Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 44 из 75

            – Attendez ! réclama Romuald.

            Emma interrompit son geste.

            – Quoi encore ?

            – Cette photo ! s’exclama-t-il en pointant l’ordinateur.

            C’était une capture d’écran de la scène filmée dans le pub représentant Kate en compagnie de son « amant ».

            – Quoi ? Tu co

            – Elle non, mais l’homme, bien sûr !

            Emma sentit un frisson dans son ventre comme un shoot brutal d’adrénaline.

            – Je t’écoute.

            – Ce type, c’est Nick Fitch. C’est une véritable légende et l’un des hommes d’affaires les plus mystérieux et les plus riches du monde.

            *

            Boston, 2011

            Allongée sur un pouf moelleux en compagnie de son petit chien, Emily regardait enfin son film préféré : le fameux SOS Fantômes.

            – Ça fait peur, hein, Clovis ? rigola-t-elle en se blottissant contre le shar-pei.

            Assis sur l’un des tabourets entourant l’îlot de la cuisine, Matthew était plongé dans la lecture de la notice du kit qu’il venait d’acheter dans l’un des drugstores de Charles Street. April le regardait d’un œil réprobateur et consterné.

            Rien n’était plus simple que de faire un test de paternité aux États-Unis. Pour la somme de 30 dollars, vous pouviez acheter un kit sans ordo

            La réalisation du test était à la portée de n’importe qui : il suffisait de fournir deux échantillons de cellules exfoliées prélevés sur l’intérieur de la joue grâce à des sortes de gros cotons-tiges. Le premier échantillon était celui du père et le second celui de l’enfant.

            Matthew se lança le premier. Il enfonça le bâto

            – Chérie, tu veux des oursons à la guimauve ?

            – C’est vrai, tu m’en as acheté ? s’écria la petite fille en écarquillant les yeux.

            Elle se leva de son pouf pour se précipiter vers lui.

            – Merci, papa !

            – Mais d’abord, il y a un tout petit exercice à faire.

            – Ah bon ?

            – C’est trois fois rien, tu vas voir, ouvre la bouche.

            La petite fille s’exécuta et, délicatement, il renouvela l’opération pour lui prélever quelques cellules de peau.

            – Je compte jusqu’à trente et tu as tes nounours, d’accord ? 1, 2, 3…

            April lui lança un regard plein de colère et de mépris.

            – Tu es vraiment misérable, murmura-t-elle.

            Il ne prit même pas la peine de lui répondre.

            – … 28, 29 et 30. Bravo, ma puce, tu as bien mérité tes bonbons.

            – Je peux en do

            – Juste un petit bout pour lui faire goûter, toléra-t-il en glissant l’échantillon d’Emily dans la deuxième enveloppe.

            Puis il inséra le tout dans une troisième enveloppe à bulles en joignant son règlement (159 dollars pour le laboratoire ainsi qu’un surplus de 99 dollars pour que l’analyse ait lieu le jour même). Il termina l’opération en inscrivant le nom du laboratoire :





            InfinitGene

            425 Orchid Street

            West Cambridge, MA 02138

            En achetant le test, il avait volontairement choisi un laboratoire du Massachusetts pour que l’analyse puisse se faire le plus rapidement possible et qu’on lui communique les résultats dans la soirée, avant minuit, sur sa boîte mail. Il y avait cependant une deadline : le labo devait recevoir les échantillons avant 14 heures.

            Il regarda l’horloge murale.

            13 h 10.

            C’était bien sûr trop tard pour UPS ou pour FedEx, mais il pouvait toujours porter lui-même en voiture l’enveloppe au laboratoire. Même avec la circulation, il y serait en moins d’une demi-heure.

            – Tu peux me prêter la Camaro, April ?

            – Tu peux aller te faire foutre, Matthew ?

            À l’autre bout de la pièce, Emily réagit promptement :

            – Il ne faut pas dire des gros mots, April ! la gronda la petite fille en bouchant les oreilles du shar-pei.

            Matthew enfila son manteau et prit sa mallette.

            – Tant pis, j’attraperai un taxi sur Beacon Street, dit-il en mettant la grande enveloppe sous son bras.

            *

            Restée seule, April encaissa le choc. Il fallait absolument qu’elle empêche son ami de faire une co

            Elle s’approcha du coussin capito

            – Je suis obligée de te laisser seule quelques minutes, mon cœur, alors tu vas me promettre de ne pas faire de bêtises, d’accord ?

            Un peu inquiète, la petite fille pinça les lèvres.

            – Je ne joue pas avec les allumettes, c’est ça ?

            – Tu restes sagement devant SOS Fantômeset tu attends l’arrivée du Bibendum Chamallow. C’est ton passage préféré, n’est-ce pas ?

            Elle acquiesça en silence.

            April pointa ensuite un index menaçant en direction du shar-pei.

            – Et toi, l’hippopotame, tu as intérêt à bien monter la garde !

            Elle passa son imperméable, cueillit ses clés de voiture et sortit sur Louisburg Square. La Camaro était garée de l’autre côté du parc. Elle mit le contact, fila tout droit pour attraper Charles Street et grilla allègrement le feu au croisement qui permettait de rejoindre Beacon Street.

            Si Matt avait pris un taxi sur l’avenue, il devait encore être dans les environs. April zigzagua entre les véhicules, dévisageant les passagers à l’arrière des taxis chaque fois qu’elle en croisait un.

            Rapidement, au bout de cinq cents mètres, elle repéra Matthew dans un CleanAir Cab, l’un de ces taxis hybrides qui se multipliaient en ville depuis deux ou trois ans. D’un coup d’accélérateur, elle se porta à son niveau et adressa un signe à son ami pour l’inciter à descendre. Mais Matthew n’était pas décidé à obtempérer. Au contraire, il se pencha vers le chauffeur pour lui demander de presser l’allure.

            April soupira et rétrograda pour se replacer dans la roue de la Toyota. Elle laissa le taxi s’engager sur la structure de fer du Harvard Bridge, puis accéléra. Sur quelques mètres, les deux véhicules roulèrent dangereusement côte à côte jusqu’à se frôler. Puis le chauffeur de taxi prit peur et décida de se ranger sur la file de droite.

            – Sortez de ma voiture ! ordo

            À son tour, April s’était garée derrière le green cab.

            Matthew essaya de convaincre le chauffeur de reprendre sa course, mais il ne voulut rien savoir et démarra au quart de tour pour rejoindre le centre-ville.

            April mit ses feux de détresse et claqua la porte de la Camaro dans un concert d’avertisseurs sonores. Il était dangereux et strictement interdit de statio

            – Allez, Matt, rentrons à la maison, cria-t-elle en le rejoignant sur la rampe réservée aux promeneurs et aux joggeurs.