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C’était le baccara le plus simple et le plus net.

Fandor, après avoir observé que le tableau de droite gagnait d’une façon à peu près régulière depuis quelques instants, décida, par esprit de contradiction et peut-être parce qu’il faisait un subtil raiso

Il risqua une livre sterling, une fois… deux fois… trois fois. Dès lors, Fandor était pris dans l’engrenage, d’autant plus qu’il gagnait. Le journaliste comprenait le jeu.

Il s’agissait d’avoir neuf ou tout au moins le chiffre l’approchant le plus près, et cela avec deux cartes, trois au maximum.

La chance favorisait le journaliste ; au bout d’un quart d’heure, déjà en possession d’un petit tas d’or, auquel se mêlaient quelques billets de banque. Fandor s’initiait aux subtilités du tirage à cinq.

Brusquement, alors qu’il gagnait toujours, le jeu s’arrêta ; la banque venait de sauter. L’homme qui la tenait s’était levé, tout pâle, sans mot dire, et se retirait, se perdant dans la foule indifférente, cependant que le croupier, d’une voix glapissante, criait autour de lui :

— Aux enchères, messieurs, la banque à cent livres, deux cents…

— Cinq cents, fit une voix.

Fandor, précisément à ce moment, avait enfoui son bénéfice dans les poches de ses vêtements et, sans la moindre pudeur, se préparait à partir. Mais, lorsqu’on devina ses intentions, ce fut, dans les groupes des pontes qui l’entouraient, un concert de protestations :

— Ne partez pas, disait-on, vous avez la veine. Restez-nous allons gagner avec vous… marchez donc, il faut encore faire sauter la banque.

Étourdi, Fandor consentit à rester. Il éprouvait même une certaine émotion en s’apercevant qu’il était désormais le plus rapproché de la table et que c’était à lui qu’il appartenait maintenant de prendre les cartes que distribuait le banquier.

En levant les yeux sur le banquier, Fandor eut un sursaut. Son adversaire n’était autre que le petit Teddy.

Pauvre Teddy.

Heureux Fandor.

Les pontes avaient eu raison d’insister auprès du journaliste pour qu’il continuât à jouer. La chance, en effet, les favorisait merveilleusement par l’intermédiaire de Fandor qui, à chaque coup, abattait huit ou neuf d’une façon presque régulière. Teddy perdait tout ce qu’il voulait, et même ce qu’il ne voulait pas.

Or, au fur et à mesure qu’il gagnait, Fandor sentait à son front perler une sueur froide.

— Comment le jeune Teddy possédait-il tant d’argent ? D’où lui venait cet or qu’il dilapidait aussi gaillardement ?

— Parbleu, pensa Fandor, voilà qui confirme mes soupçons, ce Teddy est une sinistre petite crapule…

Mais le journaliste devait en rester là de sa réflexion. Quelqu’un, avec autorité, lui avait mis la main sur l’épaule, et ce quelqu’un, élevant la voix au milieu du silence, nécessaire au jeu, déclarait, désignant Fandor :

— Ne continuez pas, messieurs, cet individu-là est un tricheur.

Fandor demeura un instant interdit, puis, bondissant sous l’insulte, il quitta sa chaise, se redressa, dévisagea son interlocuteur et poussa une exclamation de surprise !

L’homme qui venait de l’accuser, c’était le lieutenant Wilson Drag. Les deux hommes se défiaient du regard.

— Monsieur, vous allez retirer ce que vous venez de dire et me faire des excuses.

— Je maintiens ce que j’ai dit, monsieur, il est impossible que vous ne trichiez pas. Vous gagnez trop…

L’officier ne poursuivit pas. Une gifle magistrale avait claqué sur sa joue. Appliquée par Fandor.

— Vous me rendrez raison, monsieur, criait l’officier.

— Quand vous voudrez.

— Soit, poursuivit l’officier en mettant la main à sa poche de revolver, tout de suite…

— Où cela ? demanda simplement Fandor.

