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ELLE. Selon votre psychobiologie? C’est, je crois, comme ça que s’appelle votre spécialité? N’est-ce pas e

LUI. Que dites-vous là! (S’animant :) C’est extrêmement intéressant. Et savez-vous en quoi cela consiste? Le fait est que notre psychologie, nos représentations de l’interdit et du permis, du bien et du mal… (S’interrompant.) Excusez-moi, cela vous e

ELLE. Pourquoi donc? Continuez.

LUI. Non, ce n’est intéressant que pour moi. Vous allez trouver ça trop spécial et abscons.

ELLE. Qu’y a-t-il là d’abscons? (Avec le ton d’un conférencier tout à fait sérieux mais des étincelles de joie dans les yeux :) Il me semble que vous vouliez dire que notre psychologie, nos représentations de l’interdit et du permis, du bien et du mal se forment dès le plus jeune âge sous l’influence de la famille, de l’école, des éducateurs, des enfants du même âge, des livres, des films, des coutumes et des traditions nationales, bref de notre milieu social. Au bout du compte, se forme une psychologie déterminée par la société ou, pour le dire autrement, une psychologie sociale.

L’homme l’écoute avec un éto

ELLE. Mais l’être humain n’est pas seulement un être raiso

LUI. (Explosant.). Qu’est-ce que ça veut dire, bon sang!

ELLE. (Sur le ton de l’i

LUI. Mais c’est mon exposé! Presque mot pour mot!

ELLE. Non!? Qui l’aurait cru!

LUI. Cessez de faire l’imbécile! Qui êtes-vous, bon sang?

ELLE. Comment? Une fille de petite vertu.

LUI. Suffit! Vous y étiez aussi? Pourquoi ne vous ai-je pas vue? Vous êtes psychologue?

ELLE. Toutes les femmes sont psychologues.

LUI. Vous savez très bien que je parle de votre profession. Si vous n’êtes pas psychologue, vous êtes biologiste?

ELLE. Non.

LUI. Oh et puis, je n’y comprends rien. Qui êtes-vous? Que voulez-vous? D’où vous vient cette co

ELLE. Je vous assure que je ne vous espio

LUI. Non, il y a quelque chose qui n’est pas clair dans tout ça. Votre conduite est une énigme.

ELLE. Je vous ai déjà dit que toutes les énigmes semblent inexplicables tant qu’on ne découvre pas le mot. Alors elles se révèlent terriblement simples et n’apportent que désenchantement.

LUI. Une chose est claire pour moi depuis un moment déjà, c’est que vous n’êtes pas une fille de trottoir. Vous êtes trop instruite et intelligente.

ELLE. Même des femmes instruites sont contraintes de gagner leur vie.

LUI. Il me semble que votre voix m’est familière. Ne nous sommes-nous pas déjà rencontrés?

ELLE. Non. Je veux croire que si nous nous étions rencontrés, vous vous seriez souvenu de moi.

LUI. C’est juste.

ELLE. Cessez de vous casser la tête sur une énigme qui n’existe pas. Continuons plutôt notre controverse.

LUI. Mais d’abord, buvons.

ELLE. À notre rencontre? C’est déjà fait.

LUI. Non, nous avons bu à notre séparation. Votre toast n’était pas heureux, portons en un nouveau.

ELLE. D’accord.

Ils choquent les verres et boivent.

ELLE. Passez-moi votre assiette, je vais vous servir. (Elle lui sert un hors-d’œuvre.)

LUI. Merci.

ELLE. Et si on revenait à notre controverse? J’y tiens.



LUI. Pourquoi? Nous débattions? Sur quoi?

ELLE. Vous étiez sur le point de m’expliquer pourquoi vous pouvez choisir une femme qui vous plaît, tandis que moi je ne peux pas choisir un homme.

LUI. Ce n’est pas tout à fait ça. L’homme choisit, mais la femme est en droit d’accepter ou de refuser le choix de l’homme. C’est pourquoi, au bout du compte, c’est elle qui choisit.

