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Nicolas Machiavel
Très-Plaisante Nouvelle Du Démon Qui Prit Femme
Note de l’éditeur
Il m’a paru intéressant de publier dans le même recueil, deux traductions de cette nouvelle de Machiavel:
La première, traduite par Jean-Vincent Périès, en 1825, est la version moderne que l’on trouve dans la plupart des éditions, et notamment dans le recueil de contes fantastiques publié par E. Picard – Paris, en 1867, réédité par A. Lemerre – Paris, en 1874, que vous pouvez consulter dans leur version originale sur le site Gallica (http://gallica.bnf.fr/). Selon les éditions, le titre de cette version est Très-plaisante nouvelle du démon qui prit femme ou Nouvelle très-plaisante de l’archidiable Belphégor
La deuxième est la première traduction en français de cette nouvelle, que nous devons à Ta
La comparaison de ces deux traductions, fort différentes, est pleine d’enseignements que je laisse le soin au lecteur de tirer.
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TRÈS-PLAISANTE NOUVELLE DU DÉMON QUI PRIT FEMME ou NOUVELLE TRÈS-PLAISANTE DE L’ARCHIDIABLE BELPHÉGOR
Voici ce qu'on lit dans les ancie
«Mes très-chers amis, quoique je sois le maître de cet empire par une disposition céleste et la volonté irrévocable du Destin, et que par conséquent je ne puisse être soumis au jugement ni de Dieu ni des hommes, cependant, comme la plus grande preuve de sagesse que sauraient do
Le cas parut, à chacun des princes de l'enfer, de la plus grande importance, et digne d'un examen approfondi; mais si tous étaient d'accord sur la nécessité de découvrir la vérité, tous différaient sur les moyens. Ceux-ci voulaient que l'on envoyât l'un d'entre eux dans le monde, sous une forme humaine, afin de savoir par lui-même ce qui en était; ceux-là, qu'on y en envoyât plusieurs. Les uns pensaient qu'il était inutile de prendre tant de peine, et qu'il suffirait d'obliger quelques âmes à confesser la vérité à force de tourments variés; cependant, comme la majorité penchait pour que l'on envoyât un démon, on s'arrêta enfin à ce parti; mais perso
Belphégor, ayant donc accepté les conditions et l'argent, s'en vint dans le monde, et accompagné d'une suite brillante de valets et de gens à cheval, il entra dans Florence de la manière la plus honorable. Il avait fait choix de cette ville entre toutes les autres, parce qu'elle lui parut plus indulgente pour ceux qui aiment à faire valoir leur argent par l'usure. Ayant pris le nom de Roderigo di Castiglio, il loua une maison dans le quartier d'Ognissanti. Pour qu'on ne pût découvrir qui il était, il sema le bruit qu'il avait quitté l'Espagne tout jeune encore pour se rendre en Syrie, et que c'était à Alep qu'il avait gagné tout ce qu'il possédait; qu'il était parti de ce pays pour venir en Italie, afin de se marier dans une contrée plus humaine, plus civilisée, et plus conforme à sa manière de penser.
Roderigo était un très-bel homme, qui paraissait âgé d'une trentaine d'a