Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 3 из 93

Même, encore une fois, M me Drapier avait poussé un cri de surprise, car elle ne s’attendait en aucune façon à ce que son domestique fût déjà là, au moment où elle passait du salon dans la salle à manger.

Le dîner était hâtivement expédié, encore qu’il fût servi selon un protocole rigoureux, nécessitant la présence du valet de chambre, dans la salle à manger, tandis que ses maîtres dînaient.

Enfin, vers huit heures et demie, M. et M me Drapier passaient dans le salon et dès lors, en prenant leur café, recommençaient à discuter sur les qualités et défauts du perso

À la cuisine cependant, Caroline, la vieille cuisinière, avait attendu pendant dix minutes que le valet de chambre revînt de la salle à manger pour se mettre à dîner.

Elle ne le vit point venir, elle attendit encore quelques instants, puis, impatiente, ayant faim, désireuse également d’aller se coucher, elle suivit le couloir du service qui conduisait de la cuisine à la galerie et s’en vint à pas de loup dans cette dernière pour voir ce que devenait le domestique.

Elle l’aperçut l’oreille collée au trou de la serrure de la porte qui do

— Eh bien, grommela-t-elle, en voilà un qui n’est pas curieux, par exemple !

Et elle lui toucha du doigt l’épaule.

Firmain tressaillit. Voyant la cuisinière, il eut une expression farouche qui épouvanta la vieille femme.

— Il n’a pas l’air aimable, ce garçon ! pensa-t-elle. Puis c’est des drôles de manières que d’écouter aux portes. Enfin ça ne me regarde pas !

Au surplus Caroline co

— Je vous cherchais, disait-elle, c’est l’heure de manger, voulez-vous ?

Caroline repartait pour la cuisine, Firmain la suivit.

Installés l’un en face de l’autre, ils absorbèrent en silence du potage à peu près froid, tandis que la cuisinière s’en allait remettre sur le fourneau le plat de viande à moitié consommé par les maîtres et dont la sauce était figée.

En attendant qu’il fût réchauffé, les deux domestiques engagèrent la conversation.

— Alors, demanda Caroline, comme ça, vous venez de province ?

Le valet de chambre eut un air énigmatique, il considéra la vieille bo

— J’en arrive, en effet !

Caroline Continuait :

— Vous allez vous plaire à Paris… Il y a du mouvement, de l’entrain, quoique dans notre quartier ce soit bien tranquille. On n’est pas gêné par le tapage…

— Oui, reco

Caroline avait toutefois un petit sourire ironique à l’adresse du valet de chambre.

— Les portes aussi ! Mais heureusement qu’il y a le trou des serrures, par lequel, en y collant son oreille, on peut entendre ce qui se passe à côté, hein ?…

Le domestique prit un air vexé.

— C’est pas des choses qu’il est nécessaire d’aller répéter aux patrons ! Quand j’écoute comme cela, de temps en temps, c’est par curiosité, c’est histoire de savoir ce qu’on pense de moi. Un homme averti en vaut deux !

— Vous n’avez pas tort, fit Caroline, après tout, moi, pour mon compte, je sais bien que ça me gênerait d’aller ainsi les espio

Après un silence elle demanda :

— Ont-ils parlé de moi ?

— Non ! déclara Firmain, mais de moi. Ils sont épatés, que j’aie de bons certificats… Ça les embête que je m’appelle Firmain… Ils se demandent s’ils ne vont pas m’obliger à répondre au nom de Charles, et enfin il est question de m’acheter des vêtements neufs… Mais ça finira probablement par le rafistolage de ceux que portait le précédent valet de chambre.

Un coup de so

— Allez voir, fit la cuisinière, c’est pour vous, voyez le tableau : c’est le patron qui so





Et elle concluait :

— Moi, j’ai bien assez de m’occuper du service de la femme de chambre qui est malade en ce moment !

Firmain, cependant, était allé prendre les ordres de ses maîtres. Il revint au bout d’un quart d’heure.

Le domestique avait l’air tout guilleret, il but d’un trait le café bouillant que la cuisinière avait préparé dans un verre, puis lui souhaita le bonsoir.

— Vous avez votre clé ? demanda Caroline. Vous savez où est votre chambre ?

— Mais oui ! s’écria Firmain. Je co

— À quelle heure qu’on vous a dit de descendre ?

— Pour sept heures du matin.

— Eh bien, alors, bonsoir !

Le domestique cependant montait rapidement dans sa chambre, au septième.

Mais il ne s’y installait pas, et loin de se disposer à se coucher, s’il enlevait son gilet rayé jaune, c’était pour y substituer un gilet ordinaire, sur lequel il revêtait un veston.

Firmain se coiffa d’une casquette, puis, ayant allumé une cigarette, il descendit par l’escalier de service.

Il était environ dix heures du soir. Comme l’avait dit Caroline la cuisinière, le quartier était tranquille.

Quelques rares voitures passaient… La plupart des lumières aux fenêtres étaient éteintes, et s’il y avait quelques perso

Par les soupiraux des cuisines, placées au sous-sol, des colloques s’engageaient entre des gentilles femmes de chambre et des mécaniciens, ou alors parfois c’était la cuisinière qui, furtivement sortie, venait conférer à voix basse avec le maître d’hôtel d’un immeuble voisin…

Firmain descendit la rue de l’Université, puis, par le boulevard Saint-Germain, gagna les quais.

Il affectait une démarche nonchalante, toutefois il semblait vouloir avancer assez vite. Étant arrivé à l’entrée du pont de la Concorde, il obliqua brusquement sur la droite, longea la berge de la Seine, assez élevée à cet endroit au-dessus du niveau du fleuve, puis, par un petit escalier métallique, descendit au bord de l’eau.

Il faisait très sombre, à cet endroit. Mais Firmain paraissait co

Il alla se dissimuler derrière l’une d’elles et attendit en fumant une cigarette.

Pour un garçon qui arrivait de province, Firmain semblait bien au courant des détails de Paris !

Sur le quai au-dessus de lui passaient à intervalles irréguliers des tramways électriques. On entendait le bruit de leurs timbres aigus retentir dans le silence de la nuit…

Or, à un moment do

— Ça y est, voilà la roulante de Rosny-sous-Bois !

Il avait reco

Dès lors il sortit de derrière sa cachette, revint dans la direction de l’escalier métallique qui accédait à la berge.

Puis il attendit un homme qui précisément à ce moment le descendait et, lorsque ce perso

— Salaud ! salut !

Le nouveau venu rétorquait alors :

— Salut ! salaud !

Et après cet échange de propos qui, évidemment, constituait un signal et un moyen de se reco

Le perso