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            Cette situation dissymétrique était insupportable. On était le 22 décembre. Il ne disposait plus que de deux jours pour éviter l’accident à cause duquel il avait perdu Kate. Il ferma les yeux et se prit la tête entre les mains pour mieux se concentrer. Emma était morte, certes, mais il y avait peut-être encore des gens à qui elle tenait et sur qui il pouvait faire pression. Mais qui ? Son frère Daniel ? Mauvaise pioche. D’après ce qu’il avait compris, le frère et la sœur ne s’aimaient manifestement pas beaucoup. Ses parents ? Daniel lui avait dit que leur mère était morte et que leur père souffrait d’un Alzheimer très avancé. Des amis ? Visiblement, elle n’en avait guère.

            C’est la seule perso

            La phrase s’imposa à lui comme si Emma la lui avait murmurée à l’oreille.

            Son chien ! Le fameux Clovis !

            Lui était toujours en vie !

            Cette prise de conscience lui remonta le moral. Il venait de trouver un moyen imparable de faire chanter Emma !

            Il se leva de son tabouret et éteignit la télévision avec la télécommande.

            – Va vite t’habiller, chérie, on part en balade !

            – Mais mon film…

            – Tu le verras ce soir, ma puce.

            – Non, je veux le voir maintenant !

            – Et si je te disais qu’on va chercher un petit chien pour le garder pendant les vacances ?

            La petite fille bondit de joie.

            – C’est vrai, papa ? On va avoir un chien ? Ça fait tellement longtemps que j’en voulais un ! Merci ! Merci !

            *

            – Vous voulez que je vous aide à enlever un chien ?

            – Oui, April. Ton aide serait la bienvenue dans cette délicate opération, confirma Matthew.

            – Et pour quelle raison veux-tu faire ça ? demanda la jeune femme en se levant de son bureau.

            – Je te raconterai tout dans la voiture, assura Matthew.

            – Parce qu’on prend ma voiture, en plus ?

            – Je risque d’avoir du mal à trimbaler un chien sur le porte-bagages de mon vélo.

            Il était debout devant elle, tenant sa fille par la main, une caisse à outils métallique posée à ses pieds.

            – Tu sais qu’on peut aller en prison pour ça, Matt ?

            – On va être suffisamment malins pour ne pas se faire prendre. C’est pour ça que j’ai besoin de ton cerveau sexy.

            – Si tu crois que c’est avec ce genre de compliments que…

            – Allons-y maintenant, s’il te plaît. C’est très important pour moi.

            – Un clébard, ça mord, tu es au courant ?

            – C’est un tout petit chien.

            – C’est-à-dire ?

            – Tu t’en souviens peut-être : c’est celui du frère d’Emma Lovenstein. Tu l’as vu lors du vide-grenier sur la pelouse.

            – Le shar-pei ! Tu parles que je m’en souviens ! Ce n’est pas un petit chien, Matt. Ce molosse pèse au moins 40 kilos et c’est une boule de muscles !

            Emily lâcha la main de son père et se précipita pour entourer April par la taille.

            – Je t’en supplie, April, aide-nous ! Aide-nous ! Je veux un petit chien depuis si longtemps. S’il te plaît ! S’il te plaît !

            La galeriste dévisagea Matthew d’un air de reproche.





            – Tu n’as pas le droit d’instrumentaliser cette gamine ! lança-t-elle en attrapant son manteau.

            *

            Matthew s’était mis au volant de la Camaro. La voiture quitta le centre de Boston et prit la direction de Belmont.

            – Bon, tu m’expliques ? réclama April.

            Il attendit d’être arrivé à un feu de signalisation ; là, il se tourna vers Emily pour lui tendre un baladeur.

            – Tu veux écouter de la musique, chérie ?

            Bien sûr qu’elle le voulait !

            Il attendit que sa fille ait mis le casque sur ses oreilles pour informer April de ses intentions. Elle le laissa terminer son raiso

            – Donc, tu penses que le fait d’enlever ce pauvre chien va te ramener ta femme ?

            – Oui, indirectement, comme je viens de te l’expliquer.

            – Je ne crois pas un seul instant à toute cette histoire d’ordinateur qui permettrait de communiquer à travers le temps.

            – Et comment expliques-tu le film de surveillance de Vittorio, l’article de journal sur le casino, les…

            – Je n’explique rien, le coupa-t-elle. Et je veux bien t’aider parce que tu es mon ami, mais je pense que perso

            Matthew jeta un regard sombre à son amie et ne lui adressa plus la parole jusqu’à Belmont. Comme la veille, il se gara devant le cottage en bardage de bois du petit quartier résidentiel. Par chance, Emily s’était endormie sur la banquette arrière. Matthew et April sortirent pour repérer les lieux. Il était quatre heures de l’après-midi. La rue était déserte. Matthew avança jusqu’au portail et so

            – Salut, Clovis, lança Matthew.

            – Non seulement ce n’est pas un petitchien, mais en plus, il est en train d’ameuter tout le quartier. Bon, tu as un plan au moins ?

            – Absolument, répondit-il en sortant de la poche de son manteau un sac en plastique.

            – C’est quoi, ce truc ? Ça pue, c’est une infection !

            – Ce sont deux steaks hachés décongelés au micro-ondes que j’ai roulés en boulettes de viande…

            – … mélangés à des somnifères, devina April. Vachement original.

            – Mon médecin m’en avait prescrit lorsque Kate est morte. Il m’en restait quelques comprimés.

            – Ça ne marchera jamais, décréta-t-elle. Et ton plan B ?

            – Bien sûr que ça marchera.

            Elle secoua la tête.

            – À supposer que le chien ne vomisse pas tes boulettes et que tu les aies suffisamment dosées, il va mettre trois plombes avant de s’endormir, et encore, il sera tout juste vaseux. D’ici là, son propriétaire sera revenu ou l’un des voisins aura appelé les flics…

            – Ne sois pas défaitiste. Je tente le coup, décida Matthew en balançant les deux grosses boulettes de viande de l’autre côté de la clôture.

            Sceptique, Clovis les renifla longuement. Vaguement dédaigneux, il en avala la moitié d’une, mais guère convaincu par leur saveur, les abando

            – Qu’est-ce que j’avais dit ?

            – Attendons quelques minutes dans la voiture, proposa Matthew.

            En silence, ils patientèrent trois longs quarts d’heure sans aucun résultat. Le chien semblait les narguer, Cerbère fidèle gardant la porte des Enfers. Le soir tombait doucement. Eux-mêmes commençaient à s’assoupir lorsque la so