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Corain était déjà en position désavantageuse, car si Nye le co

Pendant une fraction de seconde il la regretta presque. Il avait consacré vingt a

— Nous nous sommes fréquemment opposés, murmura Corain.

Il lui était arrivé de tenir de tels propos à d’autres successeurs, au cours de sa longue carrière politique.

— Mais pas dans notre désir de servir les intérêts de la nation. J’éprouve une profonde sensation de perte, ser. Et je doute qu’un seul d’entre nous ait pris conscience de ce que sera l’Union sans elle.

— Je souhaite discuter avec vous de questions importantes, déclara Nye qui n’avait pas encore lâché sa main. Il s’agit de problèmes qu’elle aurait jugés prioritaires.

— Je serai heureux de vous rencontrer à votre convenance, ser.

— Tout de suite, si votre emploi du temps l’autorisec

Corain n’aimait guère ce genre de situation ; une réunion inattendue, sans les moindres préparatifs. Mais cela lui permettrait de sonder cet homme et d’entamer des relations avec lui, des relations importantes. Il ne pouvait laisser passer une pareille opportunité.

— Si vous préférez, dit-il.

Et il se retrouva avec Nye dans l’ex-bureau d’Emory. Florian et Catlin avaient été remplacés par un certain Abban : un azi à la chevelure blanche naturelle, contrairement à celle de son interlocuteur teinte en brun argenté. Nye devait être plus que centenaire, et son azi aussi. Abban leur servit du café, et Corain pensa aux journalistes et aux politiciens qui montaient la garde devant les locaux pour noter les allées et venues, ainsi que la durée des entretiens.

Il n’aurait cependant pu précipiter les choses sans manquer aux règles les plus élémentaires du savoir-vivre.

— Vous êtes conscient que la situation a évolué, déclara Nye qui l’étudiait par-dessus le rebord de sa tasse. Et vous devez vous douter que je compte briguer le siège d’Emory.

— Cela ne me surprend pas.

— Je suis un administrateur valable, mais je ne suis pas Ari. J’aimerais voir le projet Espoir aboutir, car elle y tenait beaucoup. En outre, je crois à ce qu’il peut nous apporter.

— Je présume que vous co

— Nous aurons encore des opinions divergentes. Sur le plan philosophique, tout au moins. Si je suis choisi par l’électorat des Sciences, naturellement.

Une gorgée de café.

— Mais ce qu’il convient de régler au plus vite – et je pense que vous en conviendrez avec moi –, c’est l’affaire Warrick.

Le cœur de Corain s’emballa. Piège ou proposition ?

— C’est une épouvantable tragédie.

— Une catastrophe, pour nous. En tant que chefc ex-chef de la sécurité de Reseune, je me suis entretenu avec le P rWarrick. Je peux vous dire qu’il a agi pour des raisons perso





— Voudriez-vous me dire qu’il est passé aux aveux ?

Nye toussa, mal à l’aise. Il but une gorgée de café avant de regarder Corain droit dans les yeux.

— Ari avait tendance à s’intéresser d’un peu trop près à ses assistants. C’est ce qui s’est produit. Justin, le fils de Jordan, est un dupliqué parental. Une vieille affaire, entre le D r Emory et Jordan Warrick.

La situation paraissait de plus en plus confuse. Corain se sentait mal à l’aise face à tant de franchise et il demeura silencieux.

— Ari a fait procéder au transfert d’un expérimental qui faisait partie de la famille Warrick. Dans le but d’exercer une pression sur Justinc et sur Jordan par la même occasion. Nous le savons, à présent. Le fils Warrick a voulu protéger son compagnon et l’a envoyé se réfugier chez des gens qu’il croyait être des amis de son père. Nous manquons encore de détails, mais nous avons de bo

Bon sang. Cette piste de preuves était trouble. Il était censé percevoir la menace.

— Nous avons libéré l’azi, poursuivit Nye, et c’est là que réside tout le fond de l’affaire. Il était hors de question de le livrer à Ari, et nous l’avons placé en observation à l’hôpital. C’est alors que Jordan Warrick a découvert ce qu’Emory avait fait à son fils. Il a eu une explication avec elle dans un labo. Ils étaient seuls. La discussion a dégénéré. Ari l’a giflé et il a riposté. Elle est tombée et son crâne a heurté l’angle d’un comptoir. Il s’agissait d’un simple accident. C’est devenu un meurtre quand Jordan s’est emparé d’un tabouret et l’a abattu sur les conduites cryogéniques pour les endommager, avant de fermer la porte de la chambre froide et d’augmenter la pression dans tout le circuit. Malheureusement pour lui, nos ingénieurs se sont rendu compte de la supercherie.

— Ce sera au Conseil d’en décider.

Un meurtre, entre deux Spéciaux. Et une trop grande preuve de confiance d’un troisième membre de cette élite, dangereux de surcroît. Corain réchauffa ses mains en les refermant autour de la petite tasse.

— Warrick ne veut pas d’un procès.

— Pourquoi ?

— La loi n’a qu’un pouvoir limité sur lui, mais des réputations pourraient en souffrir. Dont celle de son fils.

— Ne pourrait-on pas supposer – et je vous demande de bien vouloir m’excuser – qu’on s’est chargé de le lui faire comprendre ?

Nye secoua la tête, avec gravité.

— S’il y a procès, ses mobiles seront révélés au grand jour. Il sera impossible de l’éviter. Nous devons quant à nous faire entrer d’autres considérations en ligne de compte. Je ne vous cacherai pas que nous avons l’intention de passer certains faits sous silence. C’est pourquoi je tenais à avoir un entretien avec vous, serc car j’estime important de vous informer que nous sommes au courant de votre entrevue avec le D r Warrick. Vous savez comme moi que des détails gênants seront rendus publics, dans le cadre d’une enquête officielle. Dans le milieu politique, il en résultera une sorte dec chacun pour soi. Ce n’est pas en portant cette affaire devant le Conseil que nous servirons la justice. Merino fera peut-être preuve de modération, mais ce ne sera pas le cas de Rocher. Ce serait préjudiciable à nos intérêts et aux vôtres, sans parler de ceux du bureau de la Défense, de notre sécurité nationale, et même de Jordan Warrick. Il nous a remis sa confession. Il ne veut pas témoignerc il ne peut demander un psychosondage pour confirmer ses dires et la déposition de son fils est accablante. Je précise que nous ne désirons pas l’utiliser contre son père. Ce garçon vient de vivre de pénibles épreuves et ce serait en outre de la cruauté gratuite, car le meurtrier bénéficie d’une immunité légale.

La pièce paraissait s’être rétrécie. Corain eut la certitude que leur conversation était enregistrée.

— Que souhaitez-vous me demander ?

— Nous ne voulons pas que tous puissent apprendre quels étaient les petits travers d’Ari. Vous conviendrez avec moi qu’il n’en résulterait rien de positif. D’une part nous comprenons la réaction du D r Warrick, et nous avons beaucoup de sympathie pour lui ; de l’autre, nous craignons que la divulgation de certaines tractations ne fournisse des arguments aux tenants de la théorie du complot. Nous aimerions que toute la vérité soit faite sur le compte de Rocher, mais cela lui offrirait une opportunité de s’exprimer qu’il se verrait autrement refuserc Pire, il obtiendrait un droit de réponse. Je doute que vous le souhaitiez plus que nous.

Les enregistreurs, bon sang !

— Nous n’avons rien à cacher.

— Nous ne parlons pas de dissimuler des preuves compromettantes mais d’épargner à un jeune homme i