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LUI. Adieu. (Il sort.)

La femme, seule, reste longtemps assise et immobile. Puis, lentement, elle éteint les deux bougies, l’une d’abord, puis l’autre. À travers la fenêtre pénètrent les premières clartés d’un matin d’automne maussade. Elle se lève, s’assoit, se relève, puis machinalement débarrasse la table.

À l’embrasure de la porte apparaît l’homme.

LUI. C’est encore moi.

ELLE. (Pas encore revenue de ses méditations, sur un ton distant :). Vous avez oublié quelque chose?

LUI. Oui. Heu… non. Dis-moi, tout ce que tu as dit sur toi, tu l’as inventé?

ELLE. Et si je réponds non?

LUI. Tu as raison, ce n’est pas important… Tu sais, à peine étais-je sorti que j’avais compris tout de suite… si je laissais passer cette occasion, je le regretterais toute ma vie… Il y a en toi… J’ai du mal à expliquer…

ELLE. Je ne vous comprends pas bien.

LUI. Moi-même je ne comprends pas. Ça fait si longtemps que je n’ai pas éprouvé ça. Je pensais que jamais plus je ne l’éprouverais… C’est pourquoi j’ai eu peur. Toi et moi, c’est comme deux papillons attirés par un feu… Bien que nous sachions comment cela peut se terminer. Mais ça m’est égal. S’il faut aller au feu, eh bien, soit!

ELLE. (Avec douceur.). Tout doux. Assieds-toi.

Il s’assoit.

ELLE. Et maintenant, dis-moi, pourquoi tu es quand même revenu.

LUI. Tu ne comprends pas? (Il prend en souriant la bouteille de champagne.) Il nous reste à finir le champagne.

FIN

Aimer a perdre la mémoire

Любовь до потери памяти

Comédie en deux actes

À PROPOS

Un homme souffrant d’amnésie se présente dans le cabinet d’un médecin pour avoir son aide. Le médecin essaie de déceler les symptômes et les causes de la maladie, mais en vain : les réponses du patient sont tellement contradictoires qu’il est impossible d’obtenir quelque chose de sensé. Heureusement, il réussit à faire venir la femme du malade. Elle répond à toutes les questions avec clarté et assurance, mais il ressort de ses affirmations que le docteur aussi souffre d’amnésie. La situation s’embrouille davantage encore lorsqu’apparaît une autre femme déclarant aussi qu’elle est l’épouse du patient. La situation tourne à l’absurdité totale. Le docteur devient presque fou. Cette comédie dynamique et burlesque, vive et sans temps mort, co

Perso

LE DOCTEUR

MICHEL

JEANNE

IRÈNE

L’HOMME

L’âge des perso

ACTE I

Le cabinet d’un Docteur richement meublé, rappelant un salon élégant plutôt qu’une salle médicale stérile. Dans un confortable fauteuil, derrière son bureau, s’est installé le Docteur en perso

LE VISITEUR. Docteur, je souffre d’amnésie.

LE DOCTEUR. Depuis quand ?

LE VISITEUR. « Depuis quand quoi » ?

LE DOCTEUR. Depuis quand souffrez-vous d’amnésie ?

LE VISITEUR. (Mettant son esprit à la torture.) Je ne m’en souviens pas.

LE DOCTEUR. Bien. Je veux dire : c’est très mauvais. Mais rien n’est irréparable. L’essentiel est que vous soyez venu voir le bon médecin. Celui qui vous guérira. Des médecins qui soignent, on n’en trouve pas tant que ça. Et qui guérissent, pas du tout. Établissons, comme il se doit, une fiche médicale. (Il commence à entrer les do

LE VISITEUR. Comment le savez-vous ?

LE DOCTEUR. Vous venez juste de me le dire vous-même.

LE VISITEUR. Ah, oui ? C’est très regrettable. En fait, je le cache pour ne pas me créer d’e



LE DOCTEUR. Ne vous inquiétez pas, cela restera entre nous. Secret professio

LE VISITEUR. Mon nom ? (Mettant son esprit à la torture.) J’ai oublié.

