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! Ou bien c'est lui, ce chien galeux qui en a eu assez de toi et qui t'a jetée sur les routes quand il s'est aperçu que la moitié de ses hommes t'avaient passé dessus ?

Avec une souplesse de chat, elle se relevait déjà, serrant dans sa paume son poignet blessé, plus étourdie par ce flot d'injures que par le choc reçu, mais tout de suite parvenue au même diapason de fureur.

— Qui m'a chassée ? De quoi parles-tu ? Parce que je t'ai pris en flagrant délit, comme un vaurien, parce que je viens de voir qui tu es en vérité, tu préfères m'attaquer, me couvrir d'insultes insensées !

C'est tellement plus pratique !

Machinalement, elle refermait son pourpoint à l'aide des fragments de ses lacets.

— Je parle de mes vassaux, je parle des gens de Montsalvy qui, sans doute las de te voir te vautrer dans le lit des trois Apchier, t'ont jetée hors de leurs murs et renvoyée sur les grands chemins pour y reprendre ton métier.

Tes vassaux ? Ah, j'aimerais qu'ils puissent te voir en cette minute

! Toi, leur seigneur... presque leur Dieu ! couvert de sang, brûlant, pillant, torturant des i

Coupe-jarret ! Écorcheur ! Voilà les nouveaux titres du seigneur de Montsalvy ! Ah ! non, j'oubliais : le capitaine La Foudre, un valet de Robert de Sarrebruck ! Voilà ce que tu es devenu !

Il bondit sur elle, le poing levé, prêt à frapper comme tout à l'heure, mais elle ne recula pas. Au contraire, elle se raidit et fit front audacieusement.

— Vas-y ! gronda-t-elle entre ses dents serrées. Cogne ! Fais ton métier jusqu'au bout ! Je vois que l'homme qui t'a aidé à quitter la Bastille, qui t'a si bien déshonoré, je vois que Go

Arnaud retint sa main qui allait s'abattre.

Comment sais-tu tout cela ?

— J'en sais plus encore que tu ne l'imagines. Je sais que Bérault d'Apchier, qui assiégeait Montsalvy, avait des intelligences dans la place. Il s'est fait remettre par celle qui nous trahissait... par Azalaïs la dentellière, une de mes chemises dont elle devait réparer la dentelle et un morceau de lettre où elle avait imité mon écriture.

Ça, c'était pour toi... pour te convaincre que j'avais été assez ignoble pour livrer Montsalvy à ces pourceaux. C'est bien ça, n'est-ce pas ? Mais si tu veux que je le lui dise en face et que je fasse cracher son venin au bâtard, va donc le chercher ! Où est Go

— Il est mort ! fit Arnaud d'un ton rogue. Je l'ai tué... quand il m'a do

D'un geste machinal, il tirait de sous son haubert de mailles un chiffon blanc froissé et taché de sang, un fragment de parchemin qu'il laissa tomber aux pieds de sa femme.

— Il m'avait tiré de la Bastille. Il m'avait sauvé la vie et cependant je l'ai tué. A cause de toi... et parce qu'il a osé me dire...

toute la vérité sur toi. Il a été ho

Ho

Fraternel, le bon garçon qui portait sur lui le poison, à lui do





As-tu donc perdu le sens, Arnaud de Montsalvy ?

Il explosa de nouveau mais maintenant l'incertitude, le doute se glissaient dans les vagues de sa colère.

— Pourquoi te croirais-je plus que lui ? Qui m'assure que tu dis vrai ? Il est normal que tu accuses pour te défendre et maintenant que j'ai eu la sottise de te dire qu'il est mort !

— Tu ne me crois pas ? dit-elle froidement. Et l'abbé Bernard, le croirais-tu ?

— L'abbé Bernard est loin et ça aussi, tu le sais !

— Beaucoup moins que tu n'imagines. Lis ça !

De son aumônière, elle tirait la lettre reçue à Tours. Le cuir épais et solide l'avait protégée de l'eau et elle n'était même pas humide. D'un geste net, elle la mit sous le nez de son mari.

— Je pense que tu co

Il lui jeta un regard où l'incertitude se teintait maintenant d'angoisse, puis, s'écartant vers la chandelle qu'il avait posée sur une poutre, il se mit à lire lentement à mi-voix, s'arrêtant sur certains mots comme s'il cherchait à en apprécier tout le poids.

Catherine, retenant sa respiration, le regardait avec désespoir. Elle regardait ce visage viril dont les traits énergiques semblaient s'être épaissis, alourdis d'une brutalité qu'elle ne co

Avec douleur, derrière ce soudard vêtu de fer qui dans sa mémoire s'érigeait, sauvage et menaçant sur le fond brûlant d'un village incendié, elle voyait se lever l'image familière qui s'était découpée une dernière fois, si fière et si joyeuse sous le frisso

Il n'y avait pas six mois de cela... et celui qu'elle aimait plus que tout au monde était devenu cet homme- là ! Si lourde était sa peine qu'elle ne fit rien pour la contenir. Des larmes emplirent ses yeux et, silencieusement, sans un sanglot, glissèrent lentement vers les coins de sa bouche.

Arnaud, cependant, avait fini de lire. L'œil atone, il contemplait la lettre qu'il avait laissée tomber à ses pieds, comme s'il cherchait à en étudier la forme. D'une main machinale, il ôta ses épaulières et son plastron d'acier, dégrafa le haubert de mailles, dégageant son cou puissant à la manière d'un homme qui étouffe.

Brusquement, il arracha la hachette plantée dans un billot à fendre les bûches, la lança au loin et s'assit, les coudes aux genoux et la tête dans ses mains.

— Je ne comprends pas... Je n'arrive pas... Je ne peux pas comprendre. Il me semble que je deviens fou...

— Veux-tu me laisser t'expliquer ? murmura Catherine après un instant de silence, je crois qu'ensuite tu comprendras tout.

— Explique ! concéda-t-il de mauvaise grâce, avec un reste de rancune renforcée par la pénible sensation d'être dans son tort sur toute la ligne.

— D'abord, une question : pourquoi, en quittant la Bastille, n'es-tu pas revenu droit à Montsalvy ?

— L'abbé l'a bien compris, lui ! Pourquoi donc pas toi ? C'est facile, cependant. Quand on se sauve, on ne rentre pas chez soi tout droit.

— Tu pouvais au moins revenir dans la région. Les cachettes ne manquent pas, sans compter les forteresses de ceux qui auraient accepté joyeusement de subir pour toi combats et sièges !

Je sais, s'écria-t-il avec colère. Mais ce maudit bâtard, que Dieu damne, m'avait dit que j'étais condamné à mort, que j'allais être exécuté le soir même. D'ailleurs, il était venu sous l'habit du moine qui devait me préparer. Quand nous nous sommes enfuis, je voulais regagner l'Auvergne. Je ne voulais même que ça mais il m'a dit que le Roi, déjà, envoyait des troupes pour investir ma ville et se saisir de mes biens. Et puis ensuite... quand il m'a appris., ce que tu sais, je n'ai plus eu envie de rien... sinon de passer ma fureur sur tout ce qui me tomberait sous la main ! A quoi bon retourner là-bas ? Je n'aurais même pas eu la joie d'étriper Bérault d'Apchier, puisque les gens du Roi avaient déjà dû prendre possession. Alors, j'ai rejoint Robert. Je savais qu'il avait réussi à s'échapper de la prison où les gens de René de Lorraine le retenaient. Je le co