Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 61 из 75

            Kate avait engagé un tueur à gages pour supprimer Matt…

            Mais pour quelle raison ? Parce qu’elle ne l’aimait plus et parce qu’elle voulait vivre avec Nick ? Impossible, on ne tue pas les gens pour ça. Il suffit de divorcer. Avoir la garde exclusive de sa fille ? Ça ne tenait pas debout non plus. L’argent ? D’après ce qu’elle avait compris, Matthew n’avait pas de fortune et Nick était l’un des hommes les plus riches du pays. Quoi, alors ? Une vengeance ?

            Emma essaya de mettre en ordre ses pensées. De quoi était-elle certaine ? Kate n’avait jamais cessé d’aimer son grand amour de jeunesse, Nick Fitch. Après une longue période de séparation, elle avait manifestement renoué avec lui, mais elle avait aussi profité de cette promiscuité pour lui voler des informations confidentielles qu’elle avait vraisemblablement revendues à prix d’or pour pouvoir s’offrir les services d’un tueur à gages et éliminer son mari.

            C’est une histoire de fous…

            Il y avait forcément un lien entre tous ces événements, mais, pour le moment, il lui échappait. Emma se prit la tête entre les mains. Sa nuque était ankylosée, ses jambes et sa cage thoracique douloureuses.

            Une autre question la taraudait. Pourquoi, en 2011, Matt était-il toujours en vie ? Pourquoi le cascadeur avait-il finalement échoué à l’éliminer ?

            – Tu es toujours au bout du fil, Romuald ? Refais-moi écouter l’enregistrement, s’il te plaît.

            L’adolescent s’exécuta. Emma s’arrêta sur cette phrase :

            « (…) vous devez absolument attendre mon appel pour entrer en action. Et ce ne sera pas avant 21 heures. Si je ne vous contacte pas, vous laissez tomber, c’est compris ? »

            Elle se souvint de ce que lui avait raconté Matthew. Le chauffeur du camion de farine qui avait percuté la voiture de sa femme, le fameux soir de sa mort, avait toujours prétendu qu’elle tenait son téléphone portable à la main. Et Matthew s’était imaginé que c’était lui que Kate était sur le point d’appeler pour le prévenir que la Mazda avait finalement réussi à redémarrer. Mais en réalité, Kate avait cherché à joindre le tueur à gages pour lui do

            Matt n’avait eu la vie sauve que parce que sa femme était morte avant d’avoir pu passer son appel funeste.

            Une vie pour une mort…

            Tout en jetant de fréquents coups d’œil vers le hall de l’hôtel, elle fit part de son raiso

            – Et Kate ? Ça do

            – Comme prévu, elle a repris sa voiture et elle vient d’arriver à l’hôpital pour enfants de Jamaica Plain.

            – Rien d’autre ?

            – Il y a bien eu un truc, peut-être sans importance… commença l’adolescent.

            – Dis toujours.

            – Lorsqu’elle est revenue du Whole Foods, Kate s’est empressée de consulter sa boîte mail professio

            – Celles que Matthew a faites ce matin dans le camion de la Croix-Rouge ?

            – Oui. C’est étrange qu’on lui ait communiqué les résultats, non ?

            – Je n’en sais rien. Je ne co

            – J’ai accès à toutes les messageries de tous les membres du perso

            – Alors, transfère-le-moi sur ma boîte mail.





            *

            Les résultats de l’analyse de sang de Matthew tenaient sur deux pages. Néophyte en la matière, Emma s’y plongea en essayant de rassembler ses maigres co

            La jeune femme passa d’une ligne à l’autre, espérant trouver un début de piste, comparant les taux de Matthew avec la fourchette des dosages qui accompagnait chaque recherche.

            Elle poursuivit par le bilan biochimique : glycémie, créatinine, acide urique, les enzymes, les Gamma GT, les transaminases, la TSH, le bon cholestérol, le mauvais…

            Foie, thyroïde, reins… Tout semble normal…

            Elle relut l’ensemble sans rien remarquer de particulier… à l’exception d’un petit cadre dans le coin droit du document précisant :

            Phénotype érythrocytaire rare

            – Groupe Helsinki –

            Emma se redressa sur sa banquette.

            Le groupe Helsinki ? Qu’est-ce que cela signifie ?

            Elle fixa l’écran, attendant un déclic qui ne vint pas. Ces derniers jours avaient été éprouvants, mais ils l’avaient libérée de sa peur et obligée à sortir de sa carapace pour faire preuve d’audace. Là pourtant, elle séchait. Elle aurait eu besoin de l’aide d’un biologiste ou d’un médecin, mais elle n’en co

            Elle tourna le visage vers la fenêtre en soupirant. Le soleil du début d’après-midi éclaboussait la rue, se reflétant dans les nombreux monticules de neige qui jonchaient les trottoirs.

            Même si un début de migraine la tourmentait, elle avait l’esprit en alerte. En passant mentalement en revue tout son carnet d’adresses, elle se rappela que le mari de sa psychologue dirigeait un laboratoire d’analyses médicales dans l’Upper West Side. Son labo était dans le même immeuble que le cabinet de son épouse, mais Emma n’avait fait le rapprochement que lorsque le couple était venu dîner un soir à l’Imperator. Le problème, c’est que Margaret Wood était en vacances à Aspen. Emma avait bien son numéro de portable, mais la psychothérapeute ne répondait jamais directement aux appels de ses patients et encore moins sur son temps de repos. Elle essaya malgré tout, tomba sans surprise sur le répondeur et laissa un message la suppliant de la rappeler au plus vite : « une question de vie ou de mort », avait-elle précisé. La psy dut croire qu’elle était sur le point de sauter du haut du Brooklyn Bridge parce qu’elle la contacta dans la minute qui suivit. Emma s’excusa et lui expliqua qu’elle avait besoin dans l’urgence d’un renseignement capital que seul son mari était susceptible de lui fournir.

            – Je suis au sommet d’Aspen Mountain, une paire de skis aux pieds, mais si vous tenez à joindre George, il est resté en bas des pistes à siroter des bourbons à l’Ajax Tavern. Je vous envoie son numéro de portable.

            *

            – Monsieur Wood ?

            – Lui-même.

            – Je suis confuse de vous déranger sur votre lieu de vacances, mais je vous appelle sur recommandation de votre femme.

            – Hum, hum… grogna l’homme d’un ton peu engageant.

            – Peut-être vous souvenez-vous de moi : Emma Lovenstein. J’étais votre sommelière lors d’un repas l’a

            À cette évocation, la voix de George Wood se fit plus enjouée.

            – Je m’en souviens très bien. Une soirée délicieuse. En partie grâce à vous, d’ailleurs. Vous m’aviez conseillé un porto fabuleux pour accompagner mon roquefort.