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Corain réfléchit un moment. Il savait qu’il y avait un piège, dans la situation ou la proposition, mais il ne parvenait pas à le trouver.
— Vous proposez en quelque sorte un arrangement à l’amiable. Vous semblez oublier qu’il s’agit d’une affaire criminelle.
— Une affaire qui met en péril notre sécurité nationale. Une affaire dans laquelle le meurtrier, la famille de la victime et les autorités compétentes souhaitent une telle solution. Si nous voulons servir la justice et non ouvrir un débat politique, une délibération à huis clos est de loin préférable.
— Il n’existe à cela aucun précédent.
— Les précédents doivent être établis un jour ou l’autrec en l’occurrence, ce serait dans un but humanitaire. En outre, nul ne serait lésé. À l’exception de Rocher qui perdrait ainsi une opportunité de s’exprimer. Même Ari en serait satisfaite. Elle n’aurait pas voulu que sa mort permette aux extrémistes de porter atteinte à l’institution à laquelle elle a consacré toute son existence. Nous comptons installer un laboratoire séparé pour le D r Warrick et lui fournir tout ce dont il aura besoin pour poursuivre ses recherches. Ce ne sont pas des mesures punitives. Nous voulons qu’il se retire de la vie publiquec par crainte qu’il n’essaie d’en tirer avantage une fois l’accord conclu. Très sincèrement, ser, je pense que nous devons unir nosforces pour empêcher la politisation du débat. Et cela inclut le P rWarrick. Nous conviendrons simplement de repousser le jugement, au cas où il ne respecterait pas cette obligation de réserve. Nous ne tenons pas à avoir les mains liées.
— Je dois y réfléchir. Et, avant d’accepter quoi que ce soit, j’aimerais avoir la possibilité de m’entretenir avec Jordan Warrick, en terrain neutre. Une question de conscience, vous comprenez. Un grand nombre d’entre nous – ceux qui constituent votre opposition – partageraient ce désir.
— C’est bien naturel. Zut, je n’aime guère régler de telles questions le jour même des funérailles d’Ari. Mais les affaires passent avant tout. Il le faut.
— Je vous comprends, ser Nye.
Corain vida sa tasse et décida de se renseigner sur le prix du café authentique. Il trouvait cette folie justifiée et estimait pouvoir s’autoriser une telle dépense, même avec un fret qui s’élevait à deux cents crédits la livre entre la Terre et Cyteen. À un autre niveau de son esprit il se disait qu’une caméra filmait la scène, et ailleurs encore que Nye venait de lui dresser la liste de tous les avantages qui découleraient de la mort d’Ariane Emoryc
S’il était possible d’arriver à un accord, de trouver un compromis. Son interlocuteur était rusé. Il devrait reprendre de zéro l’étude des expressions de son principal adversaire, comme il l’avait fait longtemps auparavant avec Emory. Cet homme représentait un mystère, une inco
Tout évoluait trop vite, au sein de l’Union. L’explosion d’une conduite dans un laboratoire avait modifié le cours de l’histoire.
Le parti centriste aurait la possibilité de réaliser de rapides progrès, s’il ne se laissait pas impliquer dans des affrontements qui ne serviraient pas les intérêts des parties concernées et ne pourraient mettre en péril aucun des sièges occupés par les expansio
Les projets Rubin et Lointaine s’en trouveraient retardés. L’opération Espoir serait sans doute financée, mais toute politique expansio
Et cela s’appliquait aussi aux autres alliances, dont celles qui existaient au sein du Conseil.
Ludmilla DeFranco était une nouvelle venue. Nye également. Les Sciences toutes-puissantes auraient un novice à leur barrec rusé mais inexpérimenté et privé d’une équipe à même de le soutenir. Deux expansio
Corain murmura des politesses, remercia le nouveau représentant de Reseune, exprima ses condoléances à la Famille, et repartit en pensant à la possibilité, bien réelle à présent, d’obtenir sous peu une majorité centriste au sein du Conseil.
Il lui vint à l’esprit qu’il n’avait pas soulevé la question de la liquidation des azis ; le cheval de bataille de Merino. Il était trop tard pour le faire, et il s’en sentait presque soulagé. Il suspectait la sécurité de Reseune d’avoir do
Non, mieux valait ne pas aborder ce sujet. Ces azis étaient morts. Comme Emory. La page était tournée. Soulever la question eût été sans objet et s’il s’en était abstenu sans doute fallait-il mettre cela sur le compte de son instinct.
C’était un problème aussi ancien que l’humanité. Les politiciens étaient libres de pactiser avec le diable si ce dernier pouvait leur apporter des suffrages, mais ils ne devaient ensuite pas se plaindre s’ils se faisaient roussir par les flammes de l’enfer.
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L’amiral Leonid Gorodin s’assit au bord du fauteuil et prit la tasse qu’on lui tendait. Il était venu rendre la visite de politesse d’usage et Nye lui avait dit :
— Il existe une chose dont je dois vous parler. Cela concerne l’a
Il n’était pas dans les habitudes de Gorodin de s’entretenir de n’importe quel sujet avec des adversaires politiques ou des journalistesc pas sans disposer de l’assistance fournie par ses aides et des dossiers correspondants, et surtout pas dans des locaux que son équipe n’avait pu passer au peigne fin. Mais, tout en le mettant en garde, son instinct lui avait murmuré qu’il s’agissait d’une opportunité unique de discuter avec cet homme sans que Corain pût apprendre qu’il entretenait des contacts avec l’opposition.
Et les projets qui venaient d’être cités l’intéressaient au plus haut point.
— Je répugne à parler de ces affaires le jour des funérailles d’Ari, déclara Nye. Mais je n’ai pas le choix. La situation risque de dégénérer rapidement.
Il but une gorgée de café.
— Vous savez que je vais briguer le siège d’Ari.
— Je m’en doutais. Et je m’attends à ce que vous l’obteniez.
— C’est une période très délicate, pour Reseune. Nous venons de subir deux pertes : celle d’Ari, et celle potentielle de Warrick pour couro