Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 57 из 71

« Fandor, co

— Non, mon commandant.

— Vous le co

— Non, mon commandant, répéta Fandor qui, aussi, tôt, pris d’une nouvelle inquiétude, interrogea :

— Pourquoi ?

— Parce que, fit en hésitant cette fois le commandant Dumoulin, parce que…

Puis s’étant arrêté un instant, il reprit :

— Vous n’ignorez pas que chez le capitaine Brocq, mystérieusement assassiné, on a volé un document intéressant le plan de mobilisation ?…

— Je le sais, fit Fandor.

— Ce n’est pas tout, continuait, Dumoulin. On a volé également chez le malheureux officier une certaine quantité d’argent. Brocq avait l’habitude de noter sur un carnet les sommes exactes qu’il possédait, et notamment de noter les numéros de ses billets de banque. Or, de son tiroir-caisse, des billets de banque ont disparu ; ceux qui manquaient portaient les numéros A 4998 ; O 4350 ; U 5108… Ce sont ceux que l’on a retrouvés dans vos poches.

Il y eut un silence angoissant. Fandor parut atterré par cette dernière découverte. Tout se liguait contre lui, décidément. Ah ! il était pris, pris comme une souris dans une souricière. D’où lui venaient ces billets que le commandant déclarait avoir été retrouvés dans son paquetage à Verdun ? Parbleu, c’était bien simple, c’étaient les billets que lui avait traîtreusement glissés dans la main l’un des frères Noret, les imprimeurs, billets dont le journaliste ne pouvait alors soupço

Évidemment, Fandor, dès son départ de Paris sous l’uniforme du caporal Vinson, avait été percé à jour par la bande de traîtres qu’il voulait découvrir. Sans s’en douter, il avait été le gibier que l’on chasse alors qu’il prétendait être le chasseur, et ce chasseur de pacotille était niaisement tombé dans le piège…

Soudain, une inquiétude terrible.

Un être au monde était capable de cela, et Fandor qui n’avait pas voulu y croire quelques semaines auparavant, lorsqu’il en discutait avec son ami le policier, devait désormais en accepter l’hypothèse comme certaine, tant par ses actes invisibles, sa perso

C’était signé : Fantômas.

Fandor eut beau faire et se débattre, désormais le commandant Dumoulin était convaincu que son instruction avait franchi un pas immense. Il estima que l’interrogatoire devait s’achever sur un dernier mot, une dernière phrase, qu’il proférait sole

— Fandor, s’écria-t-il, non seulement vous êtes accusé du crime de trahison et d’espio

31 – UN DRAME DANS UNE ROULOTTE

Il pleuvait toujours.

Sur la route de Sceaux, tenant tête à la tempête, fonçant dans les rafales qui lui jetaient au visage de véritables trombes d’eau, faisaient envoler les pans de sa longue mante, collaient ses cheveux à son front et par moments la suffoquaient au point que pour respirer elle devait mettre la main devant la bouche, une gitane avançait…

Il fallait en vérité que cette jeune femme courût à un rendez-vous d’importance extrême pour avoir osé se risquer sur la grande route, à pareille heure, par un tel temps…

À une église voisine, l’horloge avait so

— Vagualame m’a dit qu’il serait à la première borne kilométrique, passé les hangars d’aviation. Il faut que j’y aille, et j’irai !…

C’était en effet Bobinette, cette gitane, Bobinette qui, obéissant encore une fois aveuglément à celui qu’elle considérait comme son maître, se dirigeait vers le mystérieux rendez-vous que le bandit lui avait fixé il y avait cinq jours…

Ce n’était pas que la fausse gitane fût sans crainte.

Et d’abord, que lui voulait Vagualame ? Bobinette ne s’était jamais avoué qu’elle ignorait à vrai dire qui était Vagualame…





Mais elle était trop fine, trop intelligente pour avoir pu se défendre de noter certaines coïncidences, de remarquer certains détails qui lui avaient fait pressentir que le joueur d’accordéon n’était autre que… Fantômas.

Les trois syllabes réso

Vagualame lui avait dit qu’il lui do

Et tout en avançant, Bobinette frémissait en songeant à la bizarrerie de cette rencontre, la nuit, sur une grande route, là où il n’y avait ni chemin de fer, ni moyen de communication d’aucune sorte qui pût vraiment faire supposer un départ à l’étranger…

Une seule chose la rassurait…

Elle sentait à chacun de ses pas battre sur son front le collier de sequins qu’elle avait épinglé à ses cheveux en guise de serre-tête, à la mode des bohémie

« Le corail luit sur ma peau brune,

« L’épingle d’or à mon chignon,

« Je m’en vais chercher fortune… »

…Était-ce vraiment vers la fortune qu’elle courait par la nuit mauvaise ? N’importe !

Bobinette se disait, qu’après tout, puisque Vagualame l’avait convoquée en tenue de gitane, c’est qu’évidemment il avait bien l’intention de favoriser sa fuite. Elle n’imaginait point, autrement, qu’il ait pu prévoir la nécessité de ce déguisement…

Bobinette, tout en réfléchissant, avançait d’un bon pas, levait la tête, tentait de s’orienter. La veille, pour ne pas risquer de manquer au rendez-vous que lui avait désigné Vagualame, elle s’était rendue sur la route de Sceaux, elle avait été reco

À gauche de la route, toute bordée de grands arbres que l’hiver avait dépouillés de leurs feuilles, qui se dressaient, mélancoliques, avec des airs de fantômes décharnés, elle venait d’apercevoir quelque chose de sombre, comme une tache noire, plus noire encore que la nuit enviro

Qu’était-ce ?… Au même moment, dans la nuit, une plainte s’était élevée, plainte étrange, longue, sourde, profonde, comme exhalée de quelque gosier infernal, cri, hurlement, appel, grondement, elle n’aurait su le dire, et voilà qu’elle s’arrêtait, tremblante, glacée d’effroi, les oreilles encore bourdo

Et soudain, dans la rafale qui passait en sifflant dans les branchages des arbres, elle entendit une voix railleuse, sèche, impérative, voix de menace, voix de commandement.

C’était la voix de Vagualame :

— Avance donc, grande sotte, pourquoi t’arrêtes-tu ?

Bobinette fit effort sur elle-même, reprit sa marche.

Elle arrivait quelques secondes après, aux côtés de Vagualame qui venait au-devant d’elle :

— Avez-vous entendu ?

Elle haletait en songeant au mystérieux grondement qu’elle venait de surprendre…

Vagualame haussait les épaules :

— J’ai entendu, répondit-il, le vent qui hurle, la pluie qui grésille, les arbres qui s’inclinent… et voilà tout…

— On a crié ?

— Qui, on ? nous sommes seuls ici !… Bobinette, tu es seule avec moi !…