Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 20 из 71

Un caricatural planton s’introduisit timidement dans le bureau du chef du service des renseignements.

— C’est un huissier du cabinet, dit-il, qui fait demander à mon colonel de bien vouloir descendre tout de suite voir M. le sous-secrétaire d’Etat.

Hofferman leva la tête, éto

— Moi ? vous êtes sûr que c’est moi ?

— Oui, mon colonel.

— C’est bien, j’y vais.

Le planton s’éclipsa. Hofferman resta un instant songeur, puis brusquement se levait, entrouvrait la porte de la pièce voisine et s’adressant au commandant Dumoulin :

— Je descends un instant, le sous-secrétaire d’État me demande…

Le colonel, à pas pressés, parcourut les interminables couloirs qui le séparaient du bâtiment dans lequel étaient aménagés les bureaux du sous-secrétaire d’État.

— Que peut-il donc me vouloir ? se demandait le colonel Hofferman en pénétrant dans le cabinet du ministre.

M. Maranjévol n’était pas seul dans son vaste salon : en face de lui, se tenant à contre-jour, se trouvait un homme d’assez haute stature et dont les cheveux rares bouclaient légèrement.

Le sous-secrétaire d’État se leva de son fauteuil et, sans le moindre préambule, fit les présentations :

— M. Juve, inspecteur de la Sûreté… Colonel Hofferman, chef du Deuxième Bureau…

Le policier et le militaire s’étaient salués gravement.

Un peu froids, ils attendaient en silence que M. le sous-secrétaire d’État voulût bien amorcer l’entretien.

M. Maranjévol, en deux mots, expliquait qu’à la suite d’un bref entretien avec Juve, au sujet de la mort du capitaine Brocq, il avait cru nécessaire de le mettre en rapport avec le colonel Hofferman.

— Ma foi, monsieur, déclara-t-il d’une voix sèche, je suis fort heureux de la circonstance qui nous réunit. Je ne vous cacherai pas que je suis éto

Pendant que le colonel parlait, M. Maranjévol roulait de bons gros yeux éto

Mais l’inspecteur était resté impassible sous l’orage ; il dit à son tour :

— Je vous ferai observer, mon colonel, que s’il s’était agi d’une mort naturelle, je me serais contenté de vous restituer les documents qui avaient été recueillis au commissariat de police ; mais, comme vous l’avez su probablement, le capitaine Brocq a été tué, tué d’une façon mystérieuse. Je me suis donc trouvé en présence d’un crime, et d’un crime de droit commun : l’enquête à faire relevait de l’autorité civile et non de l’autorité militaire, croyez bien que je sais mon devoir !

Juve avait prononcé ces paroles avec le plus grand calme, apparent tout au moins.





Le colonel répliqua :

— Je persiste dans mon opinion ; vous n’aviez pas à vous immiscer dans une affaire qui ne regarde que nous ; la mort du capitaine Brocq coïncide avec la disparition d’un document secret, est-ce à vous ou à nous de le rechercher ?

Après une hésitation, Juve rétorqua simplement :

— Vous me permettrez de ne pas répondre sur ce point.

Il y eut encore un instant de silence glacial.

Le colonel Hofferman, avec une brusquerie toute militaire, venait en effet de mettre le doigt sur la plaie, toujours béante, qui irrite depuis de longues a

Sans cesse, dans des affaires d’espio

Le colonel Hofferman, se méprenant à l’attitude du policier, triomphait et, se tournant vers le sous-secrétaire d’État :

— D’ailleurs, poursuivit-il, j’estime que l’on a fait beaucoup trop de bruit autour du décès du capitaine Brocq. Cet officier a été victime d’un accident que nous ne pouvons pas discuter, voilà tout, et peu importe. Nous autres, militaires, nous sommes partisans de la politique des résultats. À l’heure actuelle, un document nous manque, nous le cherchons : qu’on nous laisse agir. Et, monsieur le sous-secrétaire d’État, j’en reviens toujours à ma première question : Que diable la police a-t-elle été faire chez le capitaine Brocq ? Véritablement, plus la Sûreté va, et plus elle s’arroge des pouvoirs inadmissibles.

Juve, non sans difficulté, s’était contenu, mais décidément le colonel Hofferman allait trop loin. À son tour, le policier éclata :

— Monsieur le sous-secrétaire d’État, déclara-t-il de sa voix chaude et vibrante, je ne puis accepter de pareilles observations. J’ai là, dans mon dossier, les preuves matérielles que l’assassinat du capitaine Brocq est entouré des événements les plus mystérieux et aussi les plus graves. En bo

Pris entre deux feux, M. Maranjévol faisait une figure désolée… Mais il n’y avait pas moyen de reculer !

M. le sous-secrétaire d’État, décrochant un récepteur de son téléphone privé, avisa le directeur de son cabinet que, par suite d’incidents imprévus, il ne recevrait pas de la matinée.

M. Maranjévol désigna d’un geste las deux sièges à ses interlocuteurs et invita Juve à s’expliquer.

— Mon Dieu, monsieur, commença l’inspecteur qui avait retrouvé tout son sang-froid, je ne vous retiendrai pas bien longtemps. Vous savez dans quelles circonstances j’ai été amené à découvrir que le capitaine Brocq avait été mystérieusement assassiné ! Il m’importait au plus haut point de préciser quels étaient les tenants et aboutissants de cet officier. J’avais à me renseigner sur sa vie privée, à co

Hofferman, avec franchise, répondit :

— C’est mon avis. Je vous rends justice, monsieur Juve. Tel était bien le caractère du capitaine Brocq. Mais je ne vois pas où vous voulez en venir ?

— À ceci, reprit le policier : parmi les relations du capitaine Brocq, se trouve la famille d’un ancien diplomate d’origine autrichie