Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 66 из 75

            En attendant de pouvoir interroger le gosse qui gisait, toujours inconscient, par terre, le cascadeur attrapa une chaise en ferraille, la débarrassa de ses toiles d’araignée et s’assit à une table métallique. Il porta une cigarette à sa bouche, l’alluma et posa la boîte d’allumettes sur la table. En recrachant sa première bouffée de fumée, il sortit un notebook de sa mallette, l’ouvrit et consulta le dossier détaillé dans lequel il avait patiemment récapitulé toutes les informations concernant l’homme qu’il devait tuer.

            *

            Romuald commençait à percevoir une lueur orangée qui vacillait devant ses yeux. Un bourdo

            Mais où suis-je ?

            Lorsqu’il reprit vraiment conscience, il se rendit compte qu’il se trouvait dans un hangar aux murs de béton brut éclairés d’une lumière glauque. Il tira d’un coup sec pour se débarrasser de ses liens, mais la corde en nylon lui mordit la chair. Il grimaça de douleur et comprit qu’il ne parviendrait pas à se libérer.

            Alors que les larmes lui montaient aux yeux, il aperçut un homme qui avançait vers lui d’un pas décidé. Il fit des efforts pour s’asseoir, essaya même de se lever, mais l’une des bottes de Tarassov lui écrasa la poitrine.

            – Ne bouge pas !

            Terrorisé, l’adolescent n’osa même pas lever les yeux.

            – Pourquoi me suivais-tu ? demanda-t-il en appuyant sa chaussure sur le torse du gamin.

            Romuald ferma les yeux et se recroquevilla sur lui-même.

            – POURQUOI ? hurla Tarassov, si fort que l’adolescent fondit en pleurs.

            Hors de lui, le Russe lui balança un coup de pied dans les côtes. Romuald en eut le souffle coupé, puis, une fois le choc encaissé, partit dans une longue quinte de toux.

            Avec une force redoutable, Tarassov l’attrapa par sa parka et le traîna dans une pièce sans fenêtre, aux murs et au plafond recouverts de métal. Le cascadeur lâcha Romuald, qui tomba lourdement par terre, et referma la porte derrière lui. Le gamin ne mit pas longtemps à comprendre où il se trouvait. Un vent glacé balaya son visage. Il leva les yeux. L’air frais s’échappait des serpentins d’un énorme évaporateur. Il était enfermé dans une salle frigorifique.

            *

            Boston

            Épicerie fine, Zellig Food

            Matthew poussait son caddie, essayant de se frayer un chemin jusqu’au rayon des fruits et légumes.

            – Plus vite, papa, plus vite ! gloussa Emily en s’accrochant au siège du chariot.

            Matthew caressa la joue de sa fille et attrapa une botte de persil, un bouquet de feuilles d’estragon, des échalotes et des petits oignons.

            Au détour d’un étalage, il les vit enfin : les rattes de Noirmoutier dont raffolait sa femme. Il avait déjà fait la moitié des primeurs et des maraîchers de la ville sans parvenir à mettre la main sur ces merveilles. Ce soir, il tenait à ce que tout soit parfait. Il avait concocté un repas de fête composé de tous les plats préférés de Kate. Malgré leur prix exorbitant, il se servit une bo

            – Papa, on oublie la boisson pour le père Noël ! s’écria Emily.

            – Oui, tu as raison, dit-il en faisant demi-tour.

            Au rayon frais, ils choisirent ensemble une brique de lait de poule.

            – On ajoutera une bo

            – Bo





            Matthew lui rendit son sourire, en notant mentalement de ne pas oublier de boire le verre avant qu’Emily ne débarque dans le salon le lendemain matin.

            *

            Le froid figeait le corps de Romuald. En boule, les genoux repliés contre la poitrine, il avait enfoui son visage dans la capuche en fourrure de sa parka. Il regarda sa montre. Ça faisait plus de vingt minutes qu’il était dans la salle frigorifiée. Des palettes en bois fracassées s’entassaient dans un coin du local. Il en avait fait rapidement le tour. Les murs étaient couverts de moisissures et de rouille. Impossible d’arrêter le frigo de l’intérieur. Impossible de déverrouiller la porte.

            Il souffla désespérément dans ses mains pour essayer de se réchauffer. Il grelottait, ses lèvres tremblaient, ses dents claquaient. Son cœur battait plus vite, comme après un effort prolongé.

            Au début, il s’était dandiné d’un pied sur l’autre pour ne pas geler sur place, mais le froid était plus fort, engourdissant tout, transperçant ses vêtements, hérissant ses membres de chair de poule.

            Soudain, alors qu’il n’y croyait plus, un bruit de décompression se superposa au ronro

            – C’est terrible, le froid, n’est-ce pas ? dit-il en se penchant vers l’adolescent. Avant de l’avoir vécu, on ne s’imagine pas quel niveau de torture ça peut représenter.

            D’un coup de lame, il rompit le serre-flex qui meurtrissait les poignets de Romuald. Presque en rampant, l’adolescent sortit du frigo.

            Tarassov le suivit du regard. Il co

            Tarassov ne lui laissa que quelques instants de répit.

            – Je ne vais pas te poser la question dix fois, prévint-il. L’alternative est simple : soit tu me réponds immédiatement, soit tu retournes dans le frigo pour ne plus jamais en sortir.

            Les yeux fermés, Romuald continuait à haleter. Tarassov poursuivit ses menaces :

            – Tu crois que ce que tu viens de vivre, c’est l’enfer, mais tu te trompes. Ce n’était qu’un amuse-gueule. Réfléchis bien : tu es au milieu de nulle part. Tu pourras crier aussi fort que tu veux, perso

            Romuald ouvrit les yeux, jeta un rapide coup d’œil circulaire. Aucune issue pour espérer fuir. Aucun endroit pour se cacher.

            Le Russe se posta devant lui.

            – Je te le demande une dernière fois : pourquoi me suivais-tu ?

            L’adolescent fut pris d’une nouvelle quinte de toux. Tarassov s’impatienta et l’attrapa par les cheveux.

            – Tu vas me répondre ?

            Rassemblant toute son énergie, Romuald baissa brusquement la tête et, avec son crâne, do

            Surpris, le Russe encaissa l’attaque. L’adolescent en profita pour partir en courant, mais le cascadeur, d’un coup de pied, le stoppa dans son élan.

            – Et tu comptais aller où, comme ça ?

            Romuald s’étala lourdement sur la table métallique où Tarassov avait posé ses affaires.

            En une seconde, le tueur se jeta sur lui et lui administra une véritable raclée. Direct dans l’estomac, crochet, coude dans les côtes : les coups pleuvaient sans répit. La dérouillée se poursuivit au pied une fois Romuald à terre.