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            – Oui et non. En fait, une fois refait, le visage de Kate respecte tous les canons de beauté.

            – Tu parles des proportions ?

            – Oui. Il y a eu des études mathématiques sur la « beauté parfaite ». Les scientifiques ont cherché à comprendre pourquoi certains visages inspiraient une attraction immédiate. Et ils sont arrivés à prouver que la beauté parfaite suivait un algorithme mathématique.

            – Un algorithme ?

            – Un ensemble de règles qui tie

            – Comment sais-tu ça, toi ?

            – Je suis en terminale scientifique. Un prof nous a fait étudier un article de Sciences & Viesur le sujet et ça m’avait marqué. Mais ces théories ne sont pas nouvelles : elles repre

            – À part la symétrie du visage, quelles sont les autres règles ?

            – Si je me souviens bien, dans un visage parfait, la distance entre les pupilles doit être légèrement inférieure à la moitié de la largeur totale du visage. Et l’écart entre les yeux et la bouche devra être légèrement supérieur au tiers de la distance séparant la racine des cheveux du menton.

            – C’est ce qui se passe ici ?

            – Oui. Le visage de Kate atteint une sorte de « ratio optimal de perfection ». C’est ce qui explique son attractivité. Kate était « presque parfaite » et elle est devenue « plus que parfaite ».

            Emma encaissa l’information.

            Toujours autant de questions, toujours aussi peu de réponses…

             À votre avis, pourquoi a-t-elle fait ça ? demanda l’adolescent en chipant sur le plateau une assiette de mangue.

            – Je n’en sais rien : pour plaire à un homme, pour avoir davantage confiance en elle…

            Il avala les morceaux de fruit à une telle vitesse qu’il faillit s’étrangler. Emma s’agaça :

            – Mais t’as peur de quoi, bordel ? Qu’on vie

            Vexé, il haussa les épaules.

            – Je vais aux toilettes, dit-il en descendant de son tabouret.

            – C’est ça, crie-le plus fort pour que tout le restaurant soit au courant. Tu ne veux pas mettre un message sur Facebook pour prévenir tes potes, non plus ?

            – Je n’ai pas de potes, rétorqua-t-il en baissant la tête et en s’éloignant.

            – Tu vas me faire pleurer, Calimero. Rejoins-moi au bar de l’hôtel. J’ai besoin de deux ou trois cocktails pour me do

            Elle signa la note puis se leva à son tour, rangea l’ordinateur dans son sac et attrapa la parka du jeune homme.

            *

            Le bar du Four Seasons avait des airs de vieux club anglais : grande cheminée, pa

            L’air de rien, elle n’était pas mécontente de la présence inattendue de Romuald. Le geek était un extraterrestre, vif, plein d’idées. Il pouvait lui être d’une aide précieuse si elle parvenait à canaliser son intelligence.





            Voyant qu’il était décidé à s’incruster dans son enquête, elle avait laissé son amour-propre de côté pour tout lui raconter, depuis son coup de cœur pour Matthew à travers leur échange de mails jusqu’à sa fouille ce matin dans la maison des Shapiro, en passant par l’épisode du casino et la mise en évidence des infidélités de Kate. Elle ne lui avait rien caché, pas même l’épisode de son « suicide », ni la découverte du sac de sport planqué dans le faux plafond et contenant pas moins d’un demi-million de dollars.

            Elle profita de l’absence de l’adolescent pour fouiller les poches de sa parka. Au milieu des barres chocolatées, elle découvrit plusieurs choses intéressantes. D’abord, un billet de train aller-retour de New York à Scarsdale, une banlieue cossue de Manhattan. Le titre de transport avait été composté la veille. Aller à 10 h 04, retour à 13 h 14 presque dans la foulée. Sur un Post-it, elle trouva le nom et l’adresse de Michele Berkovic, la directrice générale de l’Imperator. Elle vivait bien à Scarsdale avec son mari, un financier de Wall Street, et ses deux enfants. Berkovic était une gestio

            L’autre chose éto

            On lui apporta son cocktail qu’elle vida d’un trait. Le mélange de vodka et de citron lui brûla délicieusement l’œsophage. Elle était en train d’en commander un autre lorsqu’elle aperçut Romuald qui franchissait la porte du bar.

            Elle lui fit signe, mais il ne l’aperçut même pas. Dans sa bulle, les yeux baissés sur son téléphone portable, il pianotait sur son petit terminal.

            Quelle génération… En permanence derrière un écran, le téléphone ou la tablette tactile greffés comme un prolongement de leur corps… Mais suis-je très différente ?

            Romuald bouscula un serveur, marmo

            – Je peux goûter votre cocktail ? demanda-t-il en s’asseyant en face d’elle.

            – Non, tu es un enfant et les enfants ne boivent pas d’alcool. Prends une limonade ou un lait chaud…

            – Un enfant ? Pfff. Je suis certain que tout le monde nous prend pour un couple.

            – C’est ça, dans tes rêves…

            Il redevint sérieux.

            – Bon, j’ai réfléchi. Ce qui nous manque, c’est une source fiable sur la jeunesse de Kate. C’est là que se trouve la clé du mystère : on ne peut comprendre les gens qu’en co

            – On croirait entendre mon psy, souffla Emma. Mais vas-y, continue, je veux bien te suivre sur ce terrain.

            – Je parie que son idylle avec Nick Fitch ne date pas d’aujourd’hui. Je suis même certain que c’est lui qui a pris cette photo, affirma-t-il en montrant le cliché glamour en noir et blanc qu’il avait transféré sur son smartphone.

            Celui où Kate portait le tatouage de licorne.

            – C’est possible, admit Emma.

            – On devrait essayer de retrouver l’ancie

            – Quelle ancie

            – Souvenez-vous : parmi les trois questions pour désactiver l’alarme, il y en avait une concernant le nom de sa meilleure amie lorsqu’elle était étudiante.

            – Exact, dit-elle en retroussant sa manche pour relire les réponses qu’elle avait marquées sur son avant-bras.

            – Sympa, votre carnet, j’avais le même quand j’avais huit ans…

            – Ta gueule, tête de fouine, gronda Emma. La fille s’appelle Joyce Wilkinson. Mais ça va nous prendre des heures pour la retrouver. En plus, cette femme est sûrement mariée aujourd’hui et…