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Si Juve raillait, après tout, le policier était fondé à se venger…

Et Fantômas, qui co

Non, ce qui l’intriguait, ce qui le laissait haletant, c’était ce mystère :

« Il avait eu la seconde d’avant l’impression que Juve en compagnie d’un étranger tout vêtu de noir, s’avançait vers lui, alors qu’en réalité Juve le suivait et que Juve était seul… »

Quelle était l’explication de cette erreur ?

Pourquoi aussi avait-il cru buter dans une cloison ?

Fantômas, soudain, éclata de rire.

— Parbleu, cria-t-il, la glace… c’est la glace ?

Juve, surpris de cette gaieté intempestive qui, mieux que n’importe quoi, pouvait marquer l’énervement où était Fantômas, ne put s’empêcher d’approuver…

— Oui ! fit-il, commentant les paroles de Fantômas, j’ai compris votre erreur, moi. Vous ne vous êtes pas aperçu qu’une glace occupait le fond de ce couloir où vous arriviez ? Vous avez cru que je venais au-devant de vous, alors qu’en réalité, je marchais derrière vous ?

— Mais l’homme noir ? interrogea Fantômas…

— L’homme noir ? c’est vous.

Fantômas baissa les yeux, se regarda… Juve avait raison.

Lorsque Fantômas avait quitté Durban, la blouse blanche qu’il portait était toute imprégnée de produits antiseptiques. À ces produits, s’était collée la suie s’échappant de la cheminée de la chaloupe à vapeur…

Et petit à petit, le vêtement blanc de Fantômas était devenu noir, parfaitement noir.

L’explication du mystère do

Il avait pris Fantômas par les épaules, il le tirait en arrière :

— Vous me comprenez, n’est-il pas vrai ? demanda-t-il, cependant qu’ayant attiré le bandit dans une cabine vide, il le dépouillait de sa blouse, il prenait son masque.

— Vous voyez mon plan, Fantômas ? Vous avez eu jadis l’idée infernale, je le répète, de faire naître la peste à ce bord pour que j’y sois retenu par la surveillance rigoureuse des bâtiments de la Santé… Parfaitement. Vous allez être pris à votre propre piège. Oh, j’ajoute que votre sort, à vous, sera infiniment moins terrible que ne l’a été le mien. Comme je ne veux pas votre mort, parce que je ne suis pas un assassin, moi, Juve, je me suis arrangé ce matin, après avoir fait moi-même les signaux, que j’avais minutieusement appris et préparés dans les livres de bord, découverts dans la cabine du capitaine, mort, il y a déjà huit jours, j’ai fait en sorte de faire descendre tous les malheureux, atteints par la maladie dans le faux pont. Ils n’y sont pas plus mal qu’ailleurs. Ils ont la libre disposition de tout le bateau à l’exception des salons de première et du pont… Vous, Fantômas, vous serez donc libre d’aller et venir sur le pont et dans ces cabines… Vous ne verrez les pestiférés que si bon vous semble ; vous ne courrez pas, en somme, grand risque de contagion, puisque, grâce à ma ruse, grâce aux écoutilles qui sont fermées, ils ne peuvent venir jusqu’à vous… Ah ! je vous signale pourtant que vous rencontrerez un pauvre enfant, un jeune mousse d’une douzaine d’a

« Et maintenant, Fantômas, adieu. N’avez-vous rien à me dire ?

Fantômas était blême d’effroi. La résolution de Juve était irrévocable, il sentait bien qu’il eût été inutile de le prier, que le policier ne ferait point grâce…

Fantômas allait rester seul à bord du bateau.

— Juve, dit-il enfin d’une voix où perçait son effroi, la hantise qu’il avait de la mort qu’il allait être condamné à coudoyer chaque jour, Juve, vous oubliez que si je meurs, vous ne retrouverez jamais Fandor ?…

Mais à cette phrase du bandit, Juve répondit par un ricanement sauvage :

— De deux choses l’une, Fantômas, dit-il : ou Fandor est encore en vie et Fandor se trouve sur cette terre, ainsi que vous me l’avez affirmé et je saurai bien le sauver sans vous, ou vous m’avez trahi, jadis, comme vous m’avez trahi en m’enfermant sur ce bateau. Je n’ai nulle raison de vous épargner.

Juve hésitait encore, puis, d’une voix basse, il ajouta :

— Pourtant oui, si je retrouve Fandor, si je le retrouve sain et sauf, Fantômas… alors, peut-être, tâcherai-je de vous arracher à cet enfer, si vous y êtes encore. Adieu.

À toute vapeur, la chaloupe s’éloigna alors du British Queenet revint sur Durban.

18 – L’AVEUGLE

Une plainte retentissait. La vieille Laetitia râlait.

Tandis que Jupiter pris pour l’assassin de la vieille femme s’enfuyait, poursuivi par toute une meute, quelqu’un s’était glissé, en effet, chez la vieille femme, perso





Ce quelqu’un était Sosthène, le métis rebouteux. Sosthène avait trouvé Laetitia, couchée sur son lit, hurlant.

Le sang qui lui sortait des orbites s’était coagulé sur ses cheveux blancs, sur son visage, en une épaisse couche rouge.

Sosthène avait contemplé la vieille femme d’un air ravi.

— C’est un beau cas, s’était-il écrié alors, c’est un très beau cas.

Il avait hésité entre deux remèdes qui lui étaient familiers.

Devait-il chercher deux grenouilles vivantes et les attacher sur les yeux de la malade à l’aide d’un bandeau ? devait-il, au contraire prendre un poulet, le couper par moitié d’un coup de sabre et appliquer ses intestins encore fumants sur les blessures de la vieille femme ?

Sosthène s’était décidé équitablement.

Il mettrait une grenouille sur l’œil droit et le poulet sur l’œil gauche.

Il avait donc couru dans la cour de la ferme et là, dans la mare, n’avait pas été long à attraper une grenouille.

Il avait enfermé l’animal sous une bassine qu’il avait retournée, puis il était allé se saisir dans le poulailler d’un jeune poulet, auquel il s’apprêtait à passer au travers du corps, un énorme sabre, décroché à la muraille de la grande salle…

Sosthène était si affairé, si préoccupé par ses préparatifs, qu’il accomplissait avec un zèle de maniaque, qu’il n’avait pas entendu que quelqu’un, sautant la haie, pénétrait dans la ferme.

Il tressaillit, comme on l’appelait :

— Hello, vilain noir, que fais-tu ici ?

— Massa Teddy, massa Teddy.

L’apparition de Teddy le laissait déconfit, apeuré, anxieux.

Car Teddy ne l’aimait pas.

— Que fais-tu ici ?

— Je… je soigne…

— Qui ?…

— Je soigne Laetitia…

— Laetitia ?

— Oui, Laetitia, massa. Li être très malade…

— Qu’a-t-elle ?

Mais Sosthène n’était plus, lui, en état de rien expliquer… Il s’effarait, do

Et, pointant du doigt vers Teddy, il haleta :

— Oh ! massa quoi c’est-il que vous portez ?… moi être si effrayé.

Teddy portait en effet sous son bras un crâne, le crâne mystérieux, la tête de mort que lui et Fandor, et qu’en dépit des serpents, il avait pu aller prendre au creux de l’arbre, au fond de la forêt…

Teddy, malheureusement pour Sosthène, n’avait pas envie de bavarder. À l’idée que Laetitia était malade, très malade, il perdit la tête…

Et se précipitant vers Sosthène, l’empoignant par le bras :