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            – Allô.

            – Madame Kate Shapiro ?

            – Elle-même.

            – Société de surveillance Blue Watcher, nous venons de…

            – Mon alarme, oui, je suis désolée. Mon mari a dû changer le code sans m’en avertir. Pouvez-vous la faire cesser ?

            – Pas avant d’avoir procédé aux vérifications d’usage.

            Vloiiiiing ! Vloiiiiing ! Vloiiiiing !

            Si Romuald n’avait pu désactiver le système à distance, il avait néanmoins réussi à pénétrer dans le serveur de l’entreprise. Il avait subtilement modifié le numéro à contacter en cas de déclenchement de la so

            – Dans quelle ville vos parents se sont-ils rencontrés ? demanda l’employé.

            Emma baissa les yeux pour lire les réponses que lui avait communiquées Romuald et qu’elle avait notées au stylo sur son poignet.

            – À Saint-Pétersbourg.

            – Quel était votre film préféré lorsque vous étiez enfant ?

            –  Les Aventures de Bernard et Bianca.

            – Comment s’appelait votre meilleure amie lorsque vous étiez étudiante ?

            – Joyce Wilkinson, répondit-elle sans hésiter.

            Instantanément, la sirène cessa de hurler.

            – Je vous remercie, madame Shapiro. À l’avenir, demandez à votre mari de vous prévenir en cas de changement de code.

            Emma raccrocha et essuya les perles de sueur sur son front. Elle s’avança vers la fenêtre, tout en restant dissimulée derrière le rideau. Aucun mouvement ne troublait Louisburg Park, mais cela risquait de ne pas durer.

            Que dirait-elle si un flic so

            Sa colère envers Kate la motivait et avait eu comme premier bénéfice de la faire sortir de son état dépressif en lui do





            Emma ne savait pas très bien ce qu’elle cherchait. Une confirmation de l’infidélité de Kate ? Un indice qui pourrait la mettre sur la piste de l’identité du mystérieux inco

            Le rez-de-chaussée était aménagé comme un loft avec un grand salon et une cuisine ouverte. Le chauffage diffusait une douce chaleur. La pièce était agréable, accueillante, familiale. Près du canapé, un beau sapin de Noël aux lumières clignotantes, sur le comptoir de la cuisine, des miettes de pain, un pot de confiture qu’on avait oublié de ranger, un dessin d’enfant à moitié colorié, le New York Timesdu jour ouvert au cahier Culture.

            Sur les murs et dans les cadres posés sur les étagères, on pouvait voir de nombreuses photos des membres de la famille dont des clichés en noir et blanc qui représentaient à coup sûr Kate enfant : une jolie petite fille blonde et sa mère autour d’un piano ou marchant main dans la main dans les rues d’une ville russe – sans doute Saint-Pétersbourg. Puis des clichés à la couleur passée : une frêle adolescente posant devant la Space Needle et plus tard une jeune étudiante presque diaphane en jean et sac à dos sur les pelouses qui s’étendaient devant le campanile de l’université de Berkeley. Un saut dans le temps faisait alors passer de l’étudiante timide à une jeune femme pleine d’assurance. C’était la Kate d’aujourd’hui, celle qu’elle avait aperçue, la chirurgie

            Ces clichés soulevaient plusieurs questions, mais Emma réserva son analyse pour plus tard. Elle dégaina son téléphone et consacra trois minutes à fixer sur l’objectif toutes les photos affichées dans la pièce. Dans la cuisine, elle garda aussi une trace de l’emploi du temps hebdomadaire de Kate placardé sur un pa

            Délaissant provisoirement le rez-de-chaussée jugé trop exposé, elle monta au premier étage.

            Il s’articulait autour d’une grande suite parentale à la décoration dépouillée, desservie par deux salles de bains et prolongée par un dressing, une chambre d’enfant et une pièce presque vide qui faisait office de bureau.

            La chambre du couple était envahie de livres posés à même le sol des deux côtés du lit. À gauche, des essais de philosophie ( Vie de saint Augustin, Lectures de Nietzsche…), à droite, des publications scientifiques ( Les Chirurgies de l’insuffisance cardiaque, Les Cardiopathies congénitales, Sang artificiel et cellules souches…). Pas difficile de deviner la place de chacun…

            Cette vision du lit conjugal raviva chez Emma les braises de la jalousie. Nerveuse, elle inspecta les étagères et fouilla les tiroirs de la commode. Dans l’un d’eux, elle trouva les passeports du couple. Elle ouvrit le premier : Matthew Shapiro, né le 3 juin 1968 à Bangor (Maine), puis le deuxième : Ekaterina Lyudmila Svatkovski, née le 6 mai 1975 à Saint-Pétersbourg (Russie).

            Kate est russe…

            Ça expliquait la blondeur, les yeux clairs, cette beauté froide et distante…

            Le bruit d’un moteur de voiture monta de la rue. Craignant un retour du couple, elle jeta un coup d’œil par la fenêtre – fausse alerte – avant de poursuivre ses investigations.

            Elle ne perdit pas de temps dans la salle de bains de Matthew, mais s’attarda dans celle de « madame ». Elle ouvrit les portes, les tiroirs et les compartiments de tous les meubles. L’élément principal – une étagère suspendue – débordait de produits de beauté : crèmes, lotions, maquillage. Dans la colo

            Malgré les apparences, Kate n’était pas la femme épanouie et sereine qu’elle s’était imaginée. Elle était sans doute comme elle : tourmentée, anxieuse, peut-être vulnérable. Son mari était-il au courant du contenu de l’armoire à pharmacie ? Probablement pas, sinon la chirurgie

            Elle poursuivit son exploration en pénétrant dans la salle-penderie.

            Mon rêve…

            C’était le dressing parfait : vaste, épuré, raffiné et fonctio

            Avec une curiosité assumée, elle ouvrit méthodiquement chaque penderie, fouilla chaque armoire, inspecta chaque tiroir, souleva des piles de vêtements, examina des dizaines de paires de chaussures et de pièces de lingerie. Posés contre le mur, une échelle en bois sombre et un marchepied permettaient d’accéder aux espaces les plus hauts. Elle s’y hissa pour passer au crible le contenu de cette partie du dressing. Assez vite, elle mit la main sur un blouson de cuir plié et posé à plat sur la plus haute des étagères. C’était une veste de motard usée avec un col en mouton retourné. Le même genre de veste que portait l’« amant » de Kate ce matin ! Emma l’examina avec attention. Elle palpa la doublure. Dans l’une des poches à rabat, elle trouva un cliché délavé. C’était une photo de Kate, seins nus, qui devait remonter à une quinzaine d’a