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Il se sentait glisser. Il notait les symptômes d’un début de dissociation. Il savait que l’Homme était revenu et que le lecteur fonctio

Ils lui demandèrent son nom, ainsi que bien d’autres choses. Ils lui dirent qu’ils avaient racheté son contrat. Il se souvint qu’une telle transaction eût été irréalisable.

Finalement, il s’éveilla et ils le détachèrent pour lui permettre de boire et d’aller faire ses besoins. Ils insistèrent pour qu’il prît un repas malgré ses nausées. Ils lui accordèrent un court répit.

Puis ils recommencèrent et le temps se brouilla. Peut-être y eut-il d’autres éveils semblables, mais la souffrance les fondait en un seul. Ses bras et son dos le torturaient, lorsqu’il reprenait conscience. Il répondait aux questions. La plupart du temps il ignorait où il se trouvait, ou ne pouvait se rappeler pour quelles raisons il subissait cette épreuve.

Il entendit un bruit mat. Il vit du sang éclabousser les murs de la pièce. Il respira une odeur de brûlé.

Il venait de déduire qu’il devait être mort, quand des inco

Haut et bas sombrèrent dans la folie. L’univers basculait et l’air battait comme un cœur.

— Il se réveille, fit une voix. Administrez-lui une autre dose.

Il vit un homme en combinaison bleue, le symbole de l’Homme infini des employés de Reseune.

Et ses suppositions lui parurent alors infondées. Il doutait de pouvoir différencier le monde réel de celui imaginaire attribuable à la bande.

—  Alors, elle vient cette piqûre ?cria quelqu’un, trop près de ses oreilles. Et empêchez-le de gigoter comme ça, bordel !

—  Justin !

Il hurla ce nom parce qu’il croyait à présent n’avoir jamais quitté Reseune et que son ami pourrait peut-être l’entendre, intervenir et le sauver.

—  Justin !

Le pistolet fut collé à son bras. Il se débattit, et des corps l’écrasèrent pour l’immobiliser jusqu’au moment où la drogue fut plus forte que sa volonté et que le monde se mit à tanguer et tournoyer sous lui.

Il s’éveilla dans un lit, à l’intérieur d’une chambre blanche, immobilisé par des sangles. Il était nu, sous le drap, et une lanière pointillée de biosondes traversait sa poitrine. Il en vit d’autres autour de son poignet droit. Le gauche avait été bandé. Il entendait des bips. Son pouls réclamait de l’aide. Il tenta de ralentir et de réduire au silence ces appels biologiques.

Mais la porte s’ouvrit. Sur un tech. Le D r Ivanov.

— Tout va bien, dit le médecin.

Il entra et vint s’asseoir au bord du lit.

— Ils t’ont amené cet après-midi. Tu n’as plus à t’en faire. Ils ont envoyé tous ces salopards en enfer.

— Où étais-je ? demanda-t-il avec calme, beaucoup de calme. Et où suis-je, à présent ?

— À l’hôpital. Tout va bien.

D’autres bips s’élevèrent du moniteur, en succession rapide. Il s’efforça de ralentir son rythme cardiaque. Il était désorienté. Il doutait de savoir ce qui appartenait à la réalité.

— Où est Justin, ser ?

— Il attend ton réveil. Comment te sens-tu ? Ça va ?

— Oui, ser. S’il vous plaît. Pourriez-vous enlever ces machins ?

Ivanov sourit et lui caressa l’épaule.

— Écoute, mon garçon. Nous savons tous les deux que tu es sain d’esprit mais, pour ton propre bien, nous allons laisser ces sangles en place. Et la vessie ?

— Aucun problème.

Cette indignité supplémentaire provoqua un afflux de sang vers son visage.

— S’il vous plaît. Puis-je parler à Justin ?

— Pas longtemps, alors. Ils ne veulent pas que tu t’adresses à quiconque avant que des policiers aient pu t’interrogerc c’est normal, une simple formalité. Ils te poseront deux ou trois questions, rédigeront un rapport, et tout sera terminé. Ensuite, tu devras passer quelques examens, mais tu seras de retour à la Maison dans très peu de temps. N’est-ce pas formidable ?

