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— Moi aussi, inspecteur ! dit Morosini à la porte qui se refermait cependant que par l’entrée principale le planton surgissait armé du plateau à thé. Il était en effet cinq heures et le sacro-saint breuvage devait circuler dans toute la maison comme dans tout le reste de l’Angleterre. Aldo détestait le thé et eût do

De son côté, l’inspecteur Pointer fit preuve d’une remarquable célérité : le sous-main de Warren était encore chaud quand il déposa le dossier demandé que d’ailleurs le policier n’ouvrit pas. Il s’agissait d’une liasse épaisse et, devinant que Warren préférait le consulter seul, Morosini se leva et prit congé en a

— À moins que vous n’acceptiez de dîner ce soir avec moi ? proposa-t-il.

— N’est-il pas déjà convenu que nous nous retrouvions ce soir ?

— Où ?

— Mais chez Vidal-Pellicorne ?

Il prononçait « Pellicôôôôrne » d’une façon plutôt réjouissante mais Morosini était trop surpris pour s’amuser :

— Adalbert ? Il est ici ?

— Depuis une petite semaine, je crois. Oh, je vois que vous ne le saviez pas et je crains d’avoir gaffé !

— Non. Je viens d’arriver et il l’ignore. Quant à moi je le croyais encore sur le Nil mais c’est une bo

Heureux tout à coup comme un collégien qui s’en va rejoindre un copain, Aldo quitta allègrement le siège de la police métropolitaine, héla un taxi et lui do

Pourtant quand Aldo so

— Son… euh Excellence ? émit celui-ci avec une sorte de hoquet.

— Vous ? Mais qu’est-ce que vous faites là ?

— Monsieur le Prince voit : mon service !

— Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenu de votre départ ? Vous êtes ici depuis quand ?…

— Trois jours, Excellence, trois jours ! Monsieur m’a convoqué par télégramme. J’ai fait mon sac, fermé la rue Jouffroy et je suis parti.

— Encore une fois pourquoi n’avoir rien dit ? Vous saviez bien que je cherchais votre maître ?…

— Qu’est-ce que c’est, Théobald ?

L’apparition d’Adalbert armé d’un attendrissant bouquet de roses et de muguet dispensa son serviteur d’une réponse un peu difficile à trouver mais au lieu de s’éclairer à la vue de son ami, son œil bleu sur lequel une mèche blonde s’obstinait à retomber vira à un gris curieux :





— Toi ? Mais comment es-tu venu ici ?

— À ton avis ? Forcément pas à pied ! émit Aldo que ce genre de réception déroutait quelque peu. Bien que ni Adalbert ni lui ne fussent partisans des grandes embrassades, il avait, pour la première fois, la désagréable impression de mal tomber.

— Excuse-moi ! Je voulais dire comment se fait-il que tu sois à Londres ?

Théobald fila discrètement vers la cuisine ce qui laissait Adalbert maître d’un terrain se limitant toujours à l’antichambre. La moutarde commença son ascension jusqu’aux narines sensibles d’Aldo :

— Tu y es bien, toi ? Et je ne suis pas, que je sache, interdit de séjour en Angleterre ? En tout cas tu pourrais au moins me laisser entrer et m’offrir un siège ? Voire un verre ? Cela se fait entre amis.

Visiblement embêté, Vidal-Pellicorne s’écarta pour permettre à Morosini de pénétrer au-delà de ladite antichambre. Toujours aussi agréable avec ses rideaux de velours d’un jaune doux, ses tapis aux couleurs assorties, son mobilier Chippendale et ses vastes fauteuils Chesterfield, il y avait là plus une « pièce à vivre » qu’un salon. Comme la première fois qu’il y était venu Morosini vit une table ronde où le couvert était mis pour trois perso

— Ravissant ! ironisa Aldo. Je vois que tu m’attendais ? J’ai toujours admiré ton sens divinatoire…

— Qu’est-ce qui te le fait supposer ? fit Adalbert d’un ton rogue.

— Cette table ! C’est comme la première fois que je suis arrivé ici. Trois couverts Warren, toi et moi.

— Où as-tu pris que Warren doit venir ?

— Je sors de chez lui. Il me l’a dit pensant dans sa grande ingénuité que nous allions dîner ensemble.

— Ah ! Tu l’as vu ?… Visite d’amitié ou d’affaires ?

Vidal-Pellicorne revenait à son arrangement floral, ce qui le dispensait de regarder son ami.

— Un peu les deux, répondit celui-ci, mais comme de toute évidence tu t’en fiches éperdument, je m’en voudrais de te déranger plus longtemps. Et surtout de troubler ton envol artistique. Qui me surprend un peu : tu aurais dû me dire que tu te reconvertissais dans la fleur coupée.

— J’ai le droit de mettre des fleurs chez moi, aboya Adalbert qui se coupa un bout d’ongle avec son sécateur.

— Mais tu as tous les droits, mon bon ! Même celui de me recevoir comme un chien dans un jeu de quilles. Je t’ai co

— Tu ne me déranges jamais ! Euh… rarement ! J’avoue que ce soir… Mais, j’y pense, tu voulais peut-être venir t’installer ?

— Alors que je te croyais au fond de l’Égypte ? Je n’ai pas pour habitude d’investir les logis qui ne m’appartie

— Mais enfin pourquoi y es-tu allé ? Tu as des e

— Pourquoi veux-tu que j’aie des e

— Alors qu’est-ce que tu fais à Londres ?

— Ça mon bonhomme ça ne te regarde pas ! Chacun ses petits secrets. Je pourrais d’ailleurs te retourner la question mais comme tu n’as pas l’air décidé à répondre, je te tire ma révérence ! Cependant je n’imaginais pas que le Ptérodactyle eût des goûts aussi romantiques, ajouta-t-il en désignant les fleurs de la table. Des roses et du muguet ! Au fond ce doit être un tendre…

Aldo persiflait mais intérieurement il bouillait. L’accueil plutôt frais de son ami lui causait une déception d’autant plus cuisante qu’elle suivait de trop près la joie éprouvée à l’idée de reconstituer leur tandem dans la chasse aux joyaux de la Sorcière. Il ne comprenait pas ce qui se passait. À eux deux, ils composaient jusqu’à présent une belle mécanique, bien huilée et c’était bien la première fois qu’un grain de sable s’y glissait au point de la faire grincer. Peut-être même la briser ?