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Avec un bel ensemble les deux hommes répondirent :

— Oui, mon commandant.

— Vous co

— Oui mon commandant.

Dumoulin, d’un geste de la main, désignait Fandor et poursuivait :

— Est-ce lui ?

— Oui, mon commandant ! répondirent encore les deux soldats…

Mais à ce moment le lieutenant Servin fit observer à son chef que les témoins avaient répondu affirmativement, sans même tourner la tête du côté du pseudo caporal.

Le commandant se fâcha. Il cria :

— Espèces d’imbéciles, avant de dire que l’on reco

Les hommes obéirent.

— Est-ce le caporal Vinson ?

— Oui, mon commandant !…

L’officier insista encore :

— Vous en êtes sûrs ?

— Non, mon commandant.

Le commandant Dumoulin s’exaspérait de plus en plus contre eux.

— Ah, çà, hurla-t-il, est-ce que vous vous foutez du monde ? je m’en vais vous coller huit jours de boîte si vous continuez à être aussi bêtes que ça. Tâchez de comprendre ce que vous faites.. Savez-vous seulement pourquoi vous êtes ici ?

Après s’être consultés du regard un instant, pour savoir lequel des deux prendrait la parole, Tarbottin, moins timide que son compagnon expliqua :

— C’est le sergent qui nous a dit comme ça, mon commandant, que nous étions envoyés à Paris pour reco

— Alors ?

— Alors, continua Hiloire… on le reco

Et tous deux conclurent, fiers d’avoir compris la consigne :

— On a des ordres… on les exécute.

Le commandant était devenu écarlate. D’un violent coup de poing, il envoya promener trois dossiers par terre et s’adressant au lieutenant Servin :

— Je ne comprends vraiment pas le capitaine d’état-major qui paraît avoir choisi exprès les plus grandes brutes de son service. Que diable voulez-vous qu’on obtie

Il interrogeait encore son subordo

— A-t-on procédé à la contre-épreuve ? leur a-t-on montré le cadavre du vrai caporal Vinson ?

Le lieutenant répondait affirmativement.

— Et qu’ont-ils déclaré ?

— Rien de précis, fit le lieutenant substitut. Ils étaient très émus à la vue du mort. Les traits sont d’ailleurs décomposés, – on n’a rien pu tirer d’eux…

Fandor prit la parole.

— Mon commandant, déclara-t-il, je suis fort surpris que vous ayez cru devoir ne faire venir que ces deux soldats, c’est tout au moins étrange… Véritablement, sans demander de faveur, j’ai le droit de m’attendre à ce que l’instruction du procès que vous voulez m’intenter soit faite plus sérieusement que cela… Un magistrat doit être impartial et…

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire, éclata le journaliste, que depuis quarante-huit heures vous faites preuve à mon égard d’une partialité révoltante…

— Mais, s’écria Dumoulin, du fond du cœur et abando

Et le commandant avait raison. C’était le plus digne, le plus respectable des officiers, et s’il instruisait avec ardeur l’affaire dont il était chargé, il prétendait le faire sans la moindre animosité, avec la plus grande conscience.

L’officier, surmontant son émotion, reprit, protocolaire :





— Fandor…

Mais il s’interrompit soudain, jeta un regard courroucé aux deux soldats demeurés plantés au milieu de la pièce :

— Qu’est-ce que vous foutez là ? hurla-t-il…

Les soldats saluèrent sans répondre.

— Lieutenant, grogna le commandant Dumoulin, excédé, sortez-les… et qu’on ne les voie plus… qu’on ne les voie plus…

Puis, éprouvant un violent besoin de prendre l’air, Dumoulin a

— Nous reprendrons l’interrogatoire dans cinq minutes.

Le commandant s’était calmé, Fandor de son côté avait retrouvé son sang-froid. Le journaliste se rendait compte que la scène ridicule qui venait de se produire ne pouvait que tourner à son avantage. L’interrogatoire recommença.

Toutefois, ce n’était plus l’irascible rapporteur et le vindicatif inculpé qui se trouvaient l’un en face de l’autre, c’étaient deux hommes de bo

— Fandor, reprit le commandant, avec une intonation aimable dans la voix, vous avez évidemment été entraîné par des contingences… que je n’ai pas à apprécier, à commettre des choses irrégulières. Nommez-nous vos complices. Il vous en sera tenu compte ?

— Non, mon commandant, si j’ai cru devoir prendre la perso

— Autrement dit, vous prétendez avoir fait du contre-espio

— Si vous voulez.

— On dit toujours cela ! Au cours de ma carrière, monsieur Fandor, il m’est arrivé d’instruire trois ou quatre affaires d’espio

— Je ne puis m’en écarter.

— C’est bien, poursuivit le commandant, le conseil appréciera.

Soudain, le commandant Dumoulin qui décidément ne menait pas mal du tout son instruction, ménageant ses effets, sachant les graduer au moment propice, assena un nouveau coup au reporter :

— Fandor, dit-il… Ces complices que vous vous refusez à nommer, ne vous ont-ils pas rémunéré de vos peines ?

— Qu’entendez-vous par là ? demanda le journaliste.

— Ne vous ont-ils pas do

— Non.

— Cherchez bien et soyez franc !

Fandor, consciencieusement, fouilla dans sa mémoire, il tressaillit, l’aventure survenue dans l’imprimerie des frères Noret lui revenait soudain à l’esprit. Convenait-il de nier ? Cela répugnait au caractère franc du journaliste. Néanmoins, Fandor s’était juré de ne rien laisser deviner encore de ce qu’il savait. Il persista dans sa déclaration, baissa la tête :

— Non, mon commandant, je n’ai pas reçu d’argent des espions.

L’officier se tourna vers le greffier et l’interpellant :

— Notez cela, greffier, notez cela en soulignant au crayon rouge. Cette déclaration est capitale.

Le commandant fouilla dans un tiroir de son bureau, il en tira une enveloppe cachetée, l’ouvrit, en tira une autre enveloppe.

Fandor suivait curieusement ce manège, se demandait où voulait en arriver l’officier.

D’une troisième enveloppe, le commandant finit par sortir quelques billets de banque jaunis, froissés et, les montrant à Fandor :

— Voici, fit-il, trois billets de cinquante francs neufs qui portent les indications suivantes : A. 4998 O. 4350 U. 5108… On les a trouvés avec d’autres, dissimulés dans votre paquetage à la caserne Saint-Benoît à Verdun. Reco

— Comment voulez-vous que je le sache, interrogea Fandor, un billet de banque ne se distingue pas d’un autre !

— Si, fit l’officier, par le numérotage… mais j’admets volontiers que vous n’inscriviez pas les numéros de chacun des billets qui passent par votre portefeuille ; nous avons mieux, pour démontrer que ceux que je tiens à la main sont bien ceux qui étaient en votre possession… Ces billets ont été récemment soumis à un examen approfondi au service anthropométrique. Or, il a été démontré, reco

— Non, répondit simplement Fandor, j’accepte la conclusion de l’anthropométrie…

— Vous reco

— Eh bien, oui.

L’officier, s’adressant encore au sergent qui remplissait les fonctions de greffier, ordo

— Notez cela au crayon rouge, cet aveu est important, très important…