Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 42 из 76

— Et ce traducteur ? c’est le priso

— Oui, monsieur.

M. Huguelmans avait appuyé sur un timbre :

— Pourvu, pensa le journaliste que le renseignement que j’ai obtenu soit exact et qu’il soit vrai qu’on occupe le D. 33 à des travaux de traduction.

À l’appel du directeur, le gardien était apparu. M. Huguelmans fit demander le chef des travaux techniques, qui, quelques instants plus tard, pénétrait à son tour dans le cabinet :

— Est-il exact, demandait le supérieur à son subordo

— Mon Dieu, je ne sais pas s’il est traducteur distingué, mais je sais qu’il y a quelques semaines, il faisait en effet des traductions. Depuis lors, toutefois, sous prétexte qu’il était fatigué, il a demandé à être remis aux travaux manuels, mais il alterne volontiers, et fait aussi des copies.

— C’est bien, monsieur, interrompit le directeur, vous pouvez vous retirer.

Quelques instants après, Fandor poussait un soupir de satisfaction. M. Huguelmans avait tracé sur un imprimé à l’en-tête de la prison quelques lignes qu’il lui remit.

— Étant do

Fandor s’inclina :

— Je vous remercie, monsieur le directeur.

Un gardien se tenait à l’entrée du cabinet de M. Huguelmans. Son chef lui do

Le parloir était coupé en deux par une lourde barrière de chêne. De part et d’autre, un grenadier, baïo

Fandor qui s’était documenté sur les règles du bagne de Louvain, savait en effet que pendant tout le temps qu’il s’entretenait avec des visiteurs, le détenu était surveillé. Le journaliste savait aussi que, par condescendance et discrétion, gardiens et militaires avaient l’ordre de ne pas écouter les propos qui s’échangeaient et cela lui suffisait, car peu lui importait qu’on le vît. Ce qu’il fallait surtout c’est qu’on ne comprît pas que dans l’entrevue qui allait avoir lieu entre lui et le D. 33, il ne serait nullement question d’ancien écossais.

Soudain, un bruit de pas retentit. Fandor bondit en avant et s’arrêta net, stupéfait. Le détenu qui venait vers lui avait le visage couvert d’un voile noir. Il portait sur la tête une véritable cagoule et Fandor éprouvait une émotion considérable à la vue de cet uniforme cependant légal et obligatoire pour tout prévenu dès qu’il sortait de sa cellule, mais auquel Fandor n’avait pas pensé.

Or, si cette cagoule avait ému Fandor à un tel point, c’est qu’elle lui rappelait l’effroyable silhouette de Fantômas, l’uniforme adopté par le monstre qu’il ne manquait jamais de revêtir dans les circonstances les plus effroyables. Et Fandor, machinalement, se disait qu’il y avait là une coïncidence curieuse, quelque chose de bizarre, d’étrange dans ce fait que la livrée du crime adoptée par l’insaisissable bandit n’était autre que la tenue d’uniforme des priso

Fandor néanmoins se ressaisit, se rapprocha du priso

Fandor articula :

— Juve est-ce vous ?

Une voix grave, une voix caverneuse presque, une voix que semblait paralyser l’émotion répondit lentement :



— Oui, Fandor, c’est moi. Merci d’être venu. Voici longtemps que je t’attendais.

Or, la voix de Juve était si transformée, si changée, elle avait un ton si douloureux, si sépulcral, que Fandor un instant se demanda s’il n’était pas le jouet d’une abominable hallucination, s’il n’était pas encore victime d’un tour de Fantômas, si l’homme revêtu de la cagoule noire avec lequel il s’entretenait était réellement son ami.

Mais cette hésitation ne dura pas. Juve de son côté, triomphant de son émotion première, interrogeait le journaliste :

— Fantômas, demanda-t-il, d’une voix pleine d’anxiété, a-t-il été arrêté au sortir de prison ? Léon et Michel ont-ils réussi dans la mission que je leur ai confiée ?

— Je ne puis pas vous le dire, Juve, je ne le sais pas.

— Comment, tu n’as vu perso

— Je co

Et après une hésitation Fandor ajouta :

— Ni Fantômas.

Cependant que Juve se taisait, atterré, semblait-il, se crampo

— Juve, comment se fait-il que vous soyez encore ici ? N’aviez-vous pas tout prévu pour vous faire reco

— Si, mais les affaires les mieux préparées ne réussissent pas toujours, hélas. Tu savais mon projet : passer pour Fantômas le plus longtemps possible, me faire extrader à sa place et le démasquer ensuite. Je me disais en outre que si l’extradition ne venait pas, il me serait toujours facile de me faire reco

Fandor s’inquiétait à l’idée qu’en effet l’extradition, qui avait semblé imminente quelques semaines auparavant, n’avait pas encore été décidée. Allait-on la refuser par hasard ? Le Gouvernement français ne voulait-il plus la demander, le Gouvernement belge refusait-il de l’admettre ? Fandor ne dit rien de ses appréhensions, mais Juve à travers sa cagoule noire lisait nettement sur le visage du jeune homme :

— Fandor, murmura-t-il, il faut absolument que je sorte d’ici. Ce régime cellulaire auquel je me suis condamné volontairement, risquant l’impossible pour reprendre Fantômas, je sens que d’ici peu je ne vais plus pouvoir le supporter. Tu ne te doutes pas de ce que c’est épouvantable, inimaginable, fou.

— Croyez-moi, Juve, je m’en doute.

Le journaliste à ce moment pensait à la voix de Juve, à cette voix si vibrante et si forte en temps ordinaire, et qui n’était désormais que l’ombre, l’écho affaibli de celle qu’il avait co

Il fallait tirer Juve de là, par tous les moyens. Fandor le lui dit.

— Tous les moyens. Ne t’illusio