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— Si c’est à coups de poing vous avez votre chance, coupa Morosini agacé, mais si c’est à l’épée ou au pistolet, je vous vois mal parti. Et Ricci dans cette affaire ?

— Lui ? Aucune importance ! Si Mary et ses amis sont arrivés avec lui, c’est qu’il leur avait proposé son yacht mais il n’a fait que les transporter.

— Et vous aussi par la même occasion ? Sincèrement, Ted Mawes, où pensez-vous aller de la sorte ? Jusqu’au mariage, après que vous aurez étendu raides morts tous ces prétendants que vous anticipez ?

— Pourquoi pas ? se renfrogna l’aubergiste. Elle pourrait tomber plus mal ? Je suis riche et si je n’appartiens pas à la Haute Société, j’appartiens à l’Histoire, comme dit Mrs Schwob. Ne sommes-nous pas, nous les fils des premiers colons, la vraie noblesse des États-Unis ?

— C’est incontestable, admit Aldo conciliant. Eh bien, il me reste à vous souhaiter bo

Aldo venait d’achever son dîner et laissant Ted à ses rêves, il sortit faire un tour avant de regagner l’agréable chambre, do

Col relevé, les mains au fond des poches, semblable à n’importe quel marin attardé, il marcha lentement jusqu’au Médicis, s’assit sur un bollard d’amarrage et resta là à regarder le yacht comme s’il pouvait en extraire des réponses aux questions qu’il se posait, la première étant : qu’est-ce que Margot la Pie venait faire à Newport sous l’aspect lisse et rassurant d’une jeune amie d’un vieux couple de riches ferrailleurs ? Quand on la co

Une réponse se présenta à lui, née du nom « Médicis » étalé sous ses yeux mais Hilary – il aurait du mal à l’appeler autrement ! – devait tenir à jour sa liste des collectio

Une idée soudaine lui traversa l’esprit et le fit sourire : il ne saurait y avoir de bo

Un chapelet de jurons italiens tira Aldo de ses réflexions. Derrière lui, un homme vêtu de noir mais dont il était impossible de distinguer le visage sortait – ou bien était-il éjecté ? – d’un de ces bars de port, si toniques jadis et où il n’était plus possible de ne boire que du café, du thé, du lait, de la limonade et autres boissons sans alcool. Ce dont, d’ailleurs, l’homme se plaignait :

— Foutu pays !… hic !… On ne peut… même plus… avaler, hic !… un p’tit quelque chose pour… hic !… se remonter le moral !

Si l’on en croyait son discours, l’inco

— Hé ! Doucement. Où prétendez-vous atterrir ?

Le reflet d’un des rares réverbères lui montra un visage brun et assez beau, mouillé mais plus par des larmes abondantes que par la pluie :

— Boire ! répondit l’homme. Je veux… boire ! Encore… et encore !

— Vous avez déjà bien assez bu et si vous continuez à brailler, vous allez vous faire arrêter. Où habitez-vous ?

— … t’regarde pas !… Et puis j’habite plus… nulle part !

Relevant la tête, il considéra Morosini d’un œil dubitatif mais pas trop glauque :

— T’es qui, toi ?… Un… hic !… Un Sicilien comme moi ?… Non !… T’es pas… Sicilien. Tu parles pointu !

Incontestablement il gardait dans son ivresse une part de lucidité comme tous ceux qui habitués à boire ne perdaient le sens qu’après de fortes libations.





— Je suis Italien quand même, admit Aldo renonçant pour l’occasion à son distinguo préféré. Le fait que son ivrogne soit Sicilien l’intéressait et il demanda « Comment t’appelles-tu ? »

— A… Agostino !… Et je veux boire… et puis foutre le camp… avant qu’ça arrive !

— Quoi ?

— Le… le mariage !… J’veux plus voir ça !

Un trait de lumière, fulgurant comme un éclair au milieu d’un ciel noir, traversa l’esprit d’Aldo, déclenché par ce prénom peu courant. Jacqueline Auger l’avait prononcé au Ritz. C’était celui du valet de Ricci, celui qui l’avait aidée à fuir en lui do

— Viens avec moi ! dit-il en empoignant le Sicilien qui chercha à lui échapper : mollement car il ne possédait ni la taille ni la force nerveuse d’Aldo.

— J’veux… aller nulle part ! J’veux boire !

— Tu auras à boire !

— Où… où qu’tu m’emmènes ?…

— À la Taverne !… Tu y trouveras ce qu’il faut ! Je vais te soutenir mais essaye de marcher droit…

Injonction superflue. S’il avait résisté Aldo était prêt à l’endormir d’un coup de poing et à le porter sur son dos. C’était un cadeau du Ciel que cet Agostino et il fallait le mettre à l’abri avant que ses confrères ne se mettent à sa recherche. Quelques minutes plus tard, tous deux faisaient à la Tavern une entrée, circonspecte de la part de Morosini. Par chance, le mauvais temps avait déjà renvoyé chez eux les derniers consommateurs et il n’y avait pratiquement perso

— Je m’excuserai plus tard ! Ce garçon est saoul comme toute la Pologne bien qu’il soit Sicilien mais il dit des choses passio

Sans grands ménagements, il laissa choir son fardeau sur le divan où il s’avachit avec un soupir béat, puis il demanda :

— Vous n’auriez pas quelque chose de fort à lui do

— Vous venez de dire qu’il est saoul ? Ça ne vous paraît pas suffisant ?

— Juste un petit peu d’alcool pour que je puisse tenir ma promesse. Après on pourra le récurer au café !

Tandis que Ted servait un fond de verre de son précieux whisky, Aldo lui raconta ce qu’Agostino avait laissé échapper, sa terreur évidente et son désir de fuir. Au mot « mariage » l’aubergiste changea de couleur :

— Ce qui voudrait dire que Ricci a l’intention de convoler une troisième fois ?

— À votre avis ? Et… qui, selon vous, aurait-il l’intention d’épouser ?