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Le bandit se tut puis il reprit avec une intonation de raillerie :

— Tu n’as pas peur ?

— Non, Vagualame, je n’ai pas peur, mais…

— Mais tu trembles, dit le bandit avec un éclat de rire qui so

Il passait soudain son bras sous le bras de Bobinette, la jeune femme sentait qu’il l’empoignait d’une étreinte de fer, qu’il la forçait à avancer :

— Viens ! Viens t’abriter.

Et vers la tache sombre que Bobinette n’avait point encore identifiée, Vagualame attira la jeune femme :

— Mettons-nous là, disait-il ; ici, du diable si nous pourrions jamais causer… or, nous avons à causer !…

Ils étaient, quelques secondes après, tous deux accotés contre une roulotte de bohémiens, rangée sur le bas côté de la route.

— Ton futur domicile, dit Vagualame en montrant la voiture à Bobinette, complètement ahurie. Mais ce n’est pas encore l’heure d’emménager, nous avons à causer.

Le bandit était enroulé, des épaules aux pieds, dans une sorte de cape sombre qui empêchait de rien distinguer de son habillement. Bobinette voyait tout juste sa silhouette. Il lui était impossible d’apercevoir son visage, sans doute dissimulé par le bord rabattu du feutre mou qu’elle apercevait, se détachant par instants à la lueur des éclairs, sur le ciel. Pourtant elle frisso

— Que voulez-vous dire ? que m’ordo

Vagualame fit quelques pas en avant, puis, revenant en arrière, s’arrêta droit devant la jeune femme, toujours appuyée à la roulotte de bohémiens :

— Bobinette, écoute-moi ! écoute-moi de toute ton âme ! car, par Dieu, voilà les dernières paroles qu’il te sera jamais do

Et sans laisser le temps à la jeune femme de l’interrompre :

— Dis-moi, que co

— Je ne vous comprends pas !… j’ai peur !…

— Vraiment ! dit-il enfin, tu ne me comprends pas ? Tu as peur ?… Allons donc ! si tu as peur, c’est que tu me comprends !…

Dans un râle, Bobinette hurla :

— Mais vous êtes fou ! Vagualame… que croyez-vous ? Pitié !… pitié !…

— Bobinette, tu te trompes étrangement !… Je ne suis pas de ceux à qui l’on crie pitié… Je ne co

Il se tut une seconde, puis reprit, comme emporté dans une subite colère :

— Et tu crois que je suis fou ? Ah çà ! Bobinette, mais quelle femme es-tu donc pour essayer de me tromper ? Quelle est donc ta folie, à toi, pour penser que tu vas me duper ? moi ?

— Vagualame, qui êtes-vous ? dites-le-moi…

— Qui je suis ! pardieu !… tu le demandes ? tu veux le savoir ? Eh bien ! qu’il soit fait suivant ta volonté !… C’est ta dernière volonté !… Qui je suis ?… regarde !

Lentement, d’un mouvement digne et sûr, Vagualame déroula la longue cape dans laquelle il était enveloppé.





Il arracha son chapeau qu’il jeta à ses pieds et les bras croisés, fixant Bobinette, il l’apostrophait :

— Ose dire mon nom, ose me nommer !…

Le mendiant de tout à l’heure, sa cape enlevée, dépouillé de son chapeau, apparut soudain, non plus comme un vieillard au corps tassé, mais comme un homme à coup sûr jeune, vigoureux, superbement musclé. Il était vêtu, ganté plutôt, d’un maillot collant de laine noire qui, des pieds jusqu’au cou, le gainait étroitement…

Bobinette ne pouvait apercevoir son visage : celui-ci était dissimulé par une longue cagoule noire enveloppant entièrement sa tête. Seuls les yeux d’où sortaient deux reflets fauves, deux regards de feu, lumineux, impressio

Cette vision, la vision de cet homme, sans visage, sans ressemblance avec un autre homme, la vision de cette apparition au masque anonyme, au corps de statue, de cet être qui n’était aucun être reco

— Fantômas ! ah ! vous êtes Fantômas !

… L’orage redoublait de violence, la tempête déchaînée multipliait ses hurlements sinistres, la nuit se faisait plus sombre, la pluie plus lourde, le vent plus impétueux.

— Fantômas ! vous êtes Fantômas !

Comme à dessein, comme jouissant du trouble de la pauvre fille, le bandit ne se hâtait pas de répondre :

— Eh bien, oui ! faisait-il enfin, je suis Fantômas !… Je suis celui que le monde entier recherche, que nul n’a jamais vu, que nul ne peut reco

Il semblait à la malheureuse que la respiration lui manquait.

Tandis que le bandit prononçait sa sinistre apologie, tandis qu’il se vantait de l’impunité qu’il avait su toujours s’assurer, en ne se laissant jamais voir sous sa véritable forme, en trompant toujours ceux qui s’acharnaient à sa poursuite, Bobinette croyait mourir, croyait s’écrouler sur le sol… ses jambes vacillaient, un vertige l’entraînait toute, elle tomba à genoux :

— Pitié ! maître !… pitié ! Fantômas !

Il railla encore :

— Fantômas avoir pitié ! Ah ! Bobinette, comme ton cerveau est petit ! comme ton intelligence est médiocre ! vouloir accoler ces deux mots : Fantômas et pitié… Quelle dérision !

Il poursuivit, pris d’une colère furieuse :

— Fantômas ne fait point merci ; Fantômas ordo

— Mais qu’ai-je fait ?… maître, Fantômas… qu’ai-je fait ?…

Lentement, le bandit qui avait ramassé sa cape, s’enroula dans le vêtement mystérieux. Encore qu’il eût lâché Bobinette, il ne pouvait venir à la pensée de cette dernière de tenter seulement de prendre la fuite. De toute la force de sa volonté, Fantômas l’immobilisait comme un oiseau est hypnotisé devant le chat qui le guette. Il jouait avec elle. Il était certain d’en être maître au moment où il lui plairait de s’en saisir…

— Ce que tu as fait ? tu as voulu me trahir. Tu as indiqué à la police, à Juve ou à Fandor, à mes e

— Je ne l’ai pas fait, hurla Bobinette. Je vous jure…

Mais Fantômas était convaincu que la jeune femme l’avait trahi. Pour une fois son admirable perspicacité se trouvait en défaut. Il ne soupço

— Tu vas mourir, dit-il… Mais il ne sera pas dit que moi, Fantômas, j’aurai jamais porté la main sur l’un de ceux qui me servent, sur l’un de ceux que j’emploie… tu vas mourir, mais ce ne sera pas de ma main, je te do

***

Bobinette entendait des cloches carillo