ELLE. Mes ces choix ne sont pas d’égale valeur. Supposons qu’à un bal se trouvent cent dames et cent cavaliers, et que sur ces cent c’est moi que cinq hommes décident d’inviter à danser. C’est vrai, j’ai la possibilité de choisir parmi les cinq. Mais eux ont choisi parmi cent femmes!

LUI. Il faut croire que la nature savait ce qu’elle faisait; d’une manière ou d’une autre chacun aura sa partenaire.

ELLE. Pas tous.

LUI. (Après un court silence.). Pas tous, en effet.

ELLE. Et le couple qui se forme n’est pas toujours assorti.

LUI. C’est vrai aussi.

ELLE. Donc, vous considérez qu’une femme doit toujours être non pas l’archet mais le violon?

LUI. La question n’est pas ce que je considère ou non. Le monde est comme ça, tout simplement.

ELLE. Mais pourquoi? Les femmes n’ont-elles pas le droit de chercher leur bonheur et de faire ce qu’il faut pour l’atteindre? Les hommes et les femmes ne sont-ils pas égaux?

LUI. Égal ne signifie pas identique. Un chat mâle et un chat femelle sont aussi juridiquement égaux, mais biologiquement ils se conduisent différemment. Pareil pour les humains. Physiquement, une femme ne peut pas prendre un homme, le posséder. C’est toujours lui qui la prend, et elle, elle se do

ELLE. Vous raiso

LUI. Ce n’est pas elle qui doit chercher, elle, on doit la trouver. C’est pourquoi le premier motif du comportement d’une femme, c’est d’être attirante.

ELLE. Mais peut-être n’est-ce pas une loi de la biologie, mais une question d’éducation et de tradition?

LUI. Les traditions sont différentes d’un peuple à l’autre. Mais partout nous voyons une seule et même chose : l’homme cherche la femme, la choisit, fait tout pour l’avoir, l’achète, la prend. Mais on ne voit pas le contraire. Et en général, c’est bien co

ELLE. C’est une vieille fable.

LUI. Du reste, se battre seul contre une morale acceptée par tous est toujours sans espoir et n’a pas de sens. Et si l’on va à l’encontre de notre nature biologique cela conduit inévitablement à toutes sortes de névroses qui s’observent chez la majorité d’entre nous.

ELLE. Vous compris?

LUI. Pourquoi devrais-je être une exception? Cessons cette discussion, voulez-vous?

ELLE. Comme vous voulez. Je vous aurais même invité à danser, mais je suis certaine que vous ne savez pas.

LUI. Si, pourquoi? Un peu moins bien qu’un ours, mais sûrement mieux qu’un éléphant.

ELLE. On peut peut-être essayer. (Elle le tire par la main, l’invitant à danser et fait quelques pas avec lui.)

LUI. Non, ce n’est pas la peine. Vous allez y perdre vos pieds.

ELLE. Donc, vous aussi vous avez des problèmes, bien que vous soyez un grand théoricien en matière de sexe. Et qu’en est-il dans la pratique?

LUI. Dans la pratique, tout mon temps est accaparé par le travail. Le reste m’intéresse peu.

ELLE. Et les enfants? Et votre femme chérie? (Elle ajoute, non sans une pointe de causticité :) Qui vous plaît sous tous les rapports?

LUI. Je n’ai pas d’enfants.

ELLE. Pas de femme non plus, peut-être?

LUI. Eh bien, si vous voulez la vérité, pas de femme non plus, à présent.

ELLE. «À présent» vous voulez dire maintenant pendant que vous êtes à l’hôtel?

LUI. Je n’ai pas du tout de femme. Depuis deux ans.

ELLE. Une petite amie, bien sûr.

LUI. Non plus.

ELLE. (Franchement surprise.). Comment ça? un psychologue parlerait là d’un cas lourd.