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En arrivant, il me restait de quoi survivre un mois ou deux dans un hôtel de seconde zone. J’ai même pas pensé qu’un autre choix était possible.

Trois mois plus tard, j’avais déjà détourné un bon paquet de comptes bancaires, en me servant d’un Personal neuroComputer dernier cri, dopé par une volumineuse panoplie de logiciels interdits, une association avec Youri Krevtchenko, le seul vrai pote que j’ai jamais eu dans la conurb sud, à part Zlatko et Djamel.

Les choses étaient déjà en train de changer à l’époque.

L’armée américaine avait, paraît-il, doté ses intelligences artificielles de neurotoxines mortelles, pour tout visiteur intempestif à l’intérieur de ses bases de do

Ça avait le mérite d’être clair.

Et ça provoqua la mort de Dixon Orbit, un de mes potes du “ sub-monde ”, un type d’Autobahn-City, dans la Ruhr. Il commit l’erreur de s’attaquer à une entreprise qui servait de couverture à la CIA, ou un de ses dérivés, on ne sut jamais vraiment. Lorsqu’il ressortit de l’univers neurovirtuel, qu’il retira son casque-interface et décida de se taper une virée dans un bar, pour boire une bière, se lever une pute et fêter ça dignement toute la nuit, il était juste en descente de neurofractales, un état normal pour tout pirate techno, à la longue.

Il s’est allongé sur le lit, s’est endormi et ne s’est jamais réveillé.

On l’a retrouvé dix jours plus tard. C’était l’été. Un été, hyper-chaud, un des premiers grands étés tropicaux, en Europe. Le voisin qui avait un double des clés et qui a pénétré dans l’appartement pensait avoir affaire à une simple pa

Les toubibs conclurent à une rupture d’anévrisme, tout en indiquant la présence de protéines bizarres et des traces résiduelles de drogues qui pourraient les expliquer.

En un an, une dizaine de cas analogues se produisirent, rien que dans mon secteur, la conurb Parisud.

Pour Kader “ Speed17 ”, de Créteil, la chose se passa ainsi: un jour il se brancha sur un univers virtuel de sa confection, à l’intérieur, de son propre neuromonde. ll le fit sans savoir que, lors de sa dernière neuronexion avec l’extérieur, les flics de la TechnoPol y avait infiltré un virus militaire très puissant. Son IA perso

Pour moi, ce fut encore différent.

Un soir, après m’être gentiment branché sur un SexNet japonais, j’avais dérivé dans quelques banques d’informations sévèrement protégées, en compagnie d’une jeune Chinoise à qui je faisais mon numéro alors qu’elle était physiquement à douze mille kilomètres de là. La fille proposa de me “ neurocharger ” un nouvel hallucinogène fractal que les étudiants de l’université de Shanghaï fabriquaient sous le manteau. J’ai accepté.

Ce soir-là, la nuit était belle, je m’en souviens clairement. La fille de Shanghaï m’a vampé, on a fait l’amour via le réseau, en état “ neurotronique ”, comme d’autres millions d’êtres humains, puis je me suis couché, sombrant dans le sommeil alors que le soleil se levait.

J’ai fait un drôle de rêve cette “ nuit ”-là. Je me suis retrouvé avec la Chinoise dans une cabine spatiale, où on a testé chaque cloison, chaque recoin, un Kama-Sutra complet en gravité zéro. Ça me sembla durer des heures à chaque fois, et entre chaque coup on discutait, en état d’apesanteur. Je savais pas ce que je lui racontais au rêve de Chinoise, mais j’arrêtais pas, et je sais pas combien de temps ça a duré. Un matin je me suis réveillé, avec une solide gueule de bois, et l’impression très nette de la non-gravité dans toute ma charpente, je me suis dit que les biochimistes de l’université de Shanghaï étaient de sacrés petits rigolos. J’étais en train de me diriger vers la salle de bains d’un pas hésitant, quand mon IA perso

Les flics m’ont fait écouter les enregistrements de ma voix, balançant Djamel, Zlatko, moi-même et deux ou trois intermédiaires avec lesquels on traitait habituellement. Avec les détails précis, les noms de code, les filières, les techniques et les neurogiciels utilisés. Tout.

