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6

Grant vit l’avion se poser et libéra un soupir de soulagement.

Son attente n’était pas terminée pour autant. Les passagers devraient se soumettre au lent processus de décont, obligatoire pour tout ce qui provenait de l’autre hémisphère ; y compris les bagages qui seraient en outre fouillés avec soin pendant que les équipes au sol passeraient l’appareil au jet et le désinfecteraient par fumigation.

Ces opérations avaient déjà débuté, quand il s’écarta des baies vitrées du terminal pour se diriger vers la section de décont. Il s’assit en face des portes blanches et croisa les mains sur ses genoux. Ses doigts se crispèrentc un tic nerveux. Détends-toi, n’eût pas manqué de lui dire un superviseur.

Un conseil qui pouvait s’appliquer en permanence à tous les CIT, estima-t-il. Sa tension était engendrée par des pensées-flux. Lorsqu’un azi sain d’esprit ne disposait pas de la totalité des éléments qui permettaient de trouver la solution d’un problème, il effaçait l’énoncé et prenait du repos ou s’intéressait à autre chose. Mais un CIT ne pouvait s’y résigner et continuait d’analyser le flux en fonction de ce qu’il percevait et de ses opinions aux valeurs nuancées, en mettant à contribution son système endocrinien qui déclenchait alors un processus d’apprentissage basé sur le fluxc et à même d’accentuer les intégrations à l’intérieur du flux en question. Depuis peu, Grant consacrait trop de temps à de telles occupations. Et il ne supportait pas le stress auquel les CIT étaient soumis en permanence.

Et il tentait de résoudre quatre ou cinq problèmes insolubles, car il se trouvait désormais en état de dépendance envers l’adrénaline.

Les portes blanches s’ouvrirent. Des membres de l’équipage sortirent et s’éloignèrent dans le couloir, sans faire cas de sa présence.

Puis les battants furent à nouveau poussés et Justin franchit le seuil. Grant se leva, remarqua la joie et le soulagement de son ami, et s’avança pour l’étreindre.

— Comment vas-tu ? s’enquit-il.

— Très bien. Jordan aussi.

Ils s’écartèrent pour laisser passer un groupe d’employés, auxquels ils emboîtèrent le pas.

— Je dois récupérer mon attaché-case et mon sac.

Ils allèrent chercher les bagages, irradiés et fouillés.

— Je m’en charge, dit Grant.

— Laisse-moi faire.

Justin récupéra sa mallette et son sac de voyage, puis ils sortirent du terminal pour prendre le car qui assurait la navette entre l’aéroport et la Maison.

— As-tu fait bon voyage ? s’enquit Grant lorsqu’ils furent à l’extérieur, là où nul ne pouvait les entendre.

— Oui.

Justin tendit ses bagages à un porteur azi.

Les agents de la sécurité présents dans le véhicule devaient être de simples passagers. Dès qu’ils furent montés, le conducteur ferma les portes et Justin s’affala dans un siège à l’instant où le car démarrait et quittait le portique illuminé du terminal pour monter vers la Maison.

— Nous avions tant de choses à nous dire que nous ne nous sommes pas couchés de la nuit. Nous avons regretté que tu ne sois pas présent.

— Moi aussi.

— Planys m’a agréablement surpris. Cette base est à la fois plus déprimante et agréable que je ne l’imaginais. Le perso

Il parlait d’une voix rauque. Épuisé, il laissa sa nuque reposer contre l’appui-tête et ajouta :

— Ils vont étudier mes projets. Jordan m’a dit qu’ils l’intéressent parce qu’il existe au moins un élément que les ordinateurs ne peuvent intégrer dans leurs calculs. Et il ne m’a pas tenu de tels propos pour m’encourager. Il est probable que je serai autorisé à retourner à Planys avant la fin de l’a

— J’en suis touché.

Ils ne pouvaient entrer dans les détails, mais Grant se sentait soulagé. Puis le car s’immobilisa sous le portique de la Maison et ils en descendirent. Justin insista pour porter ses bagages, malgré sa lassitude.

