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Juliette Benzoni

Catherine des grands chemins

Au creux de la main de Catherine, le diamant noir étincelait de tous ses feux maléfiques, illuminant la grande salle de la forteresse de Carlat où Catherine et les siens avaient trouvé refuge après la destruction de Montsalvy. La jeune femme le fit miroiter un moment aux flammes du chandelier. Sa main se couvrait d'un éto

Garin de Brazey l'avait acheté, jadis, à un navigateur vénitien.

Celui-ci l'avait volé à une idole indie

Les doigts de Catherine se refermèrent sur le diamant. Il était chaud maintenant, de son humaine chaleur, presque vivant. Quelle force mauvaise renfermait donc en elle cette splendeur noire ? Caché dans sa main, il n'était plus qu'un caillou dur, prêt à faire encore tout le mal possible. Pour lui, sans doute, les hommes se battraient, le sang coulerait pendant encore combien de siècles ? La tentation lui vint de le jeter au feu pour l'anéantir, mais qui donc, de ce moine fidèle et de cette vieille femme, sa belle-mère, assise, muette d'admiration dans son haut fauteuil, comprendrait son geste ? Le diamant noir représentait une telle fortune !... et Montsalvy, en cendres, attendait qu'on le reconstruisît. Catherine rouvrit la main, laissa le diamant rouler sur la table.

— Quelle magnificence ! soupira Isabelle de Montsalvy. Jamais, de toute ma vie, je n'ai rien vu de semblable ! Ce sera le trésor de notre famille.

— Non, mère, coupa doucement Catherine. Je ne garderai pas le diamant noir. C'est une pierre maudite. Elle n'a jamais apporté que le malheur. Et puis elle représente un tel monceau d'or ! Dans ce caillou noir, il y a un château neuf, des hommes d'armes, de quoi refaire de Montsalvy ce qu'il était jadis, rendre à mon fils le rang que do

— C'est dommage ! dit Madame de Montsalvy. Il est si beau !

— Mais plus redoutable encore ! fit à son tour Frère Étie





Savez-vous, dame Catherine, que Nicole Son, la marchande d'atours qui vous do

— Morte ? Mais comment ?

— Assassinée ! Elle avait été livrer un he

Catherine ne répondit pas, mais le regard horrifié qu'elle jeta au diamant était suffisamment explicite. Ainsi, même en simple dépôt, la damnée pierre tuait encore ! Il fallait s'en séparer, et le plus tôt serait le mieux !

— Tout de même, ajouta le moine avec un bon sourire, n'exagérons rien et gardons-nous de la superstition ! Il n'y a peut-être là qu'une série de coïncidences. Vous admettrez que je l'aie transportée à travers la plus grande partie du royaume, par des pays où règne la misère, où les brigands pullulent... et qu'il ne m'est rien advenu de fâcheux !

C'était, en effet, une manière de miracle, qu'en plein hiver, puisque l'on était au début de l'an 1433, ce cordelier du mont Beuvray ait réussi à traverser ce malheureux pays de France ravagé par une abominable misère, saigné à blanc par les bandes d'écorcheurs et par les garnisons anglaises encore éparpillées ici et là, sans que nul ne se doutât que, dans un sac de toile rude dissimulé sous son froc, il transportait la rançon d'un empereur. Au moment où Catherine et Arnaud de Montsalvy avaient fui Rouen, la nuit même du supplice de la Pucelle, les fabuleux joyaux de la jeune femme étaient demeurés à la garde de leur ami, le maître maçon Jean Son, jusqu'à ce que Frère Étie

Depuis des a

Cette fois, Frère Étie

S'éloignant de la table, Catherine alla jusqu'à la fenêtre. La nuit était complète maintenant, au-delà de l'immense cercle blanc de la cour que les feux de cuisine teintaient de rouge. Mais les yeux de la jeune femme depuis longtemps n'avaient plus besoin du jour pour se fixer dans la direction exacte de la maladrerie de Calves. À travers l'espace, à travers l'ombre, le lien qui la rattachait au réprouvé, à Arnaud de Montsalvy, son époux bien-aimé, demeurait toujours aussi fort, aussi douloureux... Elle pouvait demeurer là des heures, le regard perdu, des larmes qu'elle ne songeait pas à essuyer roulant silencieusement sur son beau visage.