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Parfois, elle croyait entendre pleurer quelque part, tout au fond d'une interminable galerie sombre au bout de laquelle brillait une toute petite tache de jour. C'était le long de ce tu

Un soir pourtant, les brumes se déchirèrent, les choses demeurèrent enfin stables et les objets, les formes prirent des contours nets.

Catherine émergeait des ombres de l'inconscience. Mais le décor sur lequel ses yeux s'ouvrirent était si étrange qu'elle le prit pour le prolongement du cauchemar. Elle était couchée dans une pièce sombre et basse. Le plafond était une voûte de pierre supportée par deux piliers grossiers et le seul éclairage venait d'une rustique cheminée faite de pierres à peine taillées dans laquelle brûlait un grand feu. Une marmite de fer noire, pendue à une crémaillère bouillait au milieu des flammes, répandant une bo

Au soupir que poussa Catherine, il se leva en hâte et vint se pencher sur elle, toujours armé de sa cuillère. Il la regarda avec une inquiétude qui, peu à peu, s'effaça. Les deux grandes rides creusées de chaque côté de sa bouche se retroussèrent en un sourire à constater que la petite avait les yeux grands ouverts et regardait bien clair.

— Ça va mieux, hé petite ? chuchota-t-il comme s'il craignait qu'un éclat de voix rappelât le mal.

Elle lui sourit en retour puis demanda :

— Où est-ce que je suis ? Où est Maman ?

— Tu es chez moi. Ta maman est à côté. Elle viendra tout à l'heure.

Quant à t'expliquer comment tu es venue ici, c'est un peu long et un peu difficile ; je te le dirai quand tu seras tout à fait bien. Pour le moment, il faut encore te reposer, reprendre des forces. La soupe va être prête.

Il retournait à sa marmite. Debout devant le feu, il projetait sur la voûte enfumée une ombre fantastique dont Catherine n'avait pas peur.

Elle essayait de comprendre ce qu'elle faisait dans cette cave et comment Barnabé était devenu son garde-malade, mais sa tête était encore faible. Retombant sur sa couche, elle referma les yeux, trop lasse pour poser d'autres questions. Elle ne tarda pas à se rendormir.

Barnabé achevait d'écumer son bouillon quand une femme, apparut en haut des quelques marches qui rejoignaient une porte étroite et basse. Elle était jeune et eût été belle si son teint n'eût été si foncé et son costume si étrange. Son corps, souple et mince, était habillé d'une chemise de grosse toile, fendue sur la poitrine et retenue par une pièce d'étoffe drapée autour des hanches. Cette étoffe était de la laine rayée rouge et jaune. Une sorte de couverture, posée sur les épaules, la protégeait du froid. Quant à sa tête brune, elle était couverte d'un enroulement de bandes d'étoffe formant un turban dont l'extrémité passait sous le menton. Ce turban laissait échapper deux nattes épaisses comme un bras d'enfant et noires comme de l'encre dans lesquelles étaient fixées de petites pièces de mo

Éveillée à nouveau Catherine considéra avec éto

Barnabé l'avait accompagnée auprès du lit de la jeune fille.

— C'est Sara-la-Noire, lui apprit-il. Elle sait plus de secrets qu'un vieux mire. C'est elle qui t'a soignée. Et bien soignée ! Comment la trouves-tu, Sara ?





— Elle a retrouvé ses esprits. Elle est guérie, dit la femme. Il faut seulement une bo

Ses mains maigres et brunes avaient palpé légèrement les joues, le front, touché le poignet, voltigeant avec la prestesse et la légèreté de deux oiseaux. Puis Sara s'assit à terre auprès de la couche de Catherine, les mains nouées autour des genoux, considéra attentivement l'adolescente. Pendant ce temps, Barnabé endossait sa houppelande à coquilles, prenait son bourdon.

— Reste un moment, dit-il à la femme. C'est l'heure du salut à Sainte-Opportune et je ne veux pas le manquer. Les potiers d'étain du quartier y vont pour faire un vœu. Ils seront certainement généreux...

Le coquillart disparut après avoir conseillé à Sara de goûter à la soupe et d'en do

Ce fut le lendemain, après une nuit calme et réparatrice, que Catherine apprit, de la bouche même de sa mère, ce qui s'était passé sur le Pont-au-Change, après la mort de Michel. La crainte de l'incendie avait empêché la foule déchaînée de mettre le feu à la maison des Legoix, mais la demeure et l'atelier de l'orfèvre n'en avaient pas moins été pillés de fond en comble. Prévenu, Gaucher Legoix était accouru de la Maison-aux-Piliers. Il avait tenté de se faire entendre des énergumènes qui assiégeaient le pont et à qui Caboche, en disparaissant soudainement, avait laissé le champ libre.

Le malheureux avait été bien vite submergé. On lui avait trop longtemps reproché sa tiédeur envers la dictature des abattoirs pour ne pas saisir l'occasion. Malgré les larmes et les supplications de sa femme sortie en hâte de chez les Pigasse, malgré celles de Landry et de son père, Gaucher Legoix avait été pendu à sa propre enseigne, puis jeté au fleuve. Réfugiée chez les Pigasse avec Catherine inconsciente, que Landry avait rapportée, Jacquette avait vu bientôt la colère des meneurs se tourner vers elle et avait dû fuir, avec l'aide de Barnabé ; Landry, par chance, avait pu aller le chercher. Dans la nuit, d'abord par le fleuve qu'on avait descendu en barque jusqu'à la tour du Louvre, puis par les ruelles, la malheureuse femme et son étrange escorte avaient gagné le logis du coquillart, dans la Grande Cour des Miracles. Depuis, elle y soignait sa fille en essayant de se remettre elle-même de la terrible secousse éprouvée. La mort de Gaucher l'avait frappée d'horreur et de terreur mais la violente fièvre cérébrale de Catherine ne lui avait guère laissé le temps de s'appesantir sur sa douleur. L'enfant était en danger. De plus, un autre souci grave était venu s'ajouter aux angoisses de Jacquette : Loyse avait disparu.

La dernière fois que l'on avait vu la jeune fille, c'était au moment où, en pleine crise de nerfs, sa cadette perdait conscience. Loyse avait recueilli la petite dans ses bras. Mais un remous de la foule avait arraché Catherine à sa sœur dont les bras n'avaient pas eu la force nécessaire pour la retenir. Landry s'était trouvé là à point nommé pour récupérer sa petite amie. Quant à Loyse, elle s'était noyée dans la poussée furieuse des pillards lancés à l'assaut de « l'Arche d'Alliance

». Perso

— Elle est peut-être tombée à l'eau, dit Jacquette en tampo

— Et ensuite, que ferons-nous ? demanda Catherine. Resterons-nous ici, chez Barnabé ?

— Non ! Dès que nous aurons retrouvé Loyse, si Dieu le veut, nous essayerons de quitter Paris pour gagner Dijon. Ton oncle Mathieu, tu le sais, y tient boutique de draperie. Il nous accueillera puisqu'il est toute notre famille comme nous sommes toute la sie

Le chagrin de Jacquette paraissait s'atténuer un peu quand elle évoquait la maison de son frère, qui avait été auparavant celle de ses parents où elle avait passé toute son enfance et où Gaucher Legoix était venu l'épouser bien des a