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— Je vais te dire une chose, déclara-t-elle à mi-voix. Te rappelles-tu ma réflexion sur les rapports sexuels entre membres de la Famille et sur ce qui en découle ? Je compte te faire une faveur. Demande-moi laquelle.

— Laquelle ? s’enquit-il, faute d’avoir le choix.

Les bras de la femme se refermèrent autour de son corps et il but, dans l’espoir que l’alcool emporterait ses nausées.

— Tu crois encore que le sexe et les sentiments sont liés. Rien n’est plus faux. On peut avoir des rapports charnels pour satisfaire un besoin naturel, pour des raisons perso

Il avait des difficultés à respirer, à avoir des pensées cohérentes. Son cœur battait à contretemps et les caresses de la femme accentuaient la sensibilité de sa peau, elles le conduisaient au bord de la jouissancec ou d’un intense inconfort. Il n’aurait pu se prononcer. Il but une bo

— Comment te sens-tu, mon chéri ?

Malade, pensa-t-il. Il devait être ivre, mais il enregistra à la frontière de ses sens une dislocation, une perte de perception des relations spatialesc comme si Ari se trouvait à un millier de kilomètres, que sa voix provenait d’un point situé à la fois très loin derrière lui et sur le côtéc

Il reco

— Ô mon Dieu ! Florian, ramasse ça.

Il sombrait. Toujours conscient, il tenta de bouger. Mais la confusion l’envahit, un tumulte de sons assourdissants et de sensations vertigineuses. Il essaya de restaurer son sens critique. C’était difficile. Il savait que l’azi venait de récupérer le verre et que sa tête reposait désormais sur les cuisses d’Ari, dans la dépression de ses jambes croisées, qu’il regardait le visage de la femme la tête en bas et qu’elle débouto

Et elle n’était pas la seule à le dévêtir. Il entendait des murmures, mais aucun ne s’adressait à lui.

— Justin, dit une voix pendant que les mains d’Ari inclinaient sa tête.

Elle chuchotait, comme dans les bandes.

— Es-tu à ton aise ?

Il l’ignorait. La peur et la honte l’assaillaient, et tout au long d’un interminable cauchemar il fit l’objet d’i

C’étaient Catlin et Florian, qui se penchaient vers lui. C’étaient Catlin et Florian qui le touchaient, le déplaçaient, et lui faisaient des choses dont il n’avait que vaguement conscience mais qu’il savait répréhensibles, honteuses et avilissantes.

Arrêtez, leur ordo

Je ne veux pas.

Mais il y avait le plaisir, une explosion qui affectait ses sens en un lieu infini, en un lieu de ténèbres.

Au secours.

Je ne veux pas.

Il n’était qu’à moitié conscient, quand Ari lui demanda :

— Tu es éveillé, n’est-ce pas ? Comprends-tu, à présent ? Il n’y a rien d’autre. Il n’existe rien de supérieur. Tu ne pourras rien trouver de plus, peu importe avec qui. De simples réactions biologiques. La première règle et la deuxièmec

» Regarde l’écran.

La bande défilait. Des images érotiques qui se fondaient dans ce qu’il vivait. Il trouvait cela très agréable, mais à son corps défendant. Il n’était responsable de rien, ce n’était pas sa fautec

— Je crois qu’il émergec





— Il lui en faut encore un peu. Il va s’en remettre.

— Rien ne peut procurer autant de sensations que les bandes. Pas vrai, mon garçon ? Peu importe l’individu. De simples réactions biologiques. Quoi qu’on te fassec

» Ne bouge pasc

» Plaisir et souffrance, la frontière qui les sépare est étroite. Il est possible de la franchir toutes les dix secondes et la douleur devient alors jouissance. Je peux te guider sur cette voie. Tu te souviendras de ce que j’ai fait pour toi, mon chéri. Tu penseras à cela, tu t’en souviendras jusqu’à la fin de tes joursc et rien ne sera plus jamais comme avantc

Il ouvrit les yeux sur une ombre qui le surplombait. Il était nu, dans un autre lit que le sien, et une main caressait son épaule. Elle se déplaça pour écarter une mèche de cheveux tombée devant ses sourcils.

— Là, là, réveille-toi, dit Ari.

C’était son poids qui inclinait le bord du matelas, Ari assise près de lui, habillée alors quec

Son cœur bondit et s’emballa.

— Je dois me rendre au bureau, mon chéri. Tu peux dormir, si tu le souhaites. Florian t’apportera ton petit déjeuner.

— Je rentre chez moi.

Il remonta le drap pour couvrir sa nudité.

— Comme tu voudras.

Le matelas redevint horizontal lorsqu’elle se leva pour aller s’étudier dans le miroir mural : une manifestation d’indifférence qui tendit les nerfs de Justin et brassa son estomac.

— Viens au labo quand ça te chante. Tu peux aller tout raconter à ton père, si tu le souhaites.

— Que suis-je censé faire ?

— Ce que tu veux.

— Ne voulez-vous pas que je reste ici ?

La panique rendait sa voix tranchante et il avait peur qu’Ari pût le remarquer, et s’en servir contre lui. Il assimilait les propos de la femme à une menace. Sa voix était atone, dépouillée du moindre indice qui lui eût permis de déduire ses pensées, et il oublia un court instant que Grant constituait toujours pour lui un moyen de pression.

— Ça ne marchera pas.

— Vraiment ?

Ari do

— Viens quand tu voudras. Ce soir, tu pourras rentrer chez toi. Nous recommencerons peut-être, qui sait ? Pourquoi ne pas en informer ton père et l’inciter à rendre tout cela public, hmmm ? Raconte-lui ce que tu veux. Au fait, j’ai tout enregistré. Les preuves ne manqueront pas, s’il décide de s’adresser au bureau.

Il avait froid, jusqu’au fond de son être. Il tenta de ne pas le laisser voir. Il la foudroya du regard et serra la mâchoire, alors qu’elle souriait et sortait de la chambre. Puis il resta allongé un très long moment, le corps glacé. Son ventre le faisait souffrir et les élancements d’une violente migraine reliaient le sommet de son crâne à sa nuque. Son épiderme paraissait hypersensible, douloureux par endroits. Il voyait des ecchymoses sur ses bras, des marques de doigts.

Ceux de Florianc

Une image traversa son esprit, issue des ténèbres et accompagnée d’une sensation intense. Il enfouit son visage entre ses paumes, dans l’espoir d’effacer tout cela. Un flash-bande. Une bande-profonde. Il s’en produirait d’autres, bien d’autres. Il ignorait ce qui lui reviendrait en mémoire, mais il savait que ces réminiscences referaient surface pour un bref instant ; impressions, visions et mots partis à la dérive qui traverseraient son être avant de sombrer dans le néant ; de simples fragmentsc mais de plus en plus nombreux. Et il ne pourrait endiguer leur flot.