Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 55 из 75

            – Ne me dis pas que ça ne t’excite pas un peu, dit-elle en enfilant des gants stériles.

            Kate désinfecta le bras de son mari à l’aide d’un coton imbibé d’alcool. Elle plaça ensuite un garrot autour de son biceps pour faire saillir une veine dans le creux du coude.

            – Serre le poing.

            Matthew s’exécuta et détourna les yeux pour ne pas apercevoir l’aiguille qui s’enfonçait.

            – C’est quoi, ce sac ? interrogea-t-il en pointant du menton le baluchon rouge. Je ne l’ai jamais vu.

            – Mon survêtement et mes baskets, répondit Kate en ajustant la poche en plastique qui commençait à se remplir de sang.

            – Tu te remets au sport ?

            – Oui, j’irai peut-être à la salle de l’hôpital entre midi et treize heures. Il faut vraiment que je refasse de la gym. Tu as vu mes fesses ?

            – Moi, je les aime, tes fesses !

            *

            Emma se rongeait les ongles.

            – Bordel, pourquoi prend-elle le risque de se balader avec un sac contenant 500 000 dollars ?

            – Vous pensez que son mari est au courant ?

            Emma secoua la tête.

            – Je ne crois pas.

            Le visage baissé, Romuald tournait nerveusement dans la pièce.

            – Si elle sort avec le fric, ce n’est sûrement pas pour faire un dépôt bancaire.

            Il revint s’asseoir à côté d’Emma et ils scrutèrent l’écran en silence jusqu’à ce qu’ils aperçoivent le couple sortir du camion.

            Grâce au système de vidéosurveillance, ils suivirent les Shapiro dans le hall et les couloirs de l’hôpital jusqu’à la cafétéria.

            – Dommage qu’on ne puisse pas entendre ce qu’ils se disent, remarqua Emma.

            – Vous n’êtes jamais contente, vous ! grogna Romuald en prenant la remarque pour un reproche.

            – En tout cas, Kate a toujours l’argent, nota Emma en désignant le sac de sport que la chirurgie

            Pendant un bon quart d’heure, ils restèrent suspendus à l’écran. Mais ils ne virent rien de plus qu’un couple en train de prendre leur petit déjeuner.

            – Ils me do

            Emma s’exaspéra.

            – Tu sais qu’il existe d’autres centres d’intérêt dans la vie que la bouffe et les ordinateurs ?

            Romuald se mordit la langue puis orienta la conversation vers un autre sujet.

            – On a vraiment l’impression qu’ils sont amoureux. Difficile de croire qu’elle a un amant, non ?

            – C’est vrai, concéda Emma, elle fait bien semblant…

            Au bout d’un quart d’heure, le couple se leva. Kate et son mari s’embrassèrent amoureusement et quittèrent la cafétéria chacun de son côté.

            Matthew récupéra sa moto sur le parking, tandis que Kate passa par le vestiaire des chirurgiens – où elle laissa le sac de sport dans son casier – avant de monter au bloc opératoire.

            Romuald consulta l’emploi du temps de la chirurgie

            – Elle commence sa journée avec le remplacement d’une valve cardiaque et enchaîne ensuite sur un anévrisme de l’aorte thoracique. Vous voulez rester pour regarder ?

            – Non, merci. Il ne se passera plus rien jusqu’à midi et j’ai déjà vu tous les épisodes d’ Urgenceset de Grey’s Anatomy.

            – Moi, ça m’a do

            – C’est un message subliminal pour que je te paie un petit déj’ ? sourit Emma.





            – Peut-être, fit le geek en haussant les épaules, satisfait d’avoir été démasqué.

            – Eh bien, tu as gagné, parce que moi aussi j’ai faim et j’ai deux mots à te dire.

            *

            Vêtu d’une veste à carreaux et arborant une barbe de hipster, le serveur apporta sur la table deux cappuccinos dont la mousse formait un cœur couleur crème qui tourbillo

            Emma et Romuald s’étaient installés dans un petit café branché de Boylston Street, à deux pas de leur hôtel.

            Avec ses plantes vertes, ses tables vintage, ses bancs en bois brut et ses lampes rétro, l’endroit dégageait au premier abord une atmosphère presque pastorale.

            Emma mélangea son Bircher müesli avec un yaourt tout en regardant, non sans une certaine tendresse, Romuald qui versait consciencieusement la moitié du pot de sirop d’érable sur ses pancakes.

            – Il faut que tu m’expliques quelque chose, Romuald.

            – Tout cheu que fous foudrez, promit-il la bouche pleine.

            – Qu’est-ce que tu es venu faire aux États-Unis ?

            Il avala son morceau de pancake qu’il fit passer avec une grande gorgée de cappuccino.

            – Je vous l’ai déjà dit : j’ai suivi ma petite amie qui est venue travailler à New York comme fille au pair…

            – … et qui t’a laissé tomber en arrivant, oui, c’est ce que tu m’as dit. Mais nous savons tous les deux que c’est faux, n’est-ce pas ?

            – Bien sûr que c’est vrai ! s’insurgea-t-il.

            – Admettons, dit-elle, mais pourquoi ne do

            – Je leur en do

            – Non, ce n’est pas vrai. Je les ai appelés cette nuit. Ils se faisaient un sang d’encre. Tu ne leur as plus téléphoné depuis trois semaines.

            – Mais… comment avez-vous trouvé leur numéro ?

            – Oh, ça va, hein ? Si tu crois qu’il n’y a que toi qui sais te servir d’un ordinateur !

            – Vous n’aviez pas le droit, lui reprocha-t-il.

            – Au moins, je les ai rassurés. Et tant qu’on y est, dis-moi une chose : pourquoi es-tu resté à New York, si cette fille t’a réellement laissé tomber ? Pourquoi tu n’es pas rentré en France pour reprendre le lycée ?

            – Parce que j’en avais marre de Beaune, et marre de mes parents, vous ne pouvez pas comprendre ça ?

            – Si, très bien, mais quitte à être aux États-Unis, tu aurais pu voyager, voir du pays, trouver un job plus fun et enrichissant. C’était à ta portée, tu es malin. Au lieu de ça, tu as passé quinze jours à végéter dans un stage à l’Imperator à faire quelque chose que tu n’aimais pas. Pourquoi ?

            – Lâchez-moi avec vos questions. Vous n’êtes pas flic.

            – Si, je le suis un peu depuis que j’ai cette belle carte que tu m’as fabriquée. Et comme tout bon flic qui se respecte, j’ai encore une question : qu’est-ce que tu es allé faire dimanche dernier à Scarsdale chez Michele Berkovic, la directrice générale de l’Imperator ?

            Il secoua la tête.

            – Je n’ai jamais foutu les pieds là-bas.

            – Arrête de me prendre pour une co

            – Vous avez fouillé ? Vous n’avez pas le droit !

            – Ah bon, et qu’est-ce que tu fais d’autre, toi, planqué derrière tes écrans et tes caméras ? Tu passes tes journées à fouiller dans la vie des gens. À les observer, à violer leur vie privée.

            – Mais moi, je le fais pour vous aider, se défendit-il.

            – Moi aussi, je veux t’aider. Pourquoi es-tu allé chez Michele Berkovic ?

            – Parce que c’est ma mère.

            Elle leva les yeux au ciel et s’énerva contre lui.

            – Qu’est-ce que tu me sors encore comme co