Le lieutenant avait sans doute l’habitude de ces duels à l’américaine.

— Dans le jardin du cercle. Monsieur.

Autour des deux adversaires, on chuchotait, on haussait les épaules.

De semblables altercations étaient fréquentes dans un milieu aussi mélangé.

Toutefois, peu de gens partageaient l’opinion de l’officier. Le joueur heureux avait de la chance, et voilà tout. Il ne trichait certainement pas.





Mais la partie pouvait reprendre sans les deux hommes qui avaient décidé de se battre. C’était l’essentiel.

Le lieutenant Wilson Drag, cependant montrait avec courtoisie le chemin à Fandor et celui-ci se disposait à quitter la salle de jeu, lorsqu’une voix claire et jeune, nettement timbrée, articula :

— M. Jérôme Fandor.

— Qu’y a-t-il ? répliqua le journaliste en se retournant tout d’une pièce.

C’était Teddy qui l’interpellait.

— Monsieur Jérôme Fandor, reprit l’adolescent, vous ne pouvez pas vous battre avec monsieur.

Teddy désignait le lieutenant Wilson Drag.

— Ah ! balbutia Fandor interloqué, pourquoi donc ?

— Parce que, reprit Teddy qui s’efforçait d’affermir sa voix légèrement tremblante, parce que cet officier est déshonoré.

Une violente rumeur s’éleva dans la salle.

Désormais le jeu s’interrompit à toutes les tables, on s’empressa autour des trois acteurs du drame. L’officier devenu blême interpellait à son tour Teddy avec une nuance de reproche :

— Comment ? c’est vous, Teddy mon ami… vous qui déclarez une semblable chose ? je vous somme de vous expliquer.

L’adolescent ne paraissait pas autrement troublé.

— Je dis, reprit-il, que le lieutenant Wilson Drag est déshonoré. C’est un voleur en effet, il a dérobé, voici sept jours, les dix mille livres sterling gagnées par le nègre Jupiter. Vous comprendrez, messieurs, qu’on ne peut pas se battre avec cet homme.

— Des preuves, criait-on, des preuves.

Teddy haussant sa petite taille sur la pointe de ses pieds, montra quelqu’un qui s’approchait du groupe :

— Demandez, fit-il, à M. Hans Elders, si ce que j’avance est exact ? Le vol a été commis chez lui… Jupiter a porté plainte contre inco

À l’émotion de la foule succédait une stupeur muette. De l’air d’un homme qu’accable un aveu, Hans Elders venait de reco

— Notre ami Teddy, dit la vérité, messieurs, j’ai chassé de chez moi le lieutenant Wilson Drag, alors qu’il venait de commettre ce vol…

— Non, hurla brusquement le malheureux officier, non, monsieur Hans Elders, je vous le jure sur la tête de ma mère, comme je vous l’ai déjà juré, je suis i

— Taisez-vous, cria une voix brutale.

L’officier se retourna.

— Ah, mon Colonel, vous qui me co

Derrière le lieutenant venait en effet de se dresser le colonel Moriss, commandant en chef l’escadron des lanciers de la Reine auxquels appartenait Wilson Drag.

Le colonel, très ému, tordait sa moustache blanche et ne répondit pas à l’imploration de son subordo

— Monsieur, fit-il, j’ignorais le crime dont vous êtes accusé. Mais le scandale est désormais public et pour l’ho

Le capitaine Bulcher, un colosse au teint basané, qui était officier de l’armée indigène, prit par le bras le lieutenant et l’entraîna hors des salles de jeu.

Dans celles-ci, en dépit des efforts des croupiers, le baccara était déserté.

De tous côté on interrogeait Hans Elders et Teddy, et Fandor.

Hélas, des explications fournies par les deux premiers, il ne pouvait subsister de doute pour perso

L’officier Wilson Drag était bien coupable, on l’avait pour ainsi dire pris en flagrant délit et c’était même son futur beau-père, – puisque le lieutenant devait épouser Winifred – qui avait été obligé de le chasser.