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— Mais je vous crois, sire ménestrel, je vous crois, fit Catherine avec lassitude. Vous ne pouviez rien faire, je l'ai bien compris... Mais pardo

L'émotion lui coupa la parole. Les larmes embuaient ses yeux et sa gorge serrée ne pouvait plus articuler un mot. Quittant précipitamment la salle, elle courut jusqu'à sa chambre et, se laissant tomber sur son lit, se mit à sangloter. Cette fois, tout était fini, et bien fini. Elle avait tout perdu car, avec la mort de Gauthier, s'envolait aussi l'espoir de retrouver Arnaud. Guéri ou non, son époux ignorait toujours qu'elle lui demeurait fidèle et que son amour pour lui était plus profond que jamais. Il avait maintenant disparu pour elle aussi complètement que si la dalle du tombeau était tombée sur lui. Pour Catherine, c'était le dernier coup...

Elle pleura longtemps sans s'apercevoir que Sara l'avait rejointe et qu'elle se tenait debout devant elle, muette et impuissante, cette fois, à consoler cette immense douleur. Au bout de longues minutes, enfin, Sara risqua :

— Peut-être le ménestrel a-t-il mal vu ?... Peut-être que Gauthier n'est pas mort ?

— Comment aurait-il pu échapper à la mort ? fit la jeune femme avec un hoquet nerveux. Et s'il n'était pas encore mort il a dû expirer peu après...

Le silence tomba entre les deux femmes. Au loin, dans la grande salle, on entendait les accords légers de la viole qui jouait pour les quelques serviteurs, pour Donatie

« Iseut ma dame, Iseut ma mie En vous ma mort, en vous ma vie... »

Catherine étouffa un sanglot. Par-delà le chant plaintif du ménestrel, il lui semblait entendre encore la voix chaude et passio

Catherine, ma mie. » Et le regret qui la transperça fut si poignant qu'il lui fallut serrer les dents pour retenir le cri de douleur qui montait. Si, de sa vie terrestre, elle ne devait plus le revoir, lui, son amour, alors mieux valait quitter ce monde immédiatement que traîner une éternité de souffrance... Elle ferma les yeux un instant, noua ses doigts bien serrés pour reprendre le plein contrôle d'elle-même et, quand elle rouvrit les yeux, ce fut pour diriger vers Sara un regard plein de détermination.

— Sara, dit-elle d'une voix si calme que la bohémie

— Te mettre en quête ? Mais où ?

Là où je sais, avec certitude, qu'il s'est rendu : à Compostelle de Galice. Il n'est pas possible que je n'appre

— Mais le chemin est long, dangereux... Comment feras-tu, pauvrette ? Comment réussiras-tu là où Gauthier a échoué?

— Le Saint Jour de Pâques n'est plus très éloigné.

Traditio

— Et moi ? protesta Sara aussitôt révoltée. Est-ce que je ne vais pas avec toi ?

Catherine secoua négativement la tête. Elle se leva, posa ses deux mains sur les épaules de sa vieille amie et la regarda tendrement.

— Non, Sara... Cette fois, je partirai seule... Pour la première fois, la première vraie fois, car notre brouille de Chinon ne comptait pas, je vais m'en aller sans toi. Mais c'est parce qu'il faut que tu veilles sur ce que j'ai de plus précieux au monde... sur mon petit Michel. Si tu partais, qui donc s'occuperait de lui ? Donatie

— Tais-toi ! cria Sara. Je t'interdis de dire de pareilles choses. Cela me fait si mal.

A son tour elle avait les larmes aux yeux. Catherine, émue de son chagrin, l'embrassa chaleureusement.





Préparer l'avenir n'a jamais fait mourir perso

Rageusement, Sara essuya ses yeux, puis, détachant les bras de Catherine, s'éloigna de quelques pas.

— C'est bon, maugréa-t-elle. Admettons, je reste et tu pars. Mais comment feras-tu pour quitter Montsalvy ? Crois-tu que l'abbé te laissera partir plus facilement maintenant qu'en septembre ?

— Il ne le saura pas. Depuis longtemps, j'ai fait vœu d'aller au Puy offrir à Notre-Dame le diamant maudit que j'ai toujours en ma possession. Il faut que je m'en sépare... il le faut à tout prix, et le plus tôt sera le mieux. Vois comme le malheur s'acharne sur moi. Gauthier, mon émissaire, mon seul espoir, Gauthier l'indestructible est tombé sur le chemin. Ma cause sera mauvaise tant que je le posséderai.

L'abbé sait combien je désire accomplir ce vœu. Il me laissera partir.

Les fêtes de Pâques sont une bo

— Tu as réponse à tout, fit Sara avec un peu d'amertume. Et j'ai peine à croire que ce plan te soit venu d'un seul coup, depuis que ce maudit ménestrel est arrivé...

— Non, avoua Catherine. Il y a longtemps que j'y pense. Mais toi, acceptes-tu ce que je te demande ?

Sara haussa les épaules et alla ouvrir le lit dans lequel, tout à l'heure, elle passerait la bassinoire pleine de braises pour réchauffer les draps.

— En voilà une question ! Ce serait la première fois que je te refuserais quelque chose. Et puisqu'il n'y a vraiment pas moyen de faire autrement... Dieu sait ce qu'il m'en coûte, pourtant !

Comme Sara ouvrait la porte pour gagner la cuisine avec sa bassinoire, la voix de Guido Cigala envahit la petite chambre. Il chantait maintenant une antique chanson du troubadour Arnaud Daniel et les paroles du vieux lai frappèrent tellement les deux femmes qu'elles demeurèrent un moment immobiles, se regardant sans parler.

« L'or se vendra à aussi vil prix que le fer Avant qu'Arnaud desaime celle à qui il a voué son

[cœur... »

Catherine d'un seul coup eut l'air frappée par la foudre. Elle avait pâli jusqu'aux lèvres, mais, dans ses yeux sombres, des étoiles s'allumaient, les brillantes étoiles de l'espoir. La voix du ménestrel, mystérieusement, répondait aux questions qu'elle n'osait plus se poser.

Sara serra farouchement son ustensile contre son cœur.

- Je voudrais bien savoir qui nous envoie ce damné chanteur. Le Diable ? Ou le bon Dieu ? En tout cas, il a une voix qui ressemble singulièrement à celle du destin.

Catherine avait deviné juste en pensant que l'abbé de Montsalvy ne l'empêcherait pas de se rendre au Puy- en-Velay pour les fêtes de Pâques. Il se borna seulement à lui offrir comme escorte le Frère Eusèbe, le portier du couvent, car il n'était pas convenable qu'une noble dame courût les chemins seule. La compagnie d'un moine éloignerait d'elle les dangers, tant terrestres que spirituels.