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Cependant que Hans Elders do

Fandor s’élança à sa poursuite et le rattrapa au vestiaire.

Ne voulant point lui montrer, par ses premières paroles, le fond de sa pensée, ni lui laisser deviner ses appréhensions, il l’interpella sur un ton jovial :

— Eh là, mon ami Teddy ?

— Que me voulez-vous, monsieur Fandor ?

— Dieu, quel air tragique. Vous avez l’air bien pressé de partir ? Voulez-vous que nous allions fumer une cigarette ensemble ?

— Dans un salon écarté, si vous le voulez bien.

Les deux jeunes gens se retrouvèrent, en tête à tête, dans la salle de lecture, vide : il était deux heures du matin.

Le journaliste bouillant d’impatience interrogea :

— Cette fois m’expliquerez-vous ?

— Quoi ? fit Teddy en ouvrant de grands yeux éto

— Mais… votre attitude… votre façon d’être.

— Je vous ai tiré d’affaire, murmura simplement Teddy, en vous évitant un duel avec le lieutenant Wilson Drag qui, certainement, vous aurait étendu raide mort, avant que vous n’ayez levé le doigt.

— Grand merci, répliqua Fandor, je dois reco

Teddy eut un petit rire nerveux et regarda Fandor bien en face.

— Je sais que Wilson Drag est i

— Mais, bon Dieu, petite crapule, hurla Fandor, dites donc la vérité pour une fois et ne faites pas perpétuellement des mystères.

L’adolescent ne répondit pas, mais un tremblement nerveux le secoua tout entier.

Fandor, sans s’apercevoir de l’état de Teddy, poursuivait, lancé :

— D’abord j’aime autant tout vous dire, je suis net et franc, moi, catégorique et sincère, moi, eh bien, Teddy, si vous êtes sûr de l’i

Et joignant le geste à la parole, Fandor jeta au visage de Teddy, horriblement pâle, les billets de banque que le journaliste avait si facilement gagnés quelques instants auparavant.

Teddy réagissant toutefois avait complètement repris son sang-froid.

Sans la moindre vergogne, il ramassa un à un les billets que Fandor avait jetés autour de lui.

— Monsieur Fandor, fit-il d’une voix douce et persuasive, cet argent vous l’avez bien mérité, il vous appartient, gardez-le…

Fandor protesta du geste, Teddy n’insista pas :

— Soit, ajouta-t-il, je le conserve, il est à votre disposition et vous me le réclamerez bientôt, car il est juste que vous en ayez la propriété. Monsieur Fandor, cet argent n’a rien de commun avec celui que vous m’avez vu prendre hier au soir dans les cartouches de Hans Elders. Drôle de coffre-fort, n’est-il pas vrai, monsieur Fandor, soit dit en passant, pour serrer de l’argent ? J’ajoute que ce vol, puisque tel est le mot qui semble vous plaire, je l’ai commis. Je ne le nie pas, je ne le regrette point, je m’en vante. Ce serait à refaire que je recommencerais…

Au fur et à mesure que Teddy parlait, Fandor sentait sa raison chavirer : Ce gamin avait une telle pondération, une telle façon de présenter les choses, avec des sous-entendus si étranges et si concluants, qu’il semblait devoir avoir raison et cependant…

— Teddy, vous en savez long certainement sur le vol du nègre, eh bien, au nom de notre amitié naissante, dites-moi la vérité.





Teddy rougit de plaisir, tendit sa petite main à Fandor, celui-ci la serra sans arrière-pensée.

Soudain rasséréné par l’attitude plus confiante de son ami, Teddy s’installa à califourchon sur une chaise, et les deux bras croisés sur le dossier, souriant d’un air narquois, il commença :

— Mon ami Fandor, vous êtes un sot, et si vous n’aviez pas Teddy à côté de vous, pour vous tirer d’affaire, vous seriez embarqué dans les plus désespérantes aventures. Mais Teddy tient à vous, car vous lui êtes sympathique. Oh ! cela oui, très sympathique, je vous l’assure.

Teddy s’arrêta une seconde, puis reprenant avec précipitation :

— Avec vous, à nous deux, nous allons tirer ces ténébreuses affaires au clair. Écoutez : Hans Elders est le voleur, c’est un brigand, un monstre, un bandit sinistre. Il a volé l’argent de Jupiter. Il a fait croire à ce pauvre nègre que c’était le lieutenant Wilson Drag qui l’avait dérobé. Hans Elders a joué ce vilain tour à l’officier parce qu’il savait que Wilson Drag était l’amant de sa fille Winifred, l’amant de Winifred, entendez-vous, Fandor, et qu’il ne veut à aucun prix, de ce lieutenant sans fortune pour gendre.

— Mais, interrompit Fandor, tout cela ne m’explique pas…

— … L’affaire des cartouches n’est-ce pas ? Rien n’est plus simple, mon cher ami… Hans Elders a simulé un vol et il a précieusement rangé l’argent dérobé au brave nègre Jupiter. Le hasard d’un fusil qu’il a fallu charger m’a fait découvrir la cachette de Hans Elders, et le contenu des cartouches roses. Je les ai prises pour rendre à Jupiter sa petite fortune. Et voilà. Jupiter depuis ce soir est en possession de son argent. Voyons, Fandor, ai-je eu tort et en bo

— Il faudra tirer Wilson Drag d’affaire.

— Oui, ce pauvre garçon expie chèrement son incorrection.

— Quelle incorrection ? interrogea Fandor.

Teddy rougit, un peu embarrassé :

— Ne vous ai-je pas dit qu’il avait fait sa maîtresse de Winifred Elders ?

— Oh ! s’écria Fandor, si ce n’est que cela…

Fandor n’insista pas, il comprenait que Teddy avait des principes avec lesquels il convenait de ne pas transiger. Fandor avait d’ailleurs une autre question à poser à son bizarre petit camarade.

— Répondez-moi, dit-il franchement, vous pouviez ne rien dire tout à l’heure et c’est très dur ce que vous avez fait : accuser le lieutenant d’un crime dont il est i

— Je vous l’ai dit, Fandor, pour éviter qu’il ne se batte avec vous. Pour vous sauver.

— Pour me sauver, répétait tout bas Fandor, perplexe.

Puis, fixant à nouveau le jeune homme :

— Pourquoi vouliez-vous tant me sauver ?

Teddy parut horriblement gêné par cette question. Fandor répéta sa question.

Elle eut pour résultat de faire fuir Teddy qui, avant de se séparer de Fandor, lui lançait cette phrase énigmatique :

— Vous le saurez lorsque nous aurons retrouvé la fameuse tête de mort.

Puis il disparut.

11 – UNE BONNE FARCE

Étrange cavalier.

Après un temps de galopade folle, où il avait fait preuve d’une extraordinaire habileté pour diriger sa bête, la relever quand elle butait aux pierres du chemin, la calmer quand elle s’effarait d’un aspect plus sinistre du paysage, il venait, reprenant rudement les rênes, de se mettre au pas.

Le cheval qu’il montait, impétueux, ardent, acceptait mal cette allure tranquille, mais son maître devait être un cavalier hors ligne, car indifférent à ses révoltes frémissantes, il le maintenait sans apparence d’effort, le forçait à se plier à son caprice.

Les lieux par lesquels passait ce cavalier eussent encore ajouté à l’épouvante que pouvait causer sa seule apparition : Ravins, collines, rivières desséchées avec, par endroit, des blocs de rochers, écroulés de la montagne, obstruant le chemin ; ailleurs, un torrent qui coupait la route, se ruant aux bords escarpés de son lit dévalant avec fracas, pour se perdre, plus loin, dans une vallée.