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            – Il n’en est pas question ! De quoi tu te mêles, bon sang ?

            – À quoi ça va t’avancer de faire ce test de paternité ? demanda April en haussant la voix pour couvrir le bruit de la circulation. Est-ce que tu aimeras moins Emily si ce n’est pas ta fille biologique ?

            – Bien sûr que non, mais je ne veux pas vivre dans le mensonge.

            – Réfléchis bien, Matt, conseilla-t-elle en lui posant la main sur le bras.

            – C’est tout réfléchi. J’ai droit à la vérité. Je veux comprendre ce qui s’est passé avec Kate. Je veux savoir pourquoielle m’a trompé et avec qui.

            – Kate est morte, Matt. Il serait temps que tu l’acceptes. Tu as vécu des a

            Matt écouta l’argument, mais sa peine était trop grande.

            – Tu ne comprends pas. Kate m’a trahi. J’avais mis toute ma confiance en elle. J’ai quitté ma femme pour elle, j’ai…

            – Tu n’aimais plus Sarah depuis longtemps, objecta-t-elle.

            – Peu importe. Pendant quatre ans, j’ai laissé entrer dans ma vie une étrangère, quelqu’un que je croyais co

            April empoigna Matthew par le col et le secoua sans ménagement.

            – Mais elle est morte, putain ! Réveille-toi ! Pourquoi perdre du temps à fouiller dans le passé des gens ?

            – Pour les co

            – Et moi, tu me co

            Il fronça les sourcils.

            – Oui, je crois. Enfin, tu es ma meilleure amie et…

            – Qu’est-ce que tu co

            – Eh bien, tu es née près de San Diego. Tes parents tenaient une boutique d’antiquités. Tu as étudié l’art à l’UCLA2, tu…

            – Ça, c’est ce que je t’ai raconté, mais ce n’est pas la vérité. Ma mère a dû coucher avec la moitié des hommes du Nevada et n’a jamais été capable de me dire qui était mon père. Elle n’était pas antiquaire : c’était une pocharde qui n’a jamais rien fait de sa vie à part escroquer les gens et se soûler la gueule. L’art ? Je ne l’ai pas étudié à l’université, mais à Chowchilla, dans la plus grande maison d’arrêt pour femmes de Californie. Eh oui, Matt, tu vois, j’ai fait de la prison.

            Déconcerté, Matthew regarda sa colocataire dans les yeux. Pendant quelques secondes, il pensa même qu’elle plaisantait, mais ce n’était pas le cas.

            – Je ne vais pas te peindre un tableau à la Dickens, poursuivit April, mais j’ai eu une adolescence et une jeunesse compliquées : de mauvaises fréquentations, des fugues précoces et de la dope. Beaucoup de dope. À une époque, j’étais prête à faire n’importe quoi pour m’en procurer. Vraiment n’importe quoi.

            Une larme coula soudain sur la joue de la jeune femme. Dans sa tête, des images douloureuses et humiliantes refirent surface comme par effraction, mais elle les repoussa.

            – Évidemment, ma descente aux enfers m’a conduite en prison. À vingt-deux ans, les flics m’ont arrêtée après un vol avec violence. J’en ai pris pour trois ans fermes à Chowchilla. Voilà qui je suis vraiment…

            Elle s’arrêta comme pour reprendre son souffle, chassa une mèche de cheveux que le vent faisait flotter devant ses yeux.

            – Mais je ne suis pas que ça, reprit-elle enfin. Je suis aussi cette femme qui s’est battue pour avoir une seconde chance, qui a refait sa vie à l’autre bout du pays, qui n’a plus touché à la came depuis dix ans et qui a monté avec succès sa propre galerie d’art.

            – Tu pouvais me faire confiance, affirma Matthew. Pourquoi ne m’as-tu pas dit cela dès le début ?

            – Parce qu’il faut aller de l’avant. Parce que le passé est le passé. Parce qu’il faut laisser les morts avec les morts…





            Matthew baissa la tête. April acheva de le convaincre.

            – Restes-en là. Ne prends pas le risque de tout remettre en question et de t’infliger encore plus de peine. Les apparences sont souvent trompeuses et Kate n’aura jamais la possibilité de te do

            Abasourdi, des larmes plein les yeux, Matthew abando

            *

            L’enveloppe à bulles fut emportée par la force du courant de la Charles River et se retrouva rapidement noyée dans l’océan Atlantique. Quant à l’ordinateur, il s’enfonça dans les eaux froides d’où perso

            *

            Sauf que les choses n’étaient pas si simples…

            1- Billets de 100 dollars.

            2- University of California, Los Angeles.

Quatrième partie

            La femme de nulle part

 16

            Le Prince Noir

            Gardez le mystère, il vous gardera.

            Odes de Salomon, 8

            Boston, 2010

            18 h 30

            Zen et lumineux, le restaurant japonais occupait un bel espace au rez-de-chaussée de l’hôtel. Emma et Romuald se frayèrent un passage jusqu’au bar à sushis et s’assirent côte à côte sur deux tabourets.

            Romuald sortit sa tablette tactile de son sac à dos et la tendit à Emma pour qu’elle puisse prendre co

            – Nick Fitch se situe quelque part entre Steve Jobs et Mark Zuckerberg, commença l’adolescent. Même s’il n’est pas très co

            Tout en écoutant le jeune Français, Emma commença à parcourir la notice biographique.

            Nicholas Patrickdit Nick Fitch, né le 9 mars 1968 à San Francisco, est un informaticien et chef d’entreprise américain, fondateur et P.-D.G. de l’entreprise Fitch Inc.

            Le pirate

            À dix-sept ans, suite à un pari avec un ami, il s’introduit à l’aide d’un ordinateur de son université dans les serveurs de la NASA, réputés comme les plus protégés au monde. Il se promène pendant de longues minutes sur le réseau de l’agence gouvernementale sans y dérober un seul fichier. Dans les jours qui suivent, la police l’interpelle sur le campus de Berkeley. Il sera jugé quelques mois plus tard pour intrusion illégale dans un système informatique. En raison de son âge et de l’absence de vol, il bénéficiera de la clémence du tribunal qui le condamnera à deux mois de détention en centre de redressement assortis d’une a

            – Ce type a eu un peu la même jeunesse que toi, remarqua Emma.

            – Vous ne pouviez pas me faire de plus beau compliment ! s’exclama Romuald en souriant de toutes ses dents.