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            Puis la vie de chacun reprend son cours. Peut-être ont-ils échangé leurs numéros de téléphone, mais ce n’est pas certain. Dans la tête de Kate, le souvenir ne tiendra pas longtemps. Il commence déjà à s’évaporer lorsque, deux jours plus tard, elle découvre les résultats des analyses sanguines.

            D’abord, elle n’en croit pas ses yeux et demande au labo de recommencer l’analyse sur un autre échantillon. Le résultat est confirmé : Matthew appartient bien au groupe Helsinki ! Matthew est né la même a

            Comment ne pas y voir un signe du ciel ? Une occasion incroyable qui ne se reproduira plus jamais.

            Que se passe-t-il alors dans la tête de Kate à ce moment précis ? Que ressent-elle lorsqu’elle comprend que la seule façon de sauver l’homme qu’elle aime est de devenir un assassin ?

            Comment franchit-on la frontière entre l’amour et la folie ?

            *

            Le téléphone so

            – Oui, Romuald. Où es-tu ?

            – À une dizaine de kilomètres au sud de Lowell. Le pick-up du cascadeur vient de s’enfoncer dans un chemin forestier.

            – D’accord. Le type doit avoir une cabane ou une sorte de planque dans le coin. Maintenant qu’on sait où il se cache, rapplique dare-dare à l’hôtel.

            L’adolescent hésita. Emma entendait le bruit du moteur du SUV qui continuait à tourner.

            – Rentre, Romuald. J’ai plein de choses à te raconter. Il faut qu’on pre

            Mais l’adolescent ne l’écoutait pas.

            – Romuald, s’il te plaît !

            Le garçon essuya ses lunettes. Il ne pouvait pas stopper maintenant, au milieu du gué. Ne pas savoir ce qui se trouvait au bout du chemin serait pour lui un manque de courage, une défaite perso

            Il remit sa monture et actio

            – Je vais voir, lança-t-il à Emma. Je reste en ligne.

            Il jeta un œil à sa batterie – « 3 % » – puis s’enfonça à son tour dans la forêt. La piste était recouverte d’une épaisse couche de neige, mais les énormes pneus du Dodge avaient bien déblayé le passage.

            Plus il s’enfonçait, plus il faisait sombre. Le soleil avait disparu, caché par la densité des conifères. Il serpenta ainsi au milieu de la pénombre sur un demi-kilomètre.

            À l’autre bout du fil, Emma se rongeait les sangs.

            – Tu es toujours là, tête de blatte ?

            – Oui, mais j’arrive dans un cul-de-sac.

            L’adolescent crispa les mains sur le volant. Au bout du sentier, le Dodge avait fait demi-tour et lui faisait face.

            – Le pick-up est là, mais…

            Il plissa les yeux.

            – Mais quoi ?

            – Je crois qu’il n’y a plus perso

            – Romuald, reviens, bordel !

            – Oui, c’est plus prudent, admit-il.

            À présent, il avait vraiment peur. En quelques secondes, le bois était devenu opaque et semblait se refermer sur lui. Il manœuvra pour faire marche arrière, mais le chemin était étroit et le véhicule s’enlisa dans la neige.

            Merde…





            Une poussée de sueur lui emperla le front. Il enclencha le frein et sortit dans le froid. Une chape de silence enveloppait la forêt. Quelques flocons se détachaient des branches et voltigeaient dans les airs.

            – Y a quelqu’un ? demanda-t-il d’une voix tremblante.

            Pas de réponse.

            Il fit quelques pas pour se rapprocher du pick-up et regarda à travers la vitre.

            Perso

            Il nota que la porte n’était pas verrouillée. Il s’apprêtait à l’ouvrir lorsqu’il entendit un crissement de pas dans la neige. Il se retourna brusquement et dans un battement de paupières aperçut une ombre noire qui s’abattait sur lui.

            Il ouvrit la bouche pour hurler, mais la crosse d’une arme lui heurta le crâne.

            Et il perdit co

            Emma avait entendu une succession de bruits sourds et paniqua.

            – Tête de blatte ? Tu m’entends ? demanda-t-elle, la voix pleine d’inquiétude. Explique-moi ce qui se passe, Romuald ! Je t’en prie !

            Des larmes plein les yeux, elle ne put continuer sa supplique. Seule la so

            La communication était coupée.

            1- Dans le langage de l’espio

            2- VKontakte, le réseau social le plus populaire de Russie.

Sixième partie

            Au-delà de la frontière

 24

            Heroes and villains

            Plains ceux qui ont peur car ils créent leurs propres terreurs.

            Stephen KING

            La nuit était tombée lorsque le pick-up bordeaux arriva aux abords de la zone industrielle de New Hartland, entre Nashua et Salem, à la frontière du New Hampshire et du Massachusetts.

            À première vue, l’endroit était protégé, tantôt par du grillage, tantôt par des palissades en bois, mais pas suffisamment pour qui voulait vraiment pénétrer dans l’enceinte. Le Dodge passa devant l’entrée principale, contourna la partie qui longeait la route et remonta lentement une allée gravillo

            Coincé entre la rivière et une ancie

            Au volant du pick-up, Oleg Tarassov entra dans un hangar tout en longueur qui avait autrefois abrité les abattoirs du comté de Hillsborough. L’établissement avait été le dernier de la zone à mettre la clé sous la porte trois ans plus tôt et une partie des locaux, rachetés par un promoteur, étaient toujours alimentés en électricité.

            La municipalité avait tenté de réhabiliter le site en élaborant, avec des investisseurs privés, des projets de lotissements et d’espaces d’animation culturelle et de loisirs, mais, à cause de la crise économique, rien n’avait vu le jour. Les terrains restaient en friche, les locaux désaffectés et les bâtiments en ruine, au grand bonheur des squatteurs, des gangs et des drogués.

            Tarassov bondit du véhicule et actio

            Sans ménagement, il tira le corps de Romuald au sol et lui balança quelques gifles pour lui faire reprendre conscience.

            Sans succès.

            Tarassov était inquiet. Il avait examiné avec attention le passeport qu’il avait trouvé dans une des poches de pantalon du gamin : il était mineur et étranger. Pour quelle raison l’avait-il suivi depuis le St. Francis ? Cela avait-il un rapport avec le contrat qu’il devait exécuter cette nuit ? Mentalement, il se repassa le film de sa journée. Il tiqua en se rappelant la jeune femme qui avait pris l’ascenseur avec lui à l’hôtel. Maintenant qu’il y pensait, il en était certain : elle avait eu un comportement étrange. Le suivait-elle, elle aussi ? Mais pourquoi ? Il avait pourtant respecté toutes les règles de prudence. Comme souvent, le maillon faible du contrat était le do