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            – C’est exact.

            – Un Quinta do Noval, si je ne m’abuse.

            – Oui, un Quinta do Noval Nacional Vintage de 1987.

            – Il paraît que leur millésime 1964 est encore meilleur.

            – 1963 plus exactement, corrigea Emma. C’est un millésime légendaire, mais il n’en reste plus que quelques bouteilles. Si ça vous fait plaisir, j’essayerai de vous en trouver une. Monsieur Wood, j’aurais quelques questions à vous poser, si cela ne vous e

            – Bien sûr, jeune fille, tout ce que vous voudrez.

            Emma se pencha sur son écran pour ne pas faire de fautes de prononciation.

            – Qu’appelle-t-on un « phénotype érythrocytaire rare » ?

            – Ah, le sang, c’est tout de suite moins glamour que le vin, n’est-ce pas ? Encore que nos métiers ne soient pas si éloignés : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang… » comme disait notre ami !

            Ravi de son bon mot, il partit dans un grand éclat de rire.

            – Donc, un « phénotype érythrocytaire rare » ? répéta Emma en tentant de masquer son impatience.

            – C’est simplement le jargon utilisé par les biologistes pour parler d’un groupe sanguin rare.

            – Rare comment ?

            George Wood se racla la gorge.

            – Hum, vous co

            – Oui, enfin, comme tout le monde. Je co

            – C’est un début, mais c’est en fait beaucoup plus complexe que cela. Peu de gens le savent, cependant il y a certains individus qui ne sont ni A, ni B, ni AB, ni O.

            – Vraiment ?

            – Oui, leur groupe sanguin est appelé « Bombay », du nom de la ville indie

            La voix du professeur Wood avait repris de la vitalité. Il prenait manifestement plaisir à dispenser son savoir.

            – La spécificité de ces phénotypes les conduit à produire un certain type d’anticorps qui risquent par exemple de provoquer des réactions de rejet en cas de transfusion ou de greffe. Les « Bombay » notamment ne peuvent être transfusés qu’avec du sang présentant les mêmes caractéristiques que le leur.

            La jeune femme posa enfin la question qui lui brûlait les lèvres :

            – Et le « groupe Helsinki », ça vous dit quelque chose ?

            Le biologiste émit un gloussement de satisfaction.

            – Ah, le groupe Helsinki, bien sûr ! Un groupe encore plus rare que vos bouteilles de porto de 1963 ! On classe sous ce vocable des individus qui combinent plusieurs phénotypes érythrocytaires extrêmement rares. À ma co

            Et Matthew est l’un d’entre eux…

            Emma sentit l’excitation la gagner. Sa migraine avait disparu. Elle ne savait pas encore exactement comment, mais elle était certaine que la clé du mystère résidait dans ce groupe sanguin très rare que possédait Matthew.

            – Une dernière question, professeur, et ensuite je vous laisse profiter de vos vacances : au cours de quelles circonstances découvre-t-on que l’on porte un phénotype rare ?

            – Eh bien, ça peut survenir en de multiples occasions : le suivi d’une grossesse, un rejet lors d’une transfusion, un phénotypage un peu poussé chez un patient do

            – Je vous remercie beaucoup, professeur, vous m’avez été d’une grande aide.





            – Je compte sur vous pour ma bouteille de porto, rappela-t-il mi-sérieux, mi-taquin.

            – Je n’y manquerai pas !

            *

            Emma sentit de nouveau son cœur s’emballer. Elle avait trouvé l’information qu’elle recherchait depuis le début ! Si elle n’en comprenait pas encore toute la portée, elle avait la certitude que l’appartenance de Matthew au groupe Helsinki était l’épicentre du mystère qui planait autour de Kate.

            Reste calme…

            Pour mettre de l’ordre dans ses pensées, Emma concentra son attention sur les reflets de nacre et d’absinthe que le soleil faisait chatoyer au fond de son verre. Elle décida de faire le point sur ce qu’elle savait de Kate et Matthew. Elle commença par reconstituer la trajectoire de leur rencontre. Elle convoqua ses souvenirs, se rappela les paroles de Sarah, la première femme de Shapiro.

            Automne 2006 : Matt se rend à l’hôpital après s’être coupé avec un sécateur en jardinant. Aux urgences, son chemin croise celui de Kate qui est de garde ce jour-là. Ils sympathisent, elle le soigne, lui fait quelques points de suture.

            Et sans doute une prise de sang…

            La jeune femme poussa plus loin son raiso

            Mais pourquoi ?

            Emma leva la tête et la vue du « cascadeur » la coupa dans ses pensées. Oleg Tarassov venait de rendre sa carte à la réception et se dirigeait vers la sortie.

            Elle se tassa sur la banquette en espérant qu’il ne la remarque pas et le suivit du regard le plus longtemps possible.

            Le téléphone collé à l’oreille, elle quitta le bar et sortit du St. Francis au pas de course.

            – Romuald ? Tarassov est en train de se faire la malle. Je vais essayer de le suivre, reste en ligne. J’ai fait une découverte incroyable.

            – Moi aussi, j’ai quelque chose à vous raconter.

            – Plus tard, je… Bon sang !

            – Qu’est-ce qui se passe ?

            – Je crois qu’il est en voiture !

            Elle porta la main en visière pour se protéger de la réverbération. Contre toute attente, le voiturier de l’hôtel venait d’avancer un pick-up bordeaux aux formes massives et à l’imposante calandre en croix ornée d’un bélier argenté. Il tendit les clés de l’énorme camio

            Prise de court, Emma chercha désespérément des yeux un taxi. Elle demanda au voiturier de l’aider, mais déjà le pick-up se fondait dans la circulation, disparaissant progressivement de son champ de vision.

            Merde !

             Je l’ai perdu, Romuald ! Il a filé vers le parc.

            – Sur Boylston Street ?

            – Oui.

            – Il roule dans quoi ?

            – Un gros Dodge bordeaux, mais…

            – Moi, je peux le prendre en filature !

            – Non ! Qu’est-ce que tu racontes ? Ne fais pas de…

            *

            L’adolescent enfila sa grosse parka au col en fourrure et glissa son mobile dans sa poche. Il sortit de la chambre en hâte, dévalant les escaliers comme si sa vie en dépendait. En déboulant dans le hall de l’hôtel de luxe, il faillit faire tomber une vieille dame qui avançait péniblement, accrochée à son déambulateur, trébucha sur son bichon maltais et renversa un garçon d’étage qui portait des flûtes de champagne sur un plateau.