur foutu Projet.Il garda la bouche close.

Jordan parut percevoir lui aussi le danger et ajouta :

— Il est évident que je mentirais. Les raisons ne manquent pas. Mais la situation est différente en ce qui concerne mes collègues de Reseune, et ils ont compris que tu as découvert quelque chose. C’est ce qu’affirment Ya

Ils risquent de m’exiler comme toi, pas vrai ? Ce qui ne peut filtrer à l’extérieur ne pose aucun problème de sécurité. Peu importent les contradictions.

Hormisc hormis ce que j’ai dit à Denys : si je disparais, on s’interrogera.

— J’ignore s’il existe un seul espoir de te voir transférer à Planys, dit Jordan. Mais peut-être faudrait-il te demander si tu souhaites un tel transfert ?

Il se figea au souvenir du paysage désertique, de la désolation au cœur de laquelle il se sentait enchâssé et qui l’emplissait d’une panique irratio

Il ne pouvait le supporter. Malgré la plus grande liberté et la diminution des pressions exercées sur ceux qui résidaient en ce lieu, cet endroit lui inspirait une terreur profonde.

Il lut de la déception sur les traits de son père.

— Tu viens de me répondre, dit Jordan.

— Non, absolument pas. Il est exact que je me sens oppressé, ici, mais je devrais pouvoir surmonter cette angoisse. Tu l’as bien fait.

— Disons que je n’ai pas eu le choix alors que tu es libre de ta décision. C’est bien ce qui te pose un problème. Non. Je comprends. Ça s’arrangera peut-être, avec le temps. Mais n’ajoutons pas cela à nos tracas. Nous devrons passer par Ya

— Ser, fit le garde.

— Désolé, répondit Jordan, avant de soupirer.

Il fixa Justin pendant un long moment et son expression traduisait de sombres pensées.

Nous avons peu de libertés, ici ; bien moins qu’il ne peut le paraître de prime abord.

Ta réussite te vaudra d’être protégé, et une protection absolue équivaut à une prison d’où toute évasion est impossible.

Il sentait une boule se dilater dans sa gorge, un mélange de tristesse et de panique. Il désirait repartir, sur-le-champ, avant l’aube. Mais c’eût été stupide. Ils disposaient de si peu de temps. C’était pour cela qu’ils restaient éveillés et se poussaient dans leurs derniers retranchements, avec presque trop de sincérité.

Bon sang, en partant il a laissé un gosse derrière lui et j’ignore sous quel jour il me voit à présent. Un homme, ou un enfant qui a trop grandi ? Un étranger, peut-être. Il ne sait rien de ce que je suis devenu.

Qu’ils soient maudits, pour avoir osé commettre une pareille abomination.

Recouvrer ce qui appartient au passé est impossible. Et nous ne pouvons même pas nous dire les mots qui nous permettraient de mieux nous co

Il regarda Paul qui restait assis sans rien dire, et il lui vint à l’esprit que son père et son azi vivaient comme lui et Grantc Ils bouillaient de frustration à cause de tout ce qu’ils n’osaient pas exprimer.

C’est pareil qu’à Reseune, ici. Pour Jordan, tout au moins. Il ne faut pas se fier aux apparences. Il ne peut parler. Il a peur de dire ce qu’il pense.





Pour nous, la situation restera toujours la même, où que nous soyons.

2

— Heures supplémentaires ? demanda le garde qui venait de s’arrêter sur le seuil de la pièce.

Grant sentit son cœur s’emballer. Il releva les yeux de son bureau.

— Oui.

— Ser Warrick est absent, aujourd’hui ?

— Oui.

— Serait-il malade ?

— Non.

Seule l’administration devait savoir où était allé Justin. C’était une des conditions imposées par les Nye. Il lui fallait taire certaines informations, ce qui avait le don d’irriter les hommes-nés. Celui-ci le foudroya du regard et grogna. Son expression se fit menaçante, mais il reprit sa ronde.

Grant poussa un soupir de soulagement. Sa tension ne s’était pas dissipée pour autant : la lame de fond du courant d’adrénaline, une angoisse qui ne cessait de s’amplifier depuis que son ami lui avait a

Justin était partic seul, comme l’exigeait l’administration. Conscient qu’il irait voir son père quoi qu’il pût advenir, Grant avait même dissipé ses craintes à son sujet. Remettre ce voyage en question eût été impossible.

Et son appréhension était devenue de plus en plus profonde depuis le décollage de l’appareil et son retour dans cet appartement désert.

Il tentait de mettre ce malaise sur le compte de son anxiété chronique. Il avait toujours pu compter sur son ami, dont il ne s’était séparé qu’après la mort d’Ari : de très mauvais souvenirs.

Mais il n’était pas légalement placé sous la tutelle de Justin. Son contrat appartenait à Reseune et sans son ami pour s’opposer à l’administration Grant était vulnérable et privé de droits. Si ce voyage était dangereux pour Justin, car il confiait sa destinée aux services de sécurité qui n’auraient pas hésité à organiser un accident, il l’était bien plus encore pour un azi qui risquait d’être conduit dans les labos pour y subir un interrogatoire ou, ce qu’il redoutait le plus, recevoir une bande.

Il se répéta qu’il ne devait pas céder à la panique, qu’il n’existait rien qu’il pourrait tenter. Il n’aurait pu fuir nulle part, et il n’était pas en son pouvoir d’empêcher leurs adversaires d’agir à leur guise s’ils optaient pour la manière forte.

Au cours de la première nuit qu’il avait dû passer seul, cerné par les petits bruits d’un grand appartement vide et dans l’ignorance de ce qui se produisait sur l’autre hémisphère de ce monde, il s’était injecté une des doses d’adrénaline qu’ils gardaient avec leurs tranks, avant de prendre du kat pour obtenir l’effet recherché.

Assis en tailleur à côté de son lit, il s’était plongé dans les compartiments créés au fond de son être, afin d’en altérer l’agencement. Il devait pour cela se concentrer à tel point qu’il en était moite de sueur, et qu’il se retrouva ensuite affaibli et en proie à des étourdissements.

Lorsqu’il émergea du brouillard engendré par la drogue et les efforts, il doutait que le mélange d’adrénaline et de cataphoriques lui fût d’une quelconque utilité, mais son cœur martelait sa poitrine et il se laissa choir sur le lit pour compter les battements, en espérant qu’il ne venait pas de se porter un coup fatal.

Stupidec voilà comment il convenait de qualifier un concepteur qui osait pénétrer dans ses ensembles et se permettait de les déplacer.

Ce n’était cependant guère différent du processus auquel procédaient les azis des sections de tests pour organiser leurs divisions mentales et contrôler le degré d’intégration d’une nouvelle bande. L’important était de co

Il arrêta l’ordinateur, coupa la lumière et ferma le bureau en sortant. Puis il s’éloigna dans le couloir pour regagner l’appartement désert et y vivre une nouvelle nuit d’attente.