Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 6 из 8

Ce voisin officieux n'approuva pas ces clameurs; mais, ne pouvant s'empêcher de croire quelque chose de ce qu'elle avait supposé, il entra dans ses intérêts et disposa aisément Rodéric à la paix, de peur du scandale, qu'il craignait, et qui aurait infailliblement suivi une aventure aussi surprenante.

Honorie ne fut pas si traitable ni si timide; elle aimait à scandaliser son mari et à le traduire en ridicule; elle en vint à bout, et dans peu de temps tout le quartier se divertit de cette querelle, plaignant la femme, qu'on supposait avoir été battue, et blâmant Rodéric d'avoir osé la frapper.

Il y eut pourtant enfin quelque réconciliation, et Rodéric, agissant de bo

Elle commença par lui enlever toutes ses pierreries et sa vaisselle d'argent; après cela elle divertit ses meubles les plus précieux, dont il ne savait ni le nombre ni l'importance; et enfin, le flattant pour le mieux tromper, elle lui inspira de fournir à deux de ses frères les moyens d'entreprendre un grand commerce sur mer, lequel n'est pas défendu à la noblesse de Florence; elle lui fit entendre qu'il serait cause de leur fortune, et qu'il augmenterait en même temps la sie

Les deux frères furent pareillement mis en état de trafiquer sur mer; il leur équipa à chacun un vaisseau, et chargea sur l'un et sur l'autre de riches marchandises: le premier fut dépêché au Levant, et l'autre vers le Ponent [1], et ce fut là principalement que la meilleure partie de son bien fut employée.

Cependant Honorie ne rabattait rien de son orgueil et de sa vanité ordinaires; elle changeait de meubles et d'habits plus de douze fois l'a

Il passa ainsi environ une a

Alors Jean Mathieu retira Rodéric du lieu où il était si bien caché, et l'ayant sommé de sa parole: «Mon frère, lui dit Rodéric, je vous ai une obligation à laquelle je dois satisfaire, et le veux ainsi de tout mon cœur; mais, afin que vous en soyez persuadé, et que j'aie le pouvoir de m'acquitter de ma promesse, je veux vous dire qui je suis.» Et pour lors il lui raconta son histoire, lui dit les lois qu'on lui avait imposées au sortir de l'enfer, lui parla de son mariage, et n'oublia rien de ce que nous venons de dire; il lui dit aussi par quel moyen il voulait l'enrichir, et le voici en peu de mots: «Toutes les fois que vous apprendrez qu'il y aura quelque femme ou fille possédée, en quelque pays que ce soit, soyez sûr, lui dit-il, que c'est moi qui la posséderai, et qui me serai rendu le maître de son corps, duquel je ne sortirai point que vous ne veniez pour m'en chasser; et comme vous rendrez par là un service très-considérable à la possédée et à ses parents, vous en tirerez tout ce que vous voudrez, soit en argent, soit en autres choses de valeur.» Jean Mathieu fut content de la proposition, et, Rodéric s'étant retiré, il arriva peu de jours après que la fille d'Ambroise Amédée, mariée à Bonalde Tébaluci, tous deux habitants de Florence, parut avoir tous les accidents d'une démoniaque. Son mari et ses parents eurent d'abord recours aux remèdes ordinaires, même aux exorcismes; mais tout cela ne profita point, et afin que nul ne pût douter que ce ne fût une véritable obsession du démon, cette femme parlait latin et toutes les autres langues; elle traitait avec facilité des plus hauts points de la philosophie, et découvrit à plusieurs leurs péchés les plus cachés, et entre autres à un soldat qui avait gardé chez soi quatre ans durant une concubine vêtue en homme, ce qui éto

[1] Sic