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            Emily écarquillait les yeux devant les animaux en peluche grandeur nature.

            – C’est doux ! s’émerveilla-t-elle en caressant une girafe haute de six mètres.

            C’était indéniable : l’endroit était magique, spectaculaire et faisait rapidement retomber en enfance. April s’extasia un long moment devant l’impressio

            Il laissa Emily courir encore quelques minutes entre les rayons, puis il s’agenouilla pour se mettre au niveau de la petite fille.

            – Bon, tu co

            – Donc, pas la girafe, devina Emily en se pinçant la lèvre.

            – Tu as tout compris, chérie.

            Accompagnée d’April, la petite fille passa un temps fou à choisir un teddy bearparmi la centaine de modèles proposés. D’un air distrait, Matthew déambula dans l’espace où étaient exposés des modèles métalliques de type Meccano puis échangea quelques mots avec un magicien qui enchaînait des tours devant l’escalator. Même de loin, il gardait toujours un œil sur sa fille, heureux de la voir si enthousiaste. Mais ces moments de bonheur ravivaient la douleur de la perte de Kate. Il ressentait une telle injustice de ne pas pouvoir partager ces instants avec elle. Il s’apprêtait à rejoindre April lorsque son téléphone so

            – Salut, Vittorio.

            – Bonjour, Matt. Où es-tu, là, dans une poupo

            – En pleines courses de Noël, mon vieux.

            – Tu préfères me rappeler ?

            – Do

            De loin, il adressa un signe à April pour la prévenir qu’il sortait fumer une cigarette, puis il quitta le magasin et traversa la rue pour rejoindre Copley Square.

            Plantée d’arbres et organisée autour d’une fontaine, la place était co

            – Alors, Vittorio, comment va Paul ? Son otite ?

            – Ça va mieux, merci. Et toi, tu te remets de ta drôle de soirée ?

            – Je l’ai déjà oubliée.

            – En fait, c’est pour ça que je t’appelle. Ce matin, j’ai raconté à Co

            – Vraiment ?

            – Elle s’est brusquement souvenue de quelque chose. Il y a environ un an, un soir où je n’étais pas au restaurant, Co

            Matthew sentit brusquement le sang affluer à ses tempes.

            – Mais pourquoi ne m’en a-t-elle jamais parlé ?

            – C’est arrivé quelques jours seulement avant l’accident de Kate. Co

            – Tu sais à quoi ressemblait cette femme ?





            – D’après Co

            – Tu as un moyen de co

            – Écoute, je suis dans ma voiture, en route vers le restaurant. Je vais essayer de retrouver la réservation sur notre base de do

            – Merci, Vittorio. J’attends que tu me rappelles. C’est vraiment important.

            *

            New York

            Restaurant Imperator

            Service de midi

            La main d’Emma trembla légèrement en versant le vin blanc dans des verres cristallins en forme de losange.

            – Madame, monsieur, pour accompagner vos cuisses de grenouille caramélisées et leurs févettes sautées à l’ail dans leur chapelure de pain d’épice, je vous propose un vin de la vallée du Rhône : un condrieu de 2008, cépage viognier.

            La jeune femme déglutit pour s’éclaircir la voix. Il n’y avait pas que sa main qui tremblait. Tout en elle vacillait. La soirée de la veille l’avait totalement ébranlée. Elle n’avait presque pas dormi de la nuit et des brûlures d’estomac violentes remontaient le long de son œsophage.

            – Vous pouvez percevoir la belle vivacité du condrieu, équilibré, tendu. C’est un vin aromatique, exubérant et floral.

            Elle termina le service de la table puis fit un signe à son assistant pour l’avertir qu’elle avait besoin d’une pause.

            Prise de vertige, elle s’éclipsa de la salle et s’enferma dans les toilettes. Elle était fébrile, elle transpirait, un bourdo

            Secouée par une convulsion, elle se pencha au-dessus de la cuvette pour y vomir son petit déjeuner et resta plus d’une minute dans cette position, essayant de reprendre son souffle. Cette histoire de courrier électronique en provenance du futur l’effrayait. Nous étions en décembre 2010. Elle ne pouvait pas correspondre avec un homme qui vivait en décembre 2011 ! Donc cet homme était soit un malade mental, soit quelqu’un avec de mauvaises intentions. Dans les deux cas, c’était une menace. Pour elle et pour sa propre santé mentale. Elle en avait assez de tomber sur des fêlés. Cette fois, c’en était trop ! Ses derniers mois, son état s’était stabilisé, mais aujourd’hui, elle se sentait replonger dans l’angoisse. Elle aurait eu besoin de médicaments pour retrouver un peu de calme. Elle aurait eu besoin d’en parler à sa psychiatre, mais même Margaret Wood faisait défection, partie en vacances de Noël à Aspen.

            Merde !

            Elle se releva et se regarda dans le miroir, les mains appuyées des deux côtés du lavabo. Un filet de bile pendait à ses lèvres. Elle l’essuya avec une serviette en papier et se passa un peu d’eau sur le visage. Elle devait se raiso

            *

            Boston

            – Je peux avoir un lobster roll1 avec des frites ? demanda Emily.