LE DOCTEUR. (Rassurant.) Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas catastrophique. Avez-vous sur vous votre carte d’identité ou un document attestant de votre identité ?

LE VISITEUR. Oui, bien sûr. (Il fouille dans ses poches.) J’ai peur de l’avoir laissée à la maison.

LE DOCTEUR. En toute ho

LE VISITEUR. J’ignore moi-même comment c’est advenu. Je me souviens que mon nom est très courant.

LE DOCTEUR. Tâchons de nous souvenir. Nicolas, peut-être ?

LE VISITEUR. (Incertain.) Peut-être.

LE DOCTEUR. Ou Serge ?

LE VISITEUR. Je ne sais pas.

LE DOCTEUR. Et votre nom de famille ? Oublié aussi ?

LE VISITEUR. Et le nom de famille aussi. Mais ne vous inquiétez pas. Je dois avoir sur moi une note avec mon nom et mon adresse. Ma femme me glisse toujours cette note dans la poche, quand je sors. (Il cherche dans ses poches et trouve un petit papier. Triomphant.) Tenez, vous voyez ? Vous allez savoir comment je m’appelle.

LE DOCTEUR. (Il déplie et lit la note.) Voyons voir… Un numéro de téléphone… Et un nom, là. « Irène ». (Perplexe.) Mais ce n’est pas votre prénom !

LE VISITEUR. Vous êtes sûr ?

LE DOCTEUR. Et vous non ? Vous êtes un homme, enfin !

LE VISITEUR. Comment le savez-vous ? Je vous l’ai dit ?

LE DOCTEUR. Vous ne le savez pas vous-même ?

LE VISITEUR. Que je suis un homme ? Si vous l’affirmez, je vous crois. (Il réfléchit.) Si Irène n’est pas mon prénom, alors de qui est-ce le prénom ?

LE DOCTEUR. (Commençant à s’énerver.) C’est justement ce que je voulais vous demander.

LE VISITEUR. Probablement, est-ce le prénom de ma femme.

LE DOCTEUR. Que signifie « probablement » ? Vous ne vous rappelez pas le prénom de votre femme ?

LE VISITEUR. Vous vous moquez. Bien sûr, que je me le rappelle.

LE DOCTEUR. Alors, c’est elle ou non ?

LE VISITEUR. Elle, naturellement. Ma tendre, ma douce, mon aimante et adorée épouse. Vous n’allez pas le croire, mais nous nous co

LE DOCTEUR. (Incrédule.) Et vous ?

LE VISITEUR. Et comment ! Oh ! là là ! quel moment ça a été ! Chaque creux de son corps était encore enveloppé de mystère, chaque attouchement était encore source d’émoi et chaque nuit tenait du miracle. D’un miracle qui n’en finissait pas. Vous souvenez-vous de tout cela, docteur ?

LE DOCTEUR. (Soupirant, avec sentiment.) Qui ne s’en souvient pas ?

LE VISITEUR. Le croirez-vous, docteur, mais notre lune de miel se continue, aujourd’hui encore.

LE DOCTEUR. Donc, il vous reste quand même des bribes de souvenirs ?

LE VISITEUR. Bien sûr. Sinon, je serais un parfait crétin. Malheureusement, j’ai parfois des trous de mémoire. Des morceaux s’évanouissent. Puis refont surface. Puis s’évanouissent à nouveau et à nouveau refont surface. À nouveau s’évanouissent. À nouveau refont surface. À nouveau…

LE DOCTEUR. (L’interrompant.) J’ai compris. S’évanouissent.

LE VISITEUR. Oui. S’évanouissent. Mais globalement, j’ai une excellente mémoire.

LE DOCTEUR. Vraiment ?

LE VISITEUR. Naturellement. J’aime beaucoup la littérature, la philosophie, l’art. Avez-vous lu Hegel ?

LE DOCTEUR. Oui, quelques textes par-ci par-là.

LE VISITEUR. Vous souvenez-vous combien belle est sa manière de parler d’architecture et de sculpture ?