— Si, ser.

Ce maudit moniteur piailla puis se tut, comme il reprenait le contrôle de son rythme cardiaque.

— Et Justin ? S’il vous plaît.

Ivanov lui tapota à nouveau l’épaule, se leva et alla ouvrir la porte.

Ce fut en effet Justin qui entra. L’électrocardioscope indiqua que son pouls s’emballait, se régularisait. Il redevint silencieux et Grant regarda son ami à travers un voile miroitant. Jordan était lui aussi présent. Ils étaient tous les deux à son chevet et il éprouva de la honte.

— Est-ce que ça va ? demanda Justin.

— Très bien, fit-il avant de perdre une fois de plus le contrôle du moniteur.





Et de ses cillements, qui firent couler des larmes sur son visage.

— Je présume que de sérieux e

— Non, répondit Justin.

Il se rapprocha pour prendre sa main et lui dire des choses que démentait son expression. Le moniteur leur rappela son existence, pendant un bref instant.

— Tout va bien. C’était une idée stupide. Mais tu vas rentrer à la Maison. Tu m’entends ?

— Oui.

Justin se pencha pour l’étreindre, le serrer dans ses bras. Il se recula et Jordan le prit par les épaules pour lui dire :

— Contente-toi de répondre à leurs questions, compris ?

— Oui, ser. Pouvez-vous faire enlever ces sangles ?

— Non, c’est pour ta propre sécurité. D’accord ?

Il déposa un baiser sur son front, ce qu’il n’avait plus fait depuis très longtemps.

— Et essaie de dormir. Entendu ? Quelle que soit la bande qu’ils ont pu te passer, je réparerai les dommages.

— Oui, ser.

Il resta allongé pour regarder Jordan et Justin quitter la pièce.

Le moniteur fut pris de panique.

Il se sentait perdu et savait qu’il vivrait un véritable enfer avant de pouvoir quitter l’hôpital. En regardant Justin derrière l’épaule de Jordan, il put constater que son ami en co

Où étais-je ? Que m’est-il vraiment arrivé ? Est-il vrai que j’ai quitté Reseune ?

Une infirmière entra, avec un pistolet hypodermique. Il n’existait aucun moyen de se soustraire à la piqûre. Il tenta de faire taire le moniteur et de protester.

— Un simple sédatif, affirma la femme.

Elle lui fit une injection au bras.

À moins que ce ne fût Jeffrey. Il se balança d’avant en arrière et vit le sang éclabousser le mur blanc, entendit des hurlements.

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— Comment va-t-il ? demanda Ari à Justin.

Ils étaient dans son bureau, seuls ;

— Quand pourra-t-il sortir ?

— Oh ! Je ne sais pas. Et je m’interroge au sujet de notre accordc Il me semble à présent remis en question. Quels atouts te reste-t-il à abattre ?

— Mon silence.

— Allons, mon chéri. Tu perdrais trop de choses en le brisant. Jordan également. N’est-ce pas dans un souci de discrétion que nous nous sommes do

Il tremblait, et essayait de le dissimuler.

— Non, nous avons fait tout cela parce que vous craignez que votre précieux projet ne soit compromis. Parce que vousne tenez pas à ce qu’on en parle en ce moment. Parce que vousavez bien plus de choses à perdre que nous. Dans le cas contraire vous n’auriez pas été si conciliante.

Un vague sourire s’esquissa sur les lèvres d’Ari.

— Je t’aime bien, mon garçon. C’est vrai. La loyauté est une chose rare, à Reseune. Et tu refuses de trahir tes amis. Admettons que je te rende Grantc indemne, non altéré ? Que serais-tu disposé à m’offrir en échange ?

— Il est possible que vous surestimiez ma patience, dit-il d’une voix qui restait posée.

— Que vaut-il, pour toi ?

— Vous le libérez. Vous ne lui passez aucune bande.

— Il est un peu désorienté. Il a vécu un véritable enfer. Il a besoinde prendre du repos et de suivre un traitement.