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Pendant longtemps ils demeurèrent immobiles de stupeur et d’effroi. Un silence régnait, troublé seulement par les gémissements des moribonds qui venaient du dehors accompagnés du grand bruit de la mer.

Et l’inco

Towtea fut le premier à se ressaisir. Profitant d’un moment où le bandit, fatigué de tenir son revolver braqué, l’avait légèrement incliné vers la terre, il bondit sur lui. Entraîné à tous les exercices physiques, il espérait terrasser facilement cet adversaire. Il le saisit donc à bras le corps et il essaya de le renverser. Au même moment, Raymond et Le Clain, encouragés par son exemple, se précipitèrent, eux aussi, et du fond de la salle, le reste de la troupe reprenant un peu de courage, s’élança à leur secours.

C’en était fait du passager énigmatique.

Il avait les bras immobilisés et ne pouvait pas faire usage de son revolver. Il essaya de se dégager de l’étreinte de Towtea, mais Towtea le tenait et le tenait bien.

Pour comble, son browning tomba sur le parquet. Il était désarmé. Ainsi, un instant avait suffi pour intervertir complètement les rôles. Celui qui triomphait cyniquement tout à l’heure allait être maintenant à la merci de ses persécutés et Dieu sait quel supplice il allait subir en punition de la frayeur où il les avait plongés.

Mais tout à coup on vit une chose incroyable.

Après une série de sauts et de bousculades entremêlés de jurons et de cris de douleur, l’inco

Successivement Towtea, Raymond et Le Clain tombèrent à terre, mortellement atteints. Que s’était-il passé ? Lorsque le monstre s’était vu immobilisé entre les bras de Towtea et dans l’impossibilité, non seulement de se servir de son arme, mais encore de faire usage de sa force herculée

D’un violent coup de poing, il avait renversé le naturaliste. Puis, d’un coup de pied, il avait envoyé le revolver rouler du côté de l’escalier. Il ne lui restait plus qu’à aller le chercher. Sitôt dit, sitôt fait.

Repoussant violemment Raymond et Le Clain qui sautaient sur lui, il s’était élancé à travers la salle, avait saisi son arme et, avait étendu à ses pieds ses trois adversaires.

De nouveau, c’était lui le maître de la situation. Plus perso

Désormais il put se promener à sa guise dans toute l’étendue du navire. Bien loin d’entendre des cris de menace, c’était un concert de supplications qui accompagnait ses pas.

Le général Gothers, un des héros de la guerre du Transvaal, dont toute la vie était un exemple d’héroïsme et de courage, qui se vantait de n’avoir jamais courbé la tête devant perso

— Du sérum, par pitié, ma fille est gravement atteinte. C’est une pauvre enfant qui n’a jamais fait de mal à perso

Le vieillard sanglotait et de grosses larmes coulaient de ses yeux, mais l’inco

Lady Melson qui occupait à la Cour d’Angleterre une situation des plus en vue, et dont la morgue hautaine était si intransigeante qu’elle avait même refusé de se mêler aux réjouissances communes pendant la traversée, implorait à ses pieds la vie de son mari mourant :

— Si vous le sauvez, j’obtiendrai pour vous tout ce que vous voudrez de la reine d’Angleterre. Si vous avez commis des crimes, ils vous seront pardo

Un gros marchand de buffles, nommé Von Cordeer, Hollandais à la stature de géant, rendu énorme par une couche fantastique de banknotes dont il s’était tapissé le corps pour qu’elles ne le quittent jamais, se traînait devant lui et lui offrait sa fortune.

— J’ai sur moi trois millions de papiers, disait-il, je vaux trente millions sur le marché de Londres. J’ai des troupeaux, des propriétés dont je n’ai jamais pu faire le tour. Mes serviteurs sont si nombreux que je n’en sais pas le compte. Je vous do

Sa figure rouge devenait noire, tant était grande sa crainte de la mort.

Bientôt, pour comble d’horreur, les plus malades anéantis jusqu’alors dans leurs cabines, ayant appris que quelqu’un possédait du sérum, rassemblaient leurs derniers restes de forces et voulaient venir joindre leurs supplications à celles des bien portants.

Enveloppés dans de grosses couvertures, ils essayaient de se traîner… Les uns tombaient devant leur porte, d’autres en montant l’escalier, et le reste venait mourir aux pieds même de l’inco





Parfois, comme ivre de meurtre, il se précipitait sur un groupe de passagers, poignardant les hommes, jetant à l’eau les autres, et ne s’arrêtant que lorsque tous les survivants avaient fui.

Aussi ce fut bientôt la fin. Les malades, en sortant de leurs cabines, avaient apporté la contagion dans les régions encore saines du navire. Les passagers valides n’avaient plus eu le courage de prendre des précautions. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient atteints.

En l’espace de quelques jours, ils périrent et le British Queen, ne fut plus qu’un immense cercueil.

Qui eût prédit naguère une fin si triste à ce magnifique vaisseau, lorsqu’il fendait triomphalement de ses formes élancées les flots de l’océan ?

Dans les derniers moments de l’agonie, l’inco

Il n’en sortit que lorsqu’il crut que tout était fini, et il se mit à visiter le navire pour être sûr qu’il ne restait nul survivant.

— Ils sont bien tous crevés, se disait-il… Il était temps car je commençais singulièrement à m’e

Tout en monologuant ainsi, il avait atteint le pied d’un mât et, machinalement il regardait vers la grande hune. Il poussa soudain une exclamation :

— Mais je ne me trompe pas, il y a quelqu’un là-haut, qui cela peut-il bien être. Juve, peut-être ? Non, il y a longtemps qu’il a dû partir. Hé, là-haut, de la hune, préparez-vous à descendre, si vous ne descendez pas, je vous brûle la cervelle.

Sa voix réso

Le résultat ne se fit pas attendre. On vit apparaître un enfant de quinze ans, déguenillé, maigre, les yeux pleins de terreur, qui dégringola rapidement du mât et vint tomber au pied de l’inco

— Qui es-tu ?

— Je suis Popsy, le petit mousse.

— Que faisais-tu là-haut ?

— J’attendais que la maladie ait cessé.

— Combien y a-t-il de temps que tu es là ?

— Depuis le début. Lorsqu’on m’a dit qu’il y avait la peste à bord, j’ai pensé qu’il n’y ferait point bon rester et que l’air là-haut était meilleur que partout ailleurs ; alors j’ai fait un paquet de provisions, je l’ai porté avec moi, j’ai vécu dans la hune jusqu’au moment où vous m’avez appelé.

— Et tu n’as jamais rien ressenti ?

— Non.

— Tu es bien maigre pourtant…

— C’est qu’il y a deux jours que je n’ai rien mangé, mes provisions étaient épuisées, et je n’osais pas aller en chercher d’autres.

L’inco

— Mange, bois, dit-il, j’ai besoin de toi.