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Les voilà donc bien affligés ; car, plus ils marchaient, plus ils s’égaraient, et s’enfonçaient dans la forêt. La nuit vint, et il s’éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n’entendre de tous côtés que les hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n’osaient presque se parler, ni tourner la tête. Il survint une grosse pluie, qui les perça jusqu’aux os[21] ; ils glissaient à chaque pas, et tombaient dans la boue, d’où ils se relevaient tout crottés, ne sachant que faire de leurs mains.

Le Petit Poucet grimpa au haut d’un arbre, pour voir s’il ne découvrirait rien ; ayant tourné la tête de tous côtés, il vit une petite lueur comme d’une chandelle, mais qui était bien loin, par-delà la forêt. Il descendit de l’arbre, et, lorsqu’il fut à terre, il ne vit plus rien : cela le désola. Cependant, ayant marché quelque temps, avec ses frères, du côté qu’il avait vu la lumière, il la revit en sortant du bois.

Ils arrivèrent enfin à la maison où était cette chandelle, non sans bien des frayeurs : car souvent ils la perdaient de vue ; ce qui leur arrivait toutes les fois qu’ils descendaient dans quelques fonds. Ils heurtèrent à la porte, et une bo

Comme ils commençaient à se chauffer, ils entendirent heurter trois ou quatre grands coups à la porte : c’était l’Ogre qui revenait. Aussitôt sa femme les fit cacher sous le lit, et alla ouvrir la porte. L’Ogre demanda d’abord si le souper était prêt, et si on avait tiré du vin[24], et aussitôt se mit à table. Le mouton était encore tout sanglant, mais il ne lui en sembla que meilleur. Il flairait à droite et à gauche, disant qu’il sentait la chair fraîche[25]. « Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens d’habiller, que vous sentez[26]. – Je sens la chair fraîche, te dis-je encore une fois, reprit l’Ogre, en regardant sa femme de travers ; et il y a ici quelque chose que je n’entends pas. » En disant ces mots, il se leva de table, et alla droit au lit. « Ah ! dit-il, voilà donc comme tu veux me tromper, maudite femme ! Je ne sais à quoi il tient que je ne te mange aussi[27] : bien t’en prend d’être une vieille bête. Voilà du gibier qui me vient bien à propos pour traiter trois ogres de mes amis, qui doivent me venir voir ces jours-ci. »

Il les tira de dessous le lit, l’un après l’autre. Ces pauvres enfants se mirent à genoux, en lui demandant pardon ; mais ils avaient affaire au plus cruel de tous les ogres, qui, bien loin d’avoir de la pitié, les dévorait déjà des yeux, et disait à sa femme que ce seraient là de friands morceaux, lorsqu’elle leur aurait fait une bo

Il alla prendre un grand couteau ; et en approchant de ces pauvres enfants, il l’aiguisait sur une longue pierre, qu’il tenait à sa main gauche. Il en avait déjà empoigné un, lorsque sa femme lui dit : « Que voulez-vous faire à l’heure qu’il est ? n’aurez-vous pas assez de temps demain ? – Tais-toi, reprit l’Ogre, ils en seront plus mortifiés[28]. – Mais vous avez encore là tant de viande, reprit sa femme : voilà un veau, deux moutons et la moitié d’un cochon ! – Tu as raison, dit l’Ogre : do

La bo

L’Ogre avait sept filles, qui n’étaient encore que des enfants. Ces petites ogresses avaient toutes le teint fort beau, parce qu’elles mangeaient  de la chair fraîche, comme leur père ; mais elles avaient de petits yeux gris et tout ronds, le nez crochu, et une fort grande bouche, avec de longues dents fort aiguës et fort éloignées l’une de l’autre. Elles n’étaient pas encore fort méchantes ; mais elles promettaient beaucoup, car elles mordaient déjà les petits enfants pour en sucer le sang. On les avait fait coucher de bo

Il y avait dans la même chambre un autre lit de la même grandeur : ce fut dans ce lit que la femme de l’Ogre mit coucher les sept petits garçons ; après quoi, elle s’alla coucher elle-même dans son lit.

Le Petit Poucet, qui avait remarqué que les filles de l’Ogre avaient des couro

Il monta donc à tâtons à la chambre de ses filles, et s’approcha du lit où étaient les petits garçons, qui dormaient tous, excepté le Petit Poucet, qui eut bien peur lorsqu’il sentit la main de l’Ogre qui lui tâtait la tête, comme il avait tâté celles de tous ses frères. L’Ogre, qui sentit les couro

Aussitôt que le Petit Poucet entendit ronfler l’Ogre, il réveilla ses frères, et leur dit de s’habiller promptement et de le suivre. Ils descendirent doucement dans le jardin et sautèrent par-dessus la muraille. Ils coururent presque toute la nuit, toujours en tremblant, et sans savoir où ils allaient. L’Ogre, s’étant réveillé, dit à sa femme : « Va-t’en là-haut habiller ces petits drôles d’hier au soir. » L’Ogresse fut fort éto

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Il survint une grosse pluie, qui les perça jusqu’aux os… – Начался сильный ливень, от которого они промокли до костей…

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ne manqueront pas de nous manger – не преминут воспользоваться случаем, чтобы нас съесть

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il y avait un mouton tout entier à la broche – на вертеле был целый баран

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et si on avait tiré du vin – и налито ли вино

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disant qu’il sentait la chair fraîche – говоря, что он чувствует запах свежего мяса

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Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens d’habiller, que vous sentez. – Должно быть, – сказала ему жена, – это вы слышите запах телёнка, которого я только что разделала.

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Je ne sais à quoi il tient que je ne te mange aussi… – Не возьму в толк, отчего я тебя тоже не съел…

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ils en seront plus mortifiés – здесь: они совсем исчахнут

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La bo

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ce qui lui do

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eut regret d’avoir différé au lendemain ce qu’il pouvait exécuter la veille – испытал сожаление оттого, что отложил на следующий день то, что мог выполнить накануне

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n’en faisons pas à deux fois – не будем с этим тянуть

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ne se doutant point de la manière qu’il entendait qu’elle les habillât – совершенно не догадываясь о том, что` он имеет в виду (по-французски глагол habiller может означать и «разделывать тушу», и «одевать»)

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nageant dans leur sang – в лужах собственной крови