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— Tu n’iras pas aux bandétudes, aujourd’hui, dit oncle Denys. Tu passeras chercher tes azis à l’hôpital et ensuite tu consacreras la journée à leur montrer où ils vivront. Ils ne sont pas comme Nelly. Ce sont deux Alpha. Des Expérimentaux.

Une bo

— Tu te présenteras à la réception, tu remettras ta carte à la sécurité, et ils te seront confiés. En fait, tu seras leur superviseur et tu ne devras pas te conduire avec eux comme avec Nelly. Je suis le super de cette azie, et c’est toi qui es placée sous sa garde. Avec eux, ce sera différent. Sais-tu quel est le rôle d’un superviseur ? Co

— Oui, mais je ne suis qu’une enfant, protesta-t-elle.

Oncle Denys rit et étala du beurre sur un petit pain.

— C’est exact. Et eux aussi.

Il releva les yeux, l’expression empreinte de gravité.

— Mais ils ne sont pas des jouets, Ari. J’espère que tu as conscience qu’il serait très grave de t’emporter contre eux, et encore plus de les frapper comme tu l’as fait avec Amy Carnath.

— Je ne ferais jamais une chose pareille à des azis !

On ne pouvait pas les battre, ou se moquer d’eux. Sauf si c’était Ollie, ou Phaedrac pour des raisons différentes. Mais ces deux azis n’étaient pas comme les autres.

— Je sais, ma chérie. Mais je veux que tu réfléchisses avant de faire quoi que ce soit qui risquerait de leur faire de la peine. Ils sont en quelque sorte très fragiles, bien plus que Nelly, car tu seras pour eux ce que je suis pour elle, le comprends-tu ?

— Je ne suis pas certaine de les vouloir, oncle Denys.

— Tu as besoin de compagnie, Ari. Tu dois vivre avec des enfants de ton âge.

C’était exact, mais les gosses la rendaient folle. Et ce serait une catastrophe si elle ne les supportait pas, parce qu’elle serait condamnée à les avoir constamment auprès d’elle.

— Le garçon s’appelle Florian et la fille Catlin. Ils ont ton âge. Ils occuperont la chambre située entre la tie

Elle lui prêtait grande attention. On ne lui avait encore jamais dit qu’elle n’était pas la meilleure, et elle doutait que ce fut possible. Ils ne pouvaient pas la surpasser. Elle aurait pu réussir tout ce qu’elle voulait. Maman le lui répétait toujours, autrefois.

— As-tu terminé ton petit déjeuner ?

— Oui, ser.

— Alors, va les chercher et fais-leur visiter les lieux. Et prends bien garde de ne pas faire de bêtises, d’accord ?

Elle se leva de table et sortit dans les couloirs. Elle passa devant le poste de sécurité et franchit les grandes portes de la Maison, traversa la route et prit la direction de l’hôpital. En courant, parce que c’était plus amusant.

Elle prit soin de recouvrer sa dignité et de se tenir bien droite lorsqu’elle pénétra dans le bâtiment et alla tendre sa carte aux gardes de l’accueil.

— Oui, sera, lui dit l’un d’eux. Veuillez nous suivre.

Ils la conduisirent dans une pièce, où ils la laissèrent.

L’autre porte s’ouvrit sur une infirmière qui fit entrer deux azis de son âge : une fille au teint clair et à la chevelure blonde tressée en natte, un garçon plus petit qu’elle et aux cheveux aussi noirs que leurs uniformes.

Et oncle Denys disait vrai. Nul ne l’avait jamais regardée ainsi, lors d’une première rencontre. Ils semblaient être des amis de longue date. Et il n’y avait pas que cela. Ils paraissaient se croire dans une prison terrifiante et penser qu’elle seule détenait la clé de leur liberté.

— Bonjour, leur dit-elle. Je m’appelle Ari Emory.

— Oui, sera.





D’une voix douce, tous les deux, presque à l’unisson.

— Vous devez m’accompagner.

— Oui, sera.

C’était étrange, très étrange. Pas comme avec Nelly. Pas du tout. Elle leur tint la porte, les précéda jusqu’à l’accueil et déclara qu’ils partaient avec elle. L’homme du comptoir hocha la tête et dit :

— Voici leurs cartes, sera.

Elle les prit et les regarda.

Et elle lut leurs noms : Florian AF-9979 et Catlin AC-7892. La lettre Alpha occupait la case réservée au type et la large bande noire des services de sécurité de la Maison barrait la partie inférieure des rectangles de plastique.

Une onde glacée se répandit dans son estomac, une sensation affreuse comparable à celle qu’elle avait éprouvée en découvrant la femme en noir dans l’appartement de maman. Elle ne l’oublierait jamais. Elle revivrait toujours cet instant, dans ses cauchemars.

Elle se détourna, pour leur dissimuler sa réaction, et attendit de s’être reprise pour leur remettre les cartes et sortir avec eux.

Dès qu’ils furent à l’extérieur, leur attitude changea du tout au tout : ils devinrent très graves, très azis. S’ils l’écoutaient et l’observaient toujours, ils paraissaient désormais sur le qui-vive.

Elle devait se les remémorer tels qu’elle les avait vus dans la petite pièce de l’hôpital pour savoir qu’ils étaient deux choses à la fois : des membres de la sécurité et ses azis perso

Je voulais un Ollie,se souvint-elle. Mais le cadeau d’oncle Denys était d’une nature différente. Il lui avait offert une protection.

Pourquoi ?se demanda-t-elle avec colère et peur. Pourquoi a-t-il jugé nécessaire de me do

Comme ils étaient placés sous sa responsabilité elle les guida vers la Maison et les présenta aux azis du corps de garde. Ils furent très polis avec l’officier de service.

— Oui, sera, dirent-ils à la femme qui leur énuméra les Règles internes.

Elle employait des mots et des codes qu’Ari n’avait jamais entendus mais que ses azis semblaient bien co

Oncle Denys ne lui avait pas dit de rentrer tout de suite à la maison, mais Ari estimait que c’était ce qu’il attendait d’elle. Elle fit malgré tout un détour par le bureau de son oncle, pour lui présenter ses azis.

Puis elle regagna l’appartement et leur fit visiter les lieux, avant de leur montrer la chambre qui leur avait été attribuée et de parler de Nelly.

— Il faudra lui obéir, précisa-t-elle. Je le dois aussi, la plupart du temps. Elle est très gentille.

Ils n’étaient pas nerveux maisc autre chose. Surtout Catlin, qui regardait de tous côtés. Ils paraissaient à la fois méfiants, distants et guindés.

Elle ne s’en plaignait pas, dès l’instant où ils se montraient agréables avec elle.

Elle alla chercher la boîte de la Poursuite Stellaire, déplia le plateau sur la table et leur exposa les règles du jeu.

Ils étaient les premiers enfants à l’écouter avec autant d’attention, sans la taquiner et sans plaisanter. Elle leur remit de l’argent et des pions, puis distribua les cartes. Et la partie fut intéressante dès le début.

Les azis semblaient assimiler cela à un combat et non à un simple jeu, mais Ari n’était pas irritée comme en présence d’Amy Carnath. Ils restaient très calmes et se concentraient, pendant qu’elle étudiait le plateau et devait à tel point réfléchir qu’elle mâcho

Et chaque fois qu’elle faisait quelque chose de vraiment sournois, ils semblaient l’apprécier puis ripostaient en se montrant aussi rusés qu’elle. Sitôt qu’elle disposait ses pièces de façon à placer Florian dans une situation périlleuse, Catlin la prenait à revers.