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— J’ai entendu Ricci vous inviter au moment du départ ? Vous n’avez pas l’intention d’y aller j’espère ?

— Oh si ! Voilà des jours que j’essaye sans y parvenir de pénétrer dans sa maison. Je ne vais pas manquer pareille occasion.

— N’y allez pas !

Ce fut presque un cri et, sous le regard surpris d’Aldo, la jeune femme rougit violemment. Elle se leva et alla vers l’une des portes-fenêtres entrouverte sur la terrasse livrée aux nettoyeurs. Aldo la suivit :

— Dites-moi pourquoi ?

— Je ne sais pas mais cet homme me fait peur… affreusement peur ! C’est un assassin ! Un monstre même ! Oh Aldo, si vous avez pour moi un tant soit peu d’am… itié, vous n’irez pas vous jeter dans ses griffes ! Je… je ne pourrais pas le supporter !

Elle tourna sur elle-même ce qui l’amena presque contre Morosini. Il put voir alors ses yeux pleins de larmes, ses lèvres tremblantes. Elle était bouleversée et, instinctivement, il posa ses mains sur ses épaules qu’il sentit frémir sous le satin brodé de sa robe. Son parfum, en même temps, envahit son nez qui le respira avec un plaisir sensuel contre lequel il se défendit en essayant de plaisanter :

— Voilà mon amazone en détresse. Que voulez-vous qu’il m’arrive ? murmura-t-il. Calmez-vous je vous en supplie Pauline ! Vous toujours si sereine, si sûre de vous n’allez pas vous laisser troubler par ce truand sicilien ? Cela ne vous ressemble pas !

— Rien de ce que j’éprouve ne ressemble à ce que j’ai vécu jusqu’ici. Ayez au moins pour moi un peu de compassion si vous n’en avez pas pour vous-même !…

Aldo ne sut jamais comment la bouche de Pauline rencontra la sie

L’instant suivant, Aldo et Pauline faisaient l’amour sur le tapis de la bibliothèque. Dans un ultime sursaut de lucidité, Aldo avait pris le temps de refermer les fenêtres et la porte…

TROISIÈME PARTIE

LE MINOTAURE

CHAPITRE XII

UN PALAIS TRUQUÉ

— Pardo

Il n’osait plus à présent regarder Pauline mais son rire lui parvint, doux, roucoulant comme un chant de tourterelle amoureuse mais avec une pointe de gaieté.

— Peut-être parce que je me suis conduite comme une fille qui a envie d’un homme… Ne faites pas cette tête-là, Aldo ! Croirait-on pas que nous sommes en route pour la damnation éternelle et que vous avez honte ?

— Mais j’ai honte…

Il chercha nerveusement son étui à cigarette dans les basques jupo

— Pourquoi, mon Dieu ? À cause de… votre femme ?





— Un peu, oui… sans doute mais ce n’est pas le principal. Je pense que c’est surtout à cause de Vauxbrun. Il vous aime et…

— … et moi je l’aime bien mais pas comme ça ! Et je ne suis pas sa propriété…

— Quoi qu’il en soit j’ai trahi sa confiance… et abusé de l’hospitalité de votre frère !

— Je suis chez moi autant que lui et cette baraque en a vu d’autres. Quittez cette mine de naufragé et regardez-moi !

Il obéit et son visage crispé se détendit. Dans la lumière rose du matin elle était magnifique. La somptueuse coiffure d’orchidées, d’améthystes, de perles et d’or gisait sous un meuble comme la balle oubliée d’un chien. Ses cheveux noirs et lustrés glissaient jusqu’à ses reins et, dans sa longue robe chatoyante pudiquement refermée, elle avait l’air très jeune, très vulnérable aussi. Au regard assombri d’Aldo, elle répondit par un sourire et s’appro­cha de lui mais en observant une distance. Puis elle parla et sa voix basse, feutrée, charnelle reconstituait l’intimité interrompue :

— Dis-moi seulement si tu as été heureux ? Moi je l’ai été au-delà de toute espérance. Jamais un homme ne m’a aimée de la sorte et pourtant nous n’avons eu que peu d’instants…

— Moi aussi j’ai été… plus qu’heureux, avoua-t-il encore secoué par la violence de sa jouissance, mais il faudra que cela nous suffise ! Nous avons succombé à la magie d’une nuit de fête, à ces costumes qui ont fait de nous des êtres différents… Il faut réintégrer le XXe siècle !…

— Chasser Don Juan et l’impératrice de Chine ? Refermer le livre des Mille et Une Nuits quand nous n’en avons même pas lu un chapitre ? Dommage !… C’est vous bien sûr qui avez raison mais la raison et nous autres les Belmont n’ont jamais beaucoup cohabité.

Elle alla ramasser la tiare fleurie et se dirigea vers la porte :

— Je vais essayer de dormir un peu dans l’espoir qu’au réveil il me semblera que j’ai rêvé ! Je vous en souhaite autant, mon cher prince !

— J’aimerais y parvenir. Ce sera je le crains difficile.

Elle tourna à peine la tête et il ne vit qu’un profil perdu dont il ne put lire l’expression :

— Merci, dit-elle.

Aldo dormit cependant et comme une bûche au point de ne pas entendre la cloche du lunch mais il en fut de même pour les autres et la table ne fut desservie que lorsque vint le moment de préparer le thé, le mode de vie à l’anglaise ayant perduré dans les ancie

Son aventure du matin le laissait perplexe. S’il continuait à se sentir coupable, il n’arrivait pas à la regretter. Même pour lui que bien des femmes avaient aimé et qui, à deux reprises au moins, avait co

En la revoyant au dîner, il éprouva une émotion inattendue qui lui fit l’effet d’une so