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— Malédiction, grommela son père.

Il s’était jusqu’alors abstenu d’intervenir pour permettre à Justin de lui exposer la situation.

— Bon sang, il fallait m’informer de ce qui se passait. Je t’avais ditc

— Je ne pouvais te joindre. Autrement, tous auraient cru que c’était ton œuvre. Je ne voulais pas laisser de traces.

— Y es-tu parvenu ? Ont-ils des preuves contre toi ?

— Irréfutables, je le crains. Mais c’est un élément de mon plan. C’est pour cela que je suis resté. À présent, Ari me tient et veut m’utiliser contre toi, comme elle comptait se servir de Grant contre moi. Elle n’a plus besoin de lui, désormais.

— Tu peux le dire ! Justinc

— C’est moins grave que tu ne sembles le penser. Je l’ai forcée à abattre son jeu, en restant. Elle a ditc voilà ce qu’elle propose : tu obtiendras ton transfert sitôt l’installation construite, puis j’enverrai Grant te rejoindre et ainsic

— Ainsi, tu resteras à Reseune. À sa merci.

— Et ainsic reprit-il en prenant le temps de choisir ses paroles. Elle sait qu’elle me tient et que tu ne feras rien contre elle jusqu’au jour où ses projets seront trop avancés pour pouvoir être interrompus. Elle estime en outre que les militaires t’empêcheront de parler. C’est ce qu’elle désirait. La voilà comblée. Mais il existe des limites à ce qu’elle peut fairec et nous finirons tous par échapper à son emprise.

Jordan ne dit rien pendant un long, très long moment. Puis il leva son verre, but une gorgée de vin, le reposa.

Le silence s’éternisait.

— Je n’aurais pas dû garder Grant avec nous quand mes rapports avec Ari se sont dégradés, déclara-t-il enfin. Je me doutais de ce qui se passerait. Je le savais, depuis des a

— Mais il était déjà trop tard, non ?

Cette brusquerie ébranlait ses nerfs, l’amenait au bord des larmes, engendrait en lui une colère privée de cible précise.

— Et je te demande un peu ce que nous aurions pu faire !

— Es-tu certain que tout s’est bien passé, pour lui ?

— Je n’ai pas osé tenter de me renseigner. Mais je pense qu’Ari me l’aurait dit, si elle l’avait repris. J’ai tout prévu. Je lui ai fourni un indicatif téléphonique, et si perso

— Le numéro de Merild ?

Justin hocha la tête.

— Seigneur, soupira Jordan.

Il passa la main dans sa chevelure, et son regard traduisait son désespoir.

— Mon fils, Merild n’est pas de taille à tenir tête à la police.

— Tu m’as toujours dit de m’adresser à lui en cas d’urgencec Et également qu’il était un ami des Kruger. Je sais en outre qu’Ari n’avertira pas les autorités. Elle ne tentera rien, elle l’a précisé. Je pense être le maître de la situation.

— En ce cas, tu pèches par excès de confiance, mon garçon. Nous ignorons où se trouve Grant, la mine des Kruger est peut-être cernée par la police, Merild risque d’être absentc bon Dieu, il exerce sur tout le continent.

—  Je ne pouvais tout de même pas lui téléphoner pour l’avertir.

Le visage de Jordan s’empourpra. Il but à nouveau et le niveau du verre baissa considérablement.

— Merild est avocat. Il a une éthique.

— Et aussi des amis, il me semble ? De nombreux amis.

— Il n’appréciera pas ce que Grant va lui dire.

— C’est pareil que si je lui avais demandé asile, non ?





Justin s’était placé sur la défensive et tentait de couvrir sa retraite.

— Grant n’est pas différent de moi. Merild le sait. Que deviendraient ses grands principes, s’il le livrait à nos e

— Il aurait pu se justifier, dans ton cas. Si tu avais eu le bon sens de partir toi aussic

— Grant ne nous appartient pas ! Il est la propriété des labos ! L’accompagner n’aurait pas apporté la moindre légalité à son départ.

— Ton statut de mineur t’aurait permis de bénéficier de circonstances atténuantesc

— Mais Ari n’aurait pas hésité à porter plainte, en nous accusant de Dieu sait quoi. Je me trompe ?

Jordan libéra l’air que contenaient ses poumons et regarda son fils en fronçant les sourcils.

Justin espérait l’entendre dire qu’il se trompait, qu’il existait une solutionc Alors, l’espoir renaîtrait.

Mais son père répondit à voix basse :

— Non.

Ce qui balaya toutes ses espérances.

— La question est donc réglée. Et tu n’auras pas à intervenir tant qu’Ari respectera la parole do

— Comme tu l’as fait cette fois ?

— C’est une promesse. Je te le jure. D’accord ?

Jordan mordit dans son sandwich, pour justifier l’absence de tout commentaire. Le problème n’était pas réglé. Justin le savait. Mais il ne pouvait rien espérer obtenir de plus pour l’instant.

— Tu ne resteras pas ici après mon transfert, déclara Jordan. Je trouverai un moyen.

— Ne lui cède rien.

— Je n’en ai pas l’intention. Mais Ari ne se résignera pas. Il serait préférable que tu le compre

Jordan repoussa son assiette et l’étudia un instant avant de relever les yeux.

— Ne va pas t’imaginer qu’elle reculerait devant quoi que ce soit, mon fils. Rien ne pourrait l’arrêter.

Il écoutait, avec attention. Et il entendit à nouveau Ari déclarer qu’il était très facile d’organiser un accident, à Reseune.

7

Il lut 20:30, lorsqu’il sortit de la cabine de douche et glissa sa montre à son poignetc dans un appartement silencieux et vide, déprimant.

Il éprouvait du soulagement à la pensée de ne pas devoir y passer la nuit, à présent que l’autre chambre était inoccupée, un peu comme s’il venait de s’écraser un doigt et se mordait la lèvre afin d’atténuer par comparaison la souffrance. La perte de Grant était la plus pénible de ses épreuves. Les harcèlements d’Ari devenaient en quelque sorte anodins, par rapport à la solitude insoutenable à laquelle il se trouvait condamné.

La salope, pensa-t-il. Ses yeux étaient humides ; une humiliation qu’il refusait de porter au crédit de cette femme. C’était le départ de son ami qui l’ébranlait, ses e