— Tu n’es pas mon valet, déclara-t-il sur un ton autoritaire.

Parce qu’il refusait de voir son ami se comporter en serviteur devant témoins, même pour lui rendre service.

Mais il lui laissa le soin de ranger la mallette et le sac dès qu’ils se retrouvèrent dans leur appartement. Il retira sa veste et s’affala sur le divan, avant de déclarer :





— C’était parfait. J’ai des difficultés à admettre que j’ai pu aller à Planys. Et en revenir. Tout est si différent là-bas.

— Un whisky ?

— Un doigt. J’ai dormi pendant le vol mais je me sens toujours aussi crevé.

L’azi sourit à Justin dont la tête dodelinait. Un effet du décalage horaire. Il se chargea de servir le whisky, à présent que nul ne pouvait les voir. Il prit deux verres.

— Et ça s’est passé comment, pour toi ?

Cette question fit renaître le malaise de Grant.

— Bien, très bien.

L’impression s’accentua quand il apporta la boisson.

Justin but une gorgée d’alcool. Sa main tremblait, et il posa sur son ami un regard voilé par la lassitude. Grant leva son verre afin de porter un toast, les lèvres incurvées par un rictus ironique. Ils ne pouvaient savoir si leur compagnon n’avait pas fait l’objet de manipulations psychiques.

Ils auraient dû s’y résigner, car plus rien ne justifiait de se battre, pensa Grant.

Il leva son verre et but.

Puis il gagna la chambre pour prendre un mot glissé sous l’oreiller et le rapporter à son ami.

Si je te montre ceci c’est que j’ai tous mes esprits, mais si tu le trouves on m’aura fait subir un lavage de cerveau. Agis en conséquence.

Justin se tourna vers lui. Son expression qui traduisait jusqu’alors de l’effroi se fit interrogatrice.

Grant lui sourit, roula le bout de papier en boule et s’assit pour boire son whisky.

7

S’esquiver par les cuisines était aisé. Ils ne les traversèrent pas en groupe. Catlin et Florian passèrent les premiers, car les cuisiniers ne se méfieraient pas de deux membres des services de sécurité : les gardes avaient libre accès à tous les secteurs de Reseune.

Puis Ari entra à son tour. Elle Travailla les azis et se comporta en véritable peste avec un apprenti chargé de préparer des crêpes. Après avoir goûté la pâte, elle s’approcha d’un marmiton qui hachait des oignons et lui reprocha de la faire pleurer : un prétexte qui lui permit de gagner le pas de la porte, de sortir des cuisines et de partir à toutes jambes vers le bas de la colline où Florian et Catlin l’attendaient.

Elle plongea et roula sur le sol, avant d’adresser un large sourire aux deux azis qui étaient déjà à plat ventre.

— Venez, dit alors Catlin.

Elle serait leur éclaireur. Elle était la plus habile, pour ce genre de choses.

Ils la suivirent jusqu’à la station de pompage. Une fois là, Ari retira son chemisier et son pantalon, puis enfila les vêtements que lui tendait Florian : une tenue noire d’azie, moins difficile à se procurer que des chaussures à sa pointure. Elle avait dû utiliser la carte d’oncle Denys pour acheter des bottes qui feraient l’affaire, si nul ne les regardait de trop près. Elle les portait déjà. Puis Florian prit la carte d’Ari et colla en travers une bande noire qui rappelait celle des services de sécurité et dans la case vierge des CIT un triangle semblable à celui des azis.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-elle après avoir accroché le rectangle de plastique à son corsage.

— Le visage, dit Catlin.

Et elle prit une expression d’azie, figée et compassée.

— C’est mieux.

Catlin repartit aussitôt. Elle se pencha à l’angle du poste de pompage pour étudier le terrain, puis se redressa et s’avança. Ils la suivirent jusqu’à la route, où ils se regroupèrent comme s’ils n’avaient aucune raison de se cacher.

Ari estimait qu’on ne remarquerait pas sa disparition avant un certain temps mais que ce serait ensuite un véritable branle-bas de combat.