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– Ce n'est pas ça! Tu as trouvé agréable de voir Cyril dans ses bras?

– Je ne l'aime plus, dis-je.

– Moi non plus, je n'aime pas Elsa, cria-t-il furieux. Mais ça me fait quelque chose quand même. Il faut dire que j'avais, euh... vécu avec elle! C'est bien pire...»

Je le savais, que c'était pire! Il avait dû ressentir la même envie que moi: se précipiter, les séparer, reprendre son bien, ce qui avait été son bien.

«Si A

– Quoi? Si A

Qu'il était facile pour moi de diriger ses pensées. J'étais un peu effrayée de le co

«Je ne suis pas choquée, dis-je. Mais enfin, il faut voir les choses en face: Elsa a la mémoire courte, Cyril lui plaît, elle est perdue pour toi. Surtout après ce que tu lui as fait, c'est le genre de choses qu'on ne pardo

– Si je voulais, commença mon père, et il s'arrêta, effrayé...

– Tu n'y arriverais pas, dis-je avec conviction, comme s'il était naturel de discuter de ses chances de reconquérir Elsa.

– Mais je n'y pense pas, dit-il, retrouvant le sens commun.

– Bien sûr», dis-je avec un haussement d'épaules.

Ce haussement signifiait: «Impossible, mon pauvre, tu es retiré de la course.» II ne me parla plus jusqu'à la maison. En rentrant, il prit A

A deux heures, j'entendis le léger sifflement de Cyril et descendis sur la plage. Il me fit aussitôt monter sur le bateau et prit la direction du large. La mer était vide, perso

«Ce matin..., commença-t-il.

– Tais-toi, dis-je, oh! tais-toi...»

II me renversa doucement sur la bâche. Nous étions inondés, glissants de sueur, maladroits et pressés; le bateau se balançait sous nous régulièrement. Je regardais le soleil juste au-dessus de moi. Et soudain le chuchotement impérieux et tendre de Cyril... Le soleil se décrochait, éclatait, tombait sur moi. Où étais-je? Au fond de la mer, au fond du temps, au fond du plaisir... J'appelais Cyril à voix haute, il ne me répondait pas, il n'avait pas besoin de me répondre.

La fraîcheur de l'eau salée ensuite. Nous riions ensemble, éblouis, paresseux, reco



J'éprouvais, en dehors du plaisir physique et très réel que me procurait l'amour, une sorte de plaisir intellectuel à y penser. Les mots «faire l'amour» ont une séduction à eux, très verbale, en les séparant de leur sens. Ce terme de «faire», matériel et positif, uni à cette abstraction poétique du mot «amour», m'enchantait. J'en avais parlé avant sans la moindre pudeur, sans la moindre gêne et sans en remarquer la saveur. Je me sentais à présent devenir pudique. Je baissais les yeux quand mon père regardait A

Si mon père devenait peu à peu obsédé par Elsa, A

A quelques jours de là, mon père reçut un mot d'un de nos amis lui fixant rendez-vous à Saint-Raphaël pour prendre l'apéritif. Il nous en fit part aussitôt, enchanté de s'évader un peu de cette solitude volontaire et un peu forcée où nous vivions. Je déclarai donc à Elsa et à Cyril que nous serions au bar du Soleil à sept heures et que, s'ils voulaient venir, ils nous y verraient. Par malchance, Elsa co

«Charles Webb m'adore, dit-elle avec une simplicité enfantine. S'il me voit, il ne pourra que pousser Raymond à me revenir.»

Cyril se moquait d'aller ou non à Saint-Raphaël. Le principal pour lui était d'être où j'étais. Je le vis à son regard et je ne pus m'empêcher d'en être fière.

L'après-midi donc, vers six heures, nous partîmes en voiture. A

Au bar de Soleil, nous retrouvâmes Charles Webb et sa femme. Il s'occupait de publicité théâtrale, sa femme de dépenser l'argent qu'il gagnait, cela à une vitesse affolante et pour de jeunes hommes. Il était absolument obsédé par la pensée de joindre les deux bouts, il courait sans cesse après l'argent. D'où son côté inquiet, pressé, qui avait quelque chose d'indécent. Il avait été longtemps l'amant d'Elsa, car elle n'était pas, malgré sa beauté, une femme particulièrement avide et sa nonchalance sur ce point lui plaisait.