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            – C’est vraiment important, insista Emma.

            Sarah poussa un soupir de résignation.

            – Il y a une sorte de buvette, un peu plus haut. Allez m’y attendre. Je vous y rejoins dans un quart d’heure.

            *

            Vingt minutes plus tard

            – J’ai été mariée presque dix ans avec Matthew, mais je le co

            Assise devant elle, Emma l’écoutait avec attention en triturant nerveusement la paille qui flottait dans son verre de Coca.

            – Nous nous sommes rencontrés en 1992 sur les bancs de l’université du Massachusetts. Matt étudiait la philosophie et moi les sciences de l’éducation.

            – Un coup de foudre ?

            – Disons que c’était davantage une attirance intellectuelle. Nous avions lu les mêmes livres, partagions les mêmes idées, les mêmes préférences politiques. Nous nous sommes d’ailleurs embrassés pour la première fois le soir de la première élection de Bill Clinton. Nous étions tous les deux bénévoles dans son comité de soutien…

            Sarah détourna la tête et ferma brièvement les yeux. Tout cela paraissait si loin aujourd’hui.

            Emma la relança :

            – Vous vous êtes séparés il y a quatre ans, c’est bien ça ?

            – Un peu plus. Tout cela a été très brutal, en fait. Très inattendu.

            – Votre couple traversait une mauvaise passe ?

            – Même pas. Nous vivions tranquilles, nous étions heureux. Moi du moins, je l’étais…

            – Matthew est parti du jour au lendemain ?

            Sarah eut un rire nerveux.

            – C’est l’expression qui convient, en effet. Un soir, il est rentré à la maison, il m’a avoué qu’il avait rencontré une femme, qu’il en était amoureux et qu’il voulait vivre avec elle. Il était déterminé, sûr de lui. Il ne m’a pas laissé le choix.

            – Cette femme, c’était Kate ?

            – Bien sûr ! Il l’avait rencontrée quelques jours plus tôt à l’hôpital. Il s’était blessé avec un sécateur en jardinant et c’est elle qui l’avait soigné. Et dire que c’est moi qui avais insisté pour le conduire aux urgences ce jour-là ! Matt prétendait que c’était trois fois rien et ne voulait pas y aller…

            Emma ne put s’empêcher de la bousculer.

            – Vous ne vous êtes pas battue pour le retenir ?

            Sarah haussa les épaules.

            – Vous avez bien regardé cette femme ? Je n’avais pas les armes pour lutter. Elle était plus jeune, plus belle, plus brillante que moi. Et puis, pendant des a

            Sa voix s’étrangla, mais elle poursuivit :

            – Matthew est quelqu’un de romantique et d’idéaliste. Lorsqu’il a rencontré Kate, il s’est persuadé d’avoir trouvé son âme sœur. Et apparemment, elle aussi l’aimait. Peut-être même plus que moi. En tout cas, elle savait mieux le lui montrer.

            À présent, des larmes brillaient dans ses yeux.

            – Pendant quelque temps, j’ai espéré que tout ça ne soit qu’une passade, puis lorsque j’ai appris que Kate était enceinte, j’ai compris que tout était définitivement fini entre Matt et moi.

            Soudain, le groupe d’enfants envahit la buvette dans une clameur. Sarah regarda sa montre et se leva.

            – Bon, je dois y aller. Pourquoi prétendez-vous que Matthew a des e

            – Je… je ne peux pas vous le dire encore. Vous êtes restée en contact avec lui ?

            Sarah secoua la tête.





            – Vous plaisantez ? Ces dernières a

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            Les blessures de la vérité

            Les vérités qu’on aime le moins apprendre sont celles qu’on a le plus d’intérêt à savoir.

            Proverbe chinois

            Boston, 2010

            17 heures

            Il faisait nuit. La neige s’entassait dans les rues de Boston en couches épaisses et silencieuses. De gros flocons duveteux tombaient sur le pare-brise du taxi avant d’être chassés par les puissants essuie-glaces. La voiture arriva sur Boylston Street et déposa Emma au pied du Four Seasons. Le portier l’aida à descendre de la berline et l’escorta avec son parapluie jusqu’aux portes de l’hôtel.

            Plongée dans ses pensées, la jeune femme traversa le hall sans s’arrêter. Alors qu’elle se dirigeait vers les ascenseurs, le réceptio

            – Madame Lovenstein, votre petit frère est arrivé il y a une heure. J’ai pris l’initiative de l’installer dans une chambre attenante à votre suite.

            – Mon petit frère ? Comment ça, mon petit frère ?

            Elle monta jusqu’au septième étage et débarqua dans sa chambre pour y découvrir… Romuald Leblanc. Allongé sur le canapé, il grignotait les chips du minibar en buvant une canette de soda. Il avait branché ses enceintes sur lesquelles reposait un baladeur qui crachait un morceau de Jimi Hendrix.

            – Tête de blatte ?

            Emma regarda autour d’elle. Le gamin avait apporté avec lui tout son barda : une valise, un sac à dos, une besace… Même son drone était posé sur la table basse du salon.

            – Qu’est-ce que tu fous ici ? demanda-t-elle en baissant le son de la musique.

            – Chuis venu vous aider, répondit l’adolescent la bouche pleine.

            – M’aider à quoi ?

            – Je pense que vous avez des e

            – Et en quoi cela te concerne ?

            – Ça me concerne parce que vous finissez toujours par me demander de l’aide.

            Emma le regarda en plissant les yeux. Il n’avait pas forcément tort, mais elle refusait de rentrer dans cette logique.

            – Écoute, mon garçon, c’est très aimable à toi, mais tu vas me faire le plaisir de reprendre tes affaires et de te tirer de là, fissa !

            – Pourquoi ?

            – D’abord parce que tu es mineur. Ensuite parce que tu es sur le territoire américain illégalement et qu’en France, tes parents doivent s’inquiéter pour toi. Enfin, parce que j’ai déjà assez de problèmes comme ça sans me charger d’un poids supplémentaire : toi !

            Il se leva du canapé d’un bond, bien décidé à ne pas abando

            – Mais je peux vous aider à enquêter ! À deux, on va plus vite et on réfléchit mieux. D’ailleurs, la plupart des grands enquêteurs forment un duo : Sherlock Holmes et le docteur Watson, Batman et Robin, Starsky et Hutch, Brett Sinclair et Da

            – Bon, ça va, tu ne vas pas tous me les citer ! s’énerva Emma.

            – Loïs et Clark, Hit-Girl et Big Daddy, Richard Castle et Kate Beckett… continua Romuald dans de grands gestes.

            – ÇA SUFFIT MAINTENANT ! cria-t-elle. Je t’ai dit non. Et non, c’est non !

            Elle sortit son ordinateur de son sac, le posa sur la table et souleva l’écran.

            – Tu m’as aidée, c’est vrai et je t’en remercie. Pour la peine, je vais t’offrir un billet retour pour Paris. Je veux bien aussi te payer une nuit d’hôtel, mais au Hilton de l’aéroport, pas ici.

            Le geek émit un grognement de colère. Joignant le geste à la parole, Emma fit glisser le curseur pour se co