La “ Chinoise ” était un de leurs programmes dernier cri et l’hallucinogène de l’université de Shanghaï cachait un des plus puissants inhibiteurs de volonté à leur disposition. Un logiciel neuroviral à retardement, post-stimulation onirique. Mes systèmes de contre-mesures n’y avaient vu que du feu.



A part le fait qu’ils pouvaient à tout moment faire courir la rumeur, preuves à l’appui, que j’étais une balance, ils m’ont dit qu’ils avaient de quoi me faire plonger pour plusieurs déce

J’ai fait deux ans et des bananes à la toute nouvelle Centrale de Viroflay. Un enfer high-tech de béton et d’alliages composites, filmé en continu par la micro-caméra de surveillance qu’on vous implantait sur le nerf optique, afin de suivre vos faits et gestes en vision subjective, nuit et jour. Les matons faisaient des paris divers et variés, sur la taille, la vitesse, l’endurance, en observant les branlettes. On disait à l’époque que des prototypes de puces pouvant enregistrer les rêves étaient à l’étude chez les fabricants de processeurs. Dans la prison, le bruit courait que la Centrale de Viroflay s’en doterait dès qu’ils seraient lancés sur le marcbé, pour en équiper les boîtes crânie

J’ai eu droit à une remise de peine, mais les flics m’attendaient à la sortie, comme prévu. Fallait maintenant que je respecte l’autre terme du contrat. Ils m’ont d’abord fourgué un paquet de fausses identités, un neurocomputer de pointe, puis collé aux baskets de plusieurs représentants de la nouvelle génération des techno-pirates, et je dois dire que j’en ai fait tomber quelques-uns. Ça ne m’a valu que les félicitations sardoniques de l’officier qui dirigeait la brigade. Après, j’ai été intégré à une branche de la TechnoPol appelée “ Cellule Cyclope ”, un service spécialisé dans les coups foireux, comme les écoutes clandestines de certains membres de l’Euroklatura. J’ai rapidement compris que les flics voulaient me mouiller à fond, direct dans le paquet de merde, afin que je ne sois jamais tenté de faire machine arrière. Que ce soit vis-à-vis de mes anciens potes, ou du pouvoir légal, quelques informations savamment distillées feraient de moi un pestiféré à la seconde où elles seraient co

Dans ce service étaient regroupés tous les types qu’on pouvait envoyer au casse-pipe, ou qu’on voulait éprouver, les râleurs, les marginaux, les grillés du cervelet, les peigne-culs indécrottables du précédent régime, des mecs comme moi, la crème. Y’avait même pas de hiérarchie dans la cellule, à part le sous-officier qui nous dirigeait de loin, perso

D’après ce que je sais, cette cellule oeuvrait dans la plus totale illégalité: elle n’était co

Les flics m’ont relâché au bout de cinq a

Un an à peine avait passé et j’étais déjà en train de me demander où j’allais atterrir quand l’été serait fini.

Comme je vous le disais il faisait chaud, j’avais la tête ailleurs, et la queue en pleine inspiration.

C’est à ce moment-là que Youri a appelé.

Il avait choisi un de ses clones spéciaux pour communiquer, un joker à tête de clown, inspiré des dessins d’un tueur en série de l’Indiana, au siècle dernier, une image qui signifiait d’emblée qu’il y avait des emmerdes à l’horizon.

Youri, je l’ai toujours considéré comme l’un des nôtres, même s’il n’a jamais piqué un kopeck à qui que ce soit.

Youri était plus vieux que moi, il allait gentiment sur ses soixante, même s’il en faisait presque dix de moins. Il avait quitté la Russie vers l’âge de dix ans, à la fin des a