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            Elle vérifia l’adresse et essaya un second envoi qui se solda par un nouvel échec.

            *

            Restaurant Le Numéro 5

            New York

            21 h 13

            – Je pense qu’elle ne viendra plus, lâcha Matthew en acceptant la bouteille de bière que lui tendait Vittorio.

            – Je ne sais quoi te dire, se désola son ami. La do

            – Ça, on peut le dire, soupira-t-il.

            Il avait envoyé deux nouveaux mails à Emma et n’avait reçu aucune réponse. Il regarda sa montre et se leva.

            – Tu m’appelles un taxi pour l’aéroport ?

            – Tu es sûr que tu ne veux pas dormir à la maison ?

            – Non, je te remercie. Désolé de t’avoir bloqué une table pour rien. Tu embrasseras Co

            Matthew quitta le restaurant à 21 h 30 et fut à l’aéroport à 22 h 10. Il profita du trajet pour valider son vol retour. Il s’enregistra sur l’avant-dernier vol de la journée.

            Le moyen-courrier quitta New York à l’heure prévue et se posa à Boston à 00 h 23. À cette heure-ci, Logan tournait au ralenti. Matthew attrapa un taxi dès sa descente d’avion et fut de retour chez lui avant 1 heure du matin.

            Lorsqu’il poussa la porte de sa maison de Beacon Hill, April était déjà couchée. Il passa une tête dans la chambre de sa fille pour s’assurer qu’Emily dormait à poings fermés puis revint dans la cuisine. Il se servit un grand verre d’eau et, machinalement, alluma l’ordinateur portable qui était resté sur le comptoir du bar. En consultant sa messagerie, il remarqua qu’il avait un courrier d’Emma Lovenstein. Un courrier qui ne figurait étrangement que sur l’ordinateur et pas sur son téléphone.

            *

            Restaurant Le Numéro 5

            New York

            21 h 29

            Emma referma la porte du restaurant et monta dans le taxi que lui avait appelé Co

            En pleurs, elle prit l’ascenseur jusqu’à son appartement. Elle ouvrit la porte, ignora les jappements de son chien et se déshabilla avant de se précipiter sous une douche glacée. De nouveau, elle sentait monter en elle cette envie irrépressible de se faire du mal, de retourner contre elle cette violence qui l’envahissait tout entière. Elle souffrait tant de ne pas être maître de ses émotions. C’était épuisant et terrifiant. Comment pouvait-elle en quelques minutes passer de l’exaltation à un état dépressif ? Alterner en si peu de temps la joie la plus intense et les idées les plus noires ?

            Claquant des dents, elle sortit de la cabine de verre, s’emmitoufla dans son peignoir, prit un somnifère dans l’armoire à pharmacie et se réfugia dans son lit. Malgré le comprimé, Emma ne parvint pas à trouver le sommeil. Elle gigota dans tous les sens, cherchant une position satisfaisante pour s’endormir, puis, résignée, se mit à fixer désespérément le plafond. Il était clair qu’elle était trop énervée pour s’endormir. N’en pouvant plus, vers 1 heure du matin, elle alluma son ordinateur portable pour envoyer un dernier courrier à l’homme qui avait gâché sa soirée. Furieuse, elle souleva la coque ornée d’un autocollant représentant une jolie Ève stylisée.

            *

            Atterré, Matthew prit co

            De :Emma Lovenstein

            À :Matthew Shapiro

            Objet :Sale mec

            Contrairement à ce que vous m’avez fait croire, vous n’avez aucune courtoisie, aucune éducation. Ne m’écrivez plus, ne m’envoyez plus de message.

            De :Matthew Shapiro

            À :Emma Lovenstein

            Objet :Re : Sale mec





            Mais de quoi parlez-vous, Emma ? Je vous ai attendue toute la soirée au restaurant ! Et je vous ai envoyé deux courriers auxquels vous n’avez pas répondu !

            C’est ça, foutez-vous de moi ! À quoi vous jouez, là ? Prenez au moins la peine d’inventer une excuse bidon : le froid, la neige. Vous avez le choix…

            La neige ? Je ne comprends pas ce que vous me reprochez, Emma. C’est quand même vous qui m’avez posé un lapin !

            J’étais au rendez-vous, Matthew. Je vous ai attendu toute la soirée. Et je n’ai eu aucun mail de vous !

            Alors vous avez dû vous tromper de restaurant.

            Non. Il n’y a qu’un seul restaurant Le Numéro 5 dans l’East Village. J’ai même parlé à votre amie Co

            Vous mentez : Co

            Bien sûr qu’elle y était ! Elle est jolie, brune, les cheveux courts et elle est enceinte d’au moins huit mois !

            Vous racontez n’importe quoi. Ça fait presque un an que Co

            Avant de cliquer sur le pavé tactile pour envoyer le message, Matthew leva la tête de son écran. Cette discussion virait au dialogue de sourds. Emma paraissait être de bo

            Il prit une gorgée d’eau et se frotta les paupières.

            Cette référence à la neige, à la grossesse de Co

            Il fronça les sourcils et examina avec attention tous les courriers qu’Emma lui avait envoyés depuis la veille. Soudain, quelque chose le stupéfia – un détail qui n’en était pas un – et une idée folle lui traversa l’esprit. Il demanda :

            Quelle date sommes-nous aujourd’hui, Emma ?

            Vous le savez très bien : le 20 décembre.

            De quelle a

            Continuez de vous foutre de ma g…

            Dites-moi de quelle a

            Ce mec est fou, pensa-t-elle en crispant les doigts sur le clavier. Par acquit de conscience, elle vérifia néanmoins les mails de Matthew. Tous étaient datés de décembre… 2011. Un an plus tard, jour pour jour, par rapport à aujourd’hui…

            *

            Saisie d’effroi, elle éteignit son ordinateur.

            Elle mit plusieurs minutes pour oser formuler mentalement la situation.

            Elle vivait en 2010.

            Matthew vivait en 2011.

            Et pour une raison qui lui échappait, leur ordinateur portable semblait être leur seul moyen de communication.

            1- Citation attribuée à Laure Conan, romancière canadie

            2- La femme est changeante, telle une plume au vent…

Deuxième partie

            